15.04.2024

Life Biodiv’Om : retour sur cinq années d’études

Les régions ultrapériphériques françaises concentrent 10% de la biodiversité de la planète. Le programme Life Biodiv’Om accorde des subventions destinées à enrayer la dégradation de cette biodiversité, terrestre ou marine, en Guyane, à la Réunion, en Martinique, en Guadeloupe et à Saint-Martin. En 2019, Saint-Martin a intégré ce programme.

Vendredi dernier, Aude Berger, chef du projet à la Réserve Naturelle, a dressé un premier bilan de l’étude menée depuis cinq ans, sur deux espèces en voie de disparition, le mérou géant et le mérou de Nassau.

Les mérous sont sur la liste rouge des espèces en voie de disparition à l’échelle planétaire.A Saint-Martin, leur disparition résulte de la surpêche depuis les années 1980, de la démographie croissante, des aménagements littoraux, des rejets d’eaux usées, etc. Aujourd’huiles mérous, géants ou de Nassau, sont interdits à la pêche.

L’objectif du projet Life Biodiv’Om était de relancer la reproduction de ces populations en mettant en place des observations sur le terrain et en renforçant la conservation de leur habitats.

Une étude de la colonisation larvaire a été réalisée grâce à la mise en place d’un dispositif lumineux, inédit. Durant sept mois, à chaque nouvelle lune, les observations n’ont cependant pas permis de détecter despécimens dans les eaux saint-martinoises. Des suivis ichtyologiques (étude des larves et des poissons en plongées) ont également été menés et six « Biohut », des habitats pour poissons de petites tailles, ont été installés sur des herbiers sous-marins sur trois sites différents. Durant trois ans, si aucun mérou géant n’a été détecté, la présence de mérous de Nassau juvéniles a pu être observée.

En parallèle, une étude socio-économique a été menée et 223 animations dans les établissements scolaires ont permis de sensibiliser 3429 élèves.

Le financement de l’Europe a été une opportunité pour Saint-Martin pour mettre en place ce programme financé à 60% par Life, à 22,4% par l’État, à 16,2% par Office Français de la Biodiversité et à 1,4% par la Réserve Naturelle de Saint-Martin.-

Dans sa globalité le programme représente un budget de 5 578 171 € pour les 5 RUP, sur la période 2018-202, dont 365 187,5 € pour Saint-Martin. Cependant, les fonds ne seront accordés qu’après remise des conclusions. Le rapport sera d’abord remis à la ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO), coordinateur du programme, puis intégré aux autres projets et remis le 17 juillet à la commission de financement de Life Biovid’Om.

Pour Aude Berger, il faut que ces études se poursuivent, a minima trois à cinq ans, en multipliant les sites d’observations, notamment dans les autres îles. Le relais doit donc être pris par tous, et la Réserve Naturelle invite chacun à contribuer aux « Yeux des Mérous », un programme de sciences participatives, qui permet de faire remonter les informations et d’améliorer les connaissances sur ces deux espèces. C’est ainsi que des mérous géants ont pu être identifiés dans les eaux de Saint-Barth (lesyeuxdesmerous@yahoo.fr).

Ann Bouard