14.03.2016

Le paddle, un secteur qui rame à Saint-Martin ?

Si à Saint-Martin tout est propice à la glisse, les sports nautiques non motorisés peinent à se développer. Entretien avec Fabien Martin de FOC4 Island Paddle Sport.

Fabien Martin, 32 ans, a créé FOC4 Island Paddle Sport il y a quatre ans. Spécialisé dans les sports de pagaie, il propose différents types d’excursions et d’activités : paddle & Stan Up paddle, pirogue hawaïenne, snorkeling et même du subsquatsh. Et dans différents cadres : à Grand-Case, au Galion et sur la mangrove. 

 

Quand et comment le paddle est-il arrivé à Saint-Martin ?

Comme quasiment tous les sports nautiques de glisse, le paddle est né à Hawaï. Depuis dix ans, cette discipline est à la mode un peu partout dans le monde. Elle est arrivée à Saint-Martin il y a environ cinq ou six ans, grâce à Oswen qui loue des kayaks à Cul-de-sac.

Ça marche bien ?

C’est un succès partout sauf ici. Le paddle est le seul sport nautique accessible à tous. On est complètement autonome au bout d’une demi heure. Voilà en partie pourquoi cela a fait un gros boom dans le monde, en rivière, en lac ou en mer. Ici, nous ne sommes que quelques-uns à en louer et peu de personnes le pratiquent en comparaison.

Comment expliquez-vous ce manque de succès ?

Saint-Martin a pas mal de retard par rapport aux autres îles. Et puis, la majorité de la clientèle vient à Saint-Martin pour les transats et la plage, pas pour faire du sport. Pourtant, il y a de supers spots pour surfer, tout est propice à la glisse. Mais ça ne prend pas trop.

Quand avez-vous créé votre entreprise ?

J’ai monté mon entreprise en 2012 grâce à un concours de circonstances. Je suis arrivé ici par hasard avec un contrat de six mois pour développer la pirogue hawaïenne. Mais une fois sur place, les pirogues n’étaient toujours pas là et les personnes qui m’avaient fait venir ont lâché l’affaire. J’ai donc racheté le container et décidé de lancer ma boîte pour tous les sports de pagaie. Aujourd’hui, je suis le seul à proposer le SubSquatch dans les Caraïbes. C’est un nouveau sport inventé par des surfers pros à Hawaï. Ils voulaient pouvoir surfer les mêmes vagues entre potes et ont créé un surf géant sur lequel on peut être six.

Quelle formation avez-vous suivie ?

Je suis titulaire d’un brevet d’Etat d’éducateur sportif en kayak qui permet d’encadrer tous les sports de pagaie. La formation dure environ un an et je l’ai effectuée entre la Bretagne et les Alpes, soit en mer et haute rivière. Avant, j’étais moniteur de rafting et de canyoning.

Comment décririez-vous l’évolution de votre activité ?

Les deux premières années ont été très difficiles. Aujourd’hui ça va mieux mais c’est encore un peu dur. Le plus gros problème des activités nautiques non motorisées c’est qu’on est tributaire de la météo. La semaine dernière par exemple, entre le vent et la houle, j’ai dû fermer toute la semaine, et idem entre Noël et le jour de l’an alors qu'on est en haute saison.

Qui sont vos clients ?

Je commence à avoir des locaux mais 70% de ma clientèle est américaine. On a aussi quelques Français. Cetaines personnes sont venues en cruise ship et veulent sortir des sentiers battus alors elles demandent des tours privés. Je propose un large panel d’activités c'est pourquoi mes clients ont tous les âges.

Selon vous, que faudrait-il améliorer pour augmenter la popularité des activités nautiques non motorisées ?

Il faudrait un peu plus de cohérence du côté de l’office de tourisme qui dit vouloir développer l’écotourisme. Les activités non motorisées ne sont pas vraiment promues alors que l’île possède plein d’endroits sauvages à découvrir sans moteur. D’autre part, on n’a pas le droit de travailler côté hollandais mais toutes les boîtes hollandaises travaillent du côté français. Elles récupèrent leurs clients à Simpson Bay et Phillipsburg mais toutes les sorties qu’elles proposent sont situées côté français : Tintamarre, Pinel, Grand-Case. Il faudrait qu’il y ait un échange. Que l’on puisse aller chercher des clients à Sint-Marteen, que les boîtes hollandaises paient un droit de passage…pour que ce soit plus équilibré. Ou bien au moins proposer des animations pour attirer la clientèle côté français. 

 

 

Le SubSquatch en vidéo :

 

Supsquatch surfing Saint Martin

 

Et plus de photos sur le Facebook d'OC4 Island Paddle Sport

Fanny Fontan