29.09.2016

« Restaurer c’est préserver ce que le passé nous a légué »

La restauration du Fort Louis consistera en la consolidation des murs ainsi qu’en l’amélioration du confort de visite.

 215 700 €. C’est le montant d’une subvention attribuée par la Direction des Affaires culturelles de la Guadeloupe (Ministère de la Culture) le 5 juillet 2016 à Saint-Martin afin de restaurer le Fort Louis. Une information divulguée dans le rapport du Conseil exécutif du 28 juillet 2016 qui indiquait la signature d’une convention tri annuelle de partenariat entre la COM et le ministère de la Culture. Mais en quoi au juste vont consister ces travaux de restauration ?

«Le Fort Louis est un monument historique inscrit et donc protégé» rappelle Stéphanie Dargaud, la directrice des Archives territoriales et du patrimoine de Saint-Martin. Pour préserver le bâtiment historique, toute intervention doit être raisonnée et surtout concorder avec un état de connaissances.

TROIS MONUMENTS PROTEGES À SAINT-MARTIN

Cette subvention n’arrive pas comme un cheveu sur la soupe. Elle découle en réalité d’un long processus. La direction des Archives territoriales avait en effet négocié une enveloppe entre 2013 et 2014. A la suite de quoi une grande étude a été menée entre novembre 2015 et mai 2016 sur les trois monuments protégés de l’île de Saint-Martin : le Fort Louis, la roche gravée de Moho (Quartier d’Orléans) et l’ancienne prison de Marigot. L’objectif était d’effectuer l’état des lieux sanitaire, d’évaluer le coût et le planning des éventuels travaux, et surtout d’envisager comment il était possible de valoriser ces trois monuments tout en préservant le patrimoine. Durant cette étude, un comité de pilotage pluridisciplinaire s’était réuni plusieurs fois pour décider des interventions prioritaires à effectuer en fonction des contraintes budgétaires.

«Cela semble long mais en fait c’est très court» assure Stéphanie Dargaud qui précise que la restauration ne s’apparente ni à la rénovation ni à la reconstruction. «Restaurer c’est préserver ce que le passé nous a légué pour le transmettre aux générations futures : un patrimoine, qu’il faut que l’on essaie de comprendre aujourd’hui, pour respecter ce leg tout en continuant à avancer dans l’avenir». L’enjeu de la restauration du Fort Louis est double. Il s’agit à la fois de pérenniser les structures existantes en consolidant les maçonneries, et d’améliorer le confort de visite.

L'INRAP EFFECTUE ACTUELLEMENT UN DIAGNOSTIC ARCHEOLOGIQUE

Suite à une demande de la Collectivité de Saint-Martin dans le cadre de ce projet, le service de l’Archéologie de la Direction des affaires culturelles (Dac) de Guadeloupe a prescrit un diagnostic archéologique préventif afin d’évaluer l'impact des travaux sur le monument. L’Inrap intervient actuellement sur le fort, et ce jusqu’au 6 octobre 2016 dans le but de savoir si un édifice antérieur à la fin du XVIIIème siècle est encore perceptible dans les vestiges apparents, et, de préciser la topographie des éléments existants.

Après quoi, entre mi-octobre et mi-décembre va s’opérer la phase de sécurisation du site. En plus d’étoffer la signalétique qui fournira plus informations, certains lieux seront interdits d’accès. En gros, à certains endroits on ne pourra plus monter sur les murs afin de limiter la détérioration du monument.

RE ENVISAGER L'HISTOIRE DU FORT ? 

Puis, une réflexion collégiale va être menée. Cette étape qualifiée de «très intense» par le directrice des Archives territoriales devrait s’étendre sur une période d’environ trois mois et consister en plusieurs réunions au cours desquelles seront étudiés plans et propositions diverses. «C’est pas parce qu’on ne voit pas que rien n’est en train de se faire» avertit Stéphanie Dargaud.

Selon elle, les éléments mis en place il y a vingt ans ont permis une prise de conscience de l’importance patrimoniale du Fort Louis. Depuis les années 90, non seulement le contexte réglementaire (code du patrimoine notamment) a évolué, mais internet a également permis de diffuser des documents d’archives, jusqu’alors, peu exploités. Aujourd’hui, la phase scientifique va poser d’autres questions. Le regard croisé de l’archéologie, des archives et autres ressources devrait mener à la découverte de nouvelles informations qui mèneront, peut-être, à ré envisager l’histoire du Fort Louis.

Le fort militaire de Fort Louis a été construit au XVIIIème siècle sur les hauteurs de Marigot pour défendre la partie française de Saint-Martin des attaques ennemies. Sa vocation première était de défendre les entrepôts du port de Marigot, où étaient stockées les récoltes (sel, café, sucre de canne, rhum) avant de tomber en ruines et d’être laissé à l’abandon.

1765 : le commandant Descoudrelle en poste à Saint-Martin signale que la structure provisoire du fort est insuffisante

1789 : le Chevalier Durat fait construire le Fort en dur XIXe : plusieurs rapports pointent la nécessité de renforcer le Fort

1820-25 : a priori phase de reconstruction et de réaménagement fin XIXe : deuxième phase Puis petit à petit le Fort semble tomber à l’abandon. Historiens et archivistes travaillent pour savoir quand, précisément, la puissance militaire a quitté le site.

1990’s : période de renaissance du site et de sa vocation historique et patrimoniale

1989 : confection du petit chemin. Grand spectacle pour le bicentenaire de la Révolution française en haut du Fort par la fondation de Roland Richardson

1993-96 : consolidation des murs et aménagement du site par le RSMA et l’association archéologique d’Hope Estate 

 

Emmanuel Moizan, responsable d’opérations de l’Inrap présentera le diagnostic et les méthodes d’intervention sur le Fort Louis aux élus de la Collectivité et à la presse, le vendredi 30 septembre à partir de 8h puis au grand public de 11h à 15h.

Fanny Fontan