19.03.2024

Ambiance, capacité d'accueil, certification : la nouvelle direction de l'hôpital fait le point

Dernièrement, le centre hospitalier (CH) de Saint-Martin a connu plusieurs turbulences entre la direction et le personnel administratif et soignant. Une nouvelle directrice a été nommée, Anne Calais succède par intérim à  Marie-Antoinette Lampis. Nous l’avons rencontrée ainsi que son équipe de direction afin de faire un point sur la situation de l’hôpital depuis sa nomination. 

Vous avez été nommée en juillet pour succéder à Mme Lampis qui avait fait l'objet de critiques de la part de certains personnels. De l'extérieur, le climat était devenu très tendu. Qu'en est-il aujourd'hui ?

Anne Calais, directrice par intérim du CH de Saint-Martin : Effectivement, le climat de l’hôpital était très tendu, mais il en était à peu près de même dans tous les hôpitaux des Antilles à cette époque-là, en 2019-2020. À Saint-Martin, il y avait des problèmes internes, qu’il ne faut pas nier, des conflits entre médecins et direction qui ont été majorés et aggravés par la situation sociale et sanitaire. 

Mais on peut dire que, depuis plusieurs mois, la situation s'est plutôt apaisée, avec un retour progressif, mais réel, à plus de calme au niveau institutionnel. Sur le territoire, les équipes hospitalières me semblent présenter des qualités de résilience et de courage face aux difficultés. S'il y a un dialogue social nécessaire et nous avons eu à cœur avec l'équipe et sous ma direction de mener rapidement des débats, on peut tout de même dire qu'il y a une continuité de ce dialogue. De mon point de vue, le climat s’apaise. 

En 2019, le CH de Saint-Martin avait été placé sous administration provisoire en raison notamment de ses difficultés financières. Puis Mme Lampis avait été nommée avec comme consigne de continuer de réduire le déficit budgétaire, lequel devait être de 2,3 millions d'euros en 2023 contre 5,4 millions en 2018. La même feuille de route vous a-t-elle été donnée ?

Anne Calais :  La réduction du déficit budgétaire est d’arriver à atteindre un équilibre financier qui n’entraîne pas de difficultés budgétaires. Si on peut dire que la situation financière fragile peut faire basculer un établissement en redressement, c'est tout de même la concorde interne, qui conduit véritablement à ce qu'un établissement puisse poursuivre sa feuille de route. Celle-ci est toujours tournée sur la continuité des soins, la sécurité et l'accomplissement de la mission de prise en charge au quotidien.

Je ne commenterai évidemment pas le bilan de ma collègue Mme Lampis, mais je dirai simplement, chiffres en main, que l'année 2023 sera effectivement vraisemblablement conforme aux objectifs de l’état prévisionnel des recettes et des dépenses 2023, c'est-à-dire un déficit encore contenu autour de 2 millions d'euros, nous verrons les comptes 2023 consolidés dans quelques mois. De ce point de vue, il y a eu du mieux avec la reconnaissance de financements pérennes, avec la réforme du financement des évacuations sanitaires par exemple ou celle des urgences en 2021. 

Le projet d’extension  prévoit-il toujours une augmentation de 15 % de la capacité d’accueil de l'hôpital ? Pouvez-vous nous rappeler le nombre de lits aujourd'hui ?

Slimane Boussekhane, directeur financier du CH : L’hôpital de Saint-Martin compte actuellement 94 lits, ce qui n’a pas vraiment bougé ces dernières années. Par contre, si l’on inclut l’hôpital de jour qui ouvrira dans le service psychiatrique, il y aura 27 lits supplémentaires (15 pour les adultes, 12 pour les enfants). D’ici 2025, l’hôpital de jour  comptera 18 lits de plus. Ainsi, l’augmentation de 15% de la capacité d’accueil passera à 19% puisque nous devrions être à plus de 120 places.

En 2012, une certification avec suivi du CH de Saint-Martin avait été maintenue par la haute autorité de santé (HAS). En 2014 en raison de recommandations non appliquées, le HAS a prononcé la non certification du CH. Récemment, une nouvelle démarche a été entamée. Des experts devaient venir sur le terrain l’an dernier. Où en est la démarche aujourd’hui ?

Anne Calais : Des experts de la haute autorité de santé (HAS) sont arrivés sur le terrain en mai 2023, mais malheureusement le centre hospitalier n’est pas encore certifié, ce qui est regrettable puisque les motifs invoqués ont été pour la plupart d’entre eux résolus dans les heures qui ont suivi, mais nous avons quand même été sanctionnés au final dans le rapport. 

Pierre-Marie Linet, président de la commission médicale d’établissement (CME) du CH et médecin urgentiste : Cependant, cela ne veut pas dire que l’hôpital n’a pas le droit de fonctionner et il ne faut pas confondre la qualité avec la sécurité. Au niveau de la sécurité, nous n’avons pas à rougir de quoi que ce soit. La qualité qui nous est imposée, est basée sur les mêmes critères d'évaluations qu'un centre hospitalier universitaire (CHU), or nous sommes sur une petite structure et nous ne pouvons pas tout gérer puisque nous n'avons pas les mêmes ressources qu'un CHU.

Par ailleurs, nous avons obtenu la note de 78,6%, nous étions donc à 3 points du niveau d’excellence. Peut-être que c’était une décision nécessaire pour accroître davantage la rigueur que nous avions déjà mise en place et qui nous manquait de quelques points pour obtenir la certification. À noter que nous disposons d'une certification commune avec le groupement hospitalier de territoire de Saint-Barthélemy où encore une fois les critères d'évaluations sont les mêmes avec une structure qui s'oriente plus vers un dispensaire qu'un CH. Par exemple, il manquait des clés pour les armoires des patients, nous avons été repris sur ce type de détail qui ne remet pas en cause la sécurité du patient. 

Slimane Boussekhane : Les experts de la HAS vont revenir dans douze à dix-huit mois et l'ensemble de l'équipe médicale est mobilisée et nous serons mieux préparés lors de leur prochain passage.

Dans un prochain article, nous aborderons la gestion des services de soins, et du personnel du centre hospitalier de Saint-Martin. 

Siya TOURE