01.04.2024

Il veut ouvrir la première concession de voitures sans permis à Saint-Martin

«L'année dernière, j'étais convoqué par le tribunal car j'étais victime dans une affaire de vol. Mon affaire a été appelée en fin de matinée et j'ai donc dû assister à une grande partie de l'audience et j'ai constaté quelque chose dont je n'avais pas du tout conscience : plein de gens conduisent sans permis de conduire, bon ça, je le savais, mais ils sont poursuivis et condamnés ! Et dans la plupart des cas, c'est parce qu'ils n'ont pas pu passer le permis ou qu'ils n'ont pas de permis français», explique Pierre Repier.

Conduire en France une voiture sans être titulaire du permis de conduire français est une infraction au code de la route et les auteurs font ainsi l'objet de poursuites judiciaires. À Saint-Martin, il n'est pas rare que les personnes concernées expliquent ne pas avoir pu passer l'examen du permis car elles ne maîtrisent pas suffisamment la langue française. C'est pourquoi, l'idée d'adapter les cours de code aux spécificités saint-martinoises, avait été émise il y a quelques années dans la mesure où la Collectivité est compétente dans ce domaine.

Parmi les individus convoqués par le tribunal figurent aussi un grand nombre d'étrangers. Ils sont bien titulaires d'un permis de conduire mais le titre a été émis dans leur pays d'origine, or la loi française impose à tout ressortissant étranger résidant en France, de posséder un permis français. La loi leur permet d'échanger leur permis au cours de leur première année d'installation sur le territoire, mais peu de personnes sont au courant. Dans le cas où la France n'a pas signé de convention avec le pays dont est originaire le conducteur étranger, celui-ci doit passer l'examen du permis en France. Et là encore les difficultés liées à la langue sont évoquées.

«Ces gens ne sont pas plus dangereux que nous. Ils ne peuvent tout simplement pas conduire pour des raisons administratives ! Ce n'est pas normal», a estimé Pierre Repier. «C'est pourquoi m'est venue cette idée : vendre des voitures sans permis à Saint-Martin ! », confie-t-il. «Je me souviens, il y a plusieurs années en métropole, on voyait pas mal ce genre de voitures sur les routes de campagne, elles étaient souvent conduites par des personnes qui avaient perdu leur permis après avoir été arrêtées pour alcool au volant. Aujourd'hui, c'est différent. On voit des parents acheter ce genre de véhicules à leurs adolescents à la place de scooter. On en voit d'ailleurs quelques-unes à Saint-Barth. On voit aussi des personnes conduire ces voiturettes car elle ne peuvent pas passer le permis», raconte Pierre Repier.

Installé sur l'île depuis une dizaine d'années, cet entrepreneur s'est renseigné sur la législation. «La seule condition est de suivre une formation de moins de deux jours. Je me suis dit que cela était possible en adaptant la formation au niveau de la langue. On adapte bien les cours à l'école pour que les enfants ayant des difficultés avec le français, apprennent mieux. Pourquoi on le ferait pas avec une formation pour conduire ?», confie-t-il.

Pierre Repier a ensuite regardé les modèles de voitures. «J'ai découvert qu'il y en avait plein. Il existe même des camionnettes ! Une marque française et aujourd'hui une autre italienne développent ce type de voiture et font pas mal de pub», ajoute-t-il.

L’entrepreneur a repéré un site à Marigot pour pouvoir ouvrir une concession qui serait la première en partie française. «Il ne faut pas forcément un grand parking car les voitures sont petites ! J'ai rencontré un concessionnaire en métropole pour avoir des conseils», ironise-t-il. Il est actuellement en train de mener une étude de marché afin de savoir quel modèle serait le plus adapté. «Je ne peux pas prendre le risque d'importer des voitures sans pouvoir les vendre !», conçoit-il.

Si son idée d'ouvrir la première concession de voitures sans permis sur l'île ne répond pas aux besoins qu'il a pu identifier, son projet tombera à l'eau. Au milieu des poissons.

Estelle Gasnet