18.03.2016

Quand cachot rime avec vieux os

La nouvelle comédie des Apatrides intitulée Cellules grises s'insurge avec humour contre le jeunisme.

Les Apatrides ont présenté leur nouvelle création à guichet fermé le week-end dernier. Cellules grises est une comédie d’anticipation écrite par Audrey Duputié, comédienne, metteur en scène, et également directrice du théâtre la Salle Timbanque. La pièce raconte les péripéties de Lyliane Chancre (Lynda Aoun), qui se retrouve incarcérée sans aucune raison apparente. L’intrigue consiste à découvrir ce qu’elle fait là, pourquoi elle n’a pas eu de procès et quel est ce code pénal additionnel auquel elle aurait fait infraction.

La protagoniste se retrouve alors entourée d’une gardienne et de quatre autres détenues dont le jeu rythmé évoluera autour de leur personnalités caricaturales : la Grogne, la Mouche, Mama, Flipette et la Gardienne (jouées respectivement par Elodie Chevelu, Cathy Carasso, Jeanne Hieulle, Marie-France Marchand, Virginie Gauthier). A moins que leurs caractères ne soient une stratégie pour se jouer de leurs congénères, voire des spectateurs, ce qui donne lieu à des retournements de situation.

Tout en conservant un ton léger, la pièce interroge sur la place des personnes âgées dans la société. «Nous ne sommes pas non plus de grands revendicateurs», s’amuse à reconnaître Audrey Duputié avant d’ajouter, «mais si y’a un truc sur lequel j’aime bien taper, c’est le jeunisme». La plupart des membres de la troupe étant sexagénaires, il fallait une pièce pour réunir les cinq comédiennes. L’été dernier, n’ayant rien trouvé qui leur corresponde, elle décide d’écrire et le présente aux filles pour une lecture. Puis les répétitions s’enchaînent, et le texte suit.

Cellules grises fait d’abord rire, et à gorge déployée face à certains gags saugrenus et à l’autodérision des comédiennes. C’est ensuite qu’on réfléchit. On finit même par se demander : et si finalement la prison, c’était les jeunes ? 

Fanny Fontan