14.03.2024

Les gendarmes utilisent un drone pour prévenir les troubles à l’ordre à public

Les runs ou courses sauvages de motos ainsi que les wheelings (rouler sur la roue arrière d’une moto) sont des pratiques très fréquentes sur les routes de Saint-Martin. Interpeller leurs auteurs est une mission délicate : les arrêter en flagrant délit représente un certain danger tant pour les auteurs, les gendarmes que pour les autres usagers de la route ; le risque étant que la situation dégénère rapidement dès les prémices d’une intervention des gendarmes. Et si ces derniers procèdent à l’arrestation plus tard dans la journée ou le lendemain, l’individu peut prétexter qu’il ne conduisait pas l’engin.

Aujourd’hui, la gendarmerie de Saint-Martin dispose d’un nouvel équipement pour pallier ces difficultés : un drone. Ce dispositif est autorisé par le code de la sécurité intérieure* dans un cadre réglementaire très précis et strict. Selon un arrêté du ministre de l’Intérieur, les services de la police nationale, gendarmerie nationale et des douanes peuvent utiliser simultanément jusqu’à quarante caméras installées sur des aéronefs à Saint-Martin.

Pour l’instant, seule la gendarmerie a demandé à la préfecture, conformément à la loi, l’autorisation d’utiliser un drone pour «assurer la sécurité des personnes et des biens et prévenir les troubles à l’ordre à public». Elle l’a fait la première fois début février. Le préfet l’a autorisée à capter et enregistrer des images du 4 au 29 février au dessus de certaines rues à Marigot. La même autorisation a été accordée pour couvrir les festivités carnavalesques à Gustavia pendant plusieurs jours.

Récemment, la gendarmerie a formulé deux nouvelles demandes pour une durée plus longue cette fois, en l’occurrence trois mois, soit la durée maximale pouvant être autorisée, afin de couvrir non pas des événements ou manifestations mais des quartiers où des troubles à l’ordre à public ont été constatés.

La première demande concerne Colombier où «de multiples rodéos sauvages et rixes» se sont récemment produits. «Des stands de tir sauvage y ont [aussi] été démantelés», rapportent les autorités auprès de qui, le conseil de quartier a en outre «fait remonter de nombreuses récriminations contre les agissements de certains regroupements de jeunes».

L’autre demande concerne le secteur de Sandy Ground «qui a connu plusieurs troubles à l’ordre public de différentes natures (pillages, vols à main armée, émeutes) au cours des derniers mois».

A Colombier et Sandy Ground, les gendarmes vont disposer d’un drone jusqu’au 10 juin pour surveiller des zones où des incidents sont susceptibles d’être commis. Grâce à cette caméra, ils vont «disposer d’une vision en grand angle pour permettre le maintien et le rétablissement de l’ordre public tout en limitant l’engagement des forces au sol».

Les enregistrements ne peuvent être conservés que pendant une durée maximale de sept jours à compter de la fin du déploiement du dispositif, sauf procédure pénale, administrative.

* L’utilisation d’un drone a été introduite dans la loi du 25 mai 2021 pour une sécurité globale dont certains articles ont été modifiés par la loi du 24 janvier 2022 relative à la responsabilité pénale et à la sécurité intérieure. Un décret est venu le 19 avril 2023 préciser la mise en œuvre du traitements de ces images captées sur des aéronefs pour des missions de police administrative et un arrêté publié le même jour fixer le nombre maximal de caméras pouvant être installées sur des aéronefs et utilisées simultanément dans chaque département et collectivité d’outre-mer.

(photo d'illustration)

Estelle Gasnet