09.12.2022

Une ingénieure et haut fonctionnaire en poste à Saint-Martin pour des missions d'aménagement du territoire

Emilie Nahon, haut fonctionnaire du ministère de l’écologie, ingénieure en chef des ponts, des eaux et des forêts a été nommée directrice de projet chargée d’accompagner les acteurs de Saint-Martin dans l’identification et la mise en œuvre du projet d’aménagement durable et résilient de Saint-Martin. Elle occupe le poste depuis le 1er janvier de cette année à la préfecture de Saint-Martin.

A l’été 2021, l’Etat a créé des postes « exceptionnels» de directeur de projet dans le corps préfectoral dans toute la France dont un à Saint-Martin. «Comme l’avait rappelé l’ancien préfet, Serge Gouteyron, ce poste avait été le seul à être ouvert en outre-mer. Cela marque un point important pour le territoire car cela veut dire que des moyens supplémentaires sont accordés à Saint-Martin, ce qui est rare dans les services de l’Etat », tient à souligner Emilie Nahon.

«Ces directeurs de projet sont présents pour accompagner et mettre en œuvre des projets à travers des missions très complexes qui nécessitent une forte coordination des expertises des services de l’Etat », déclare-t-elle. «Les services de l’Etat ne sont pas présents seulement pour créer et appliquer des lois mais aussi pour accompagner les porteurs de projets, orienter et faciliter la réalisation des grands projets», ajoute-t-elle.

Précisément à Saint-Martin, Emilie Nahon a pour objectif premier de faciliter l'émergence du plan d'aménagement et de développement de Saint-Martin (PADSM) porté par la Collectivité et la réalisation des projets associés. Elle assurera aussi la coordination des différents services de l’Etat (Deal, cellule Europe, direction de la mer…). « Il faut coordonner tout ça ensemble et avancer sur la manière la plus appropriée d’accompagner la Collectivité dans la mise en œuvre de ses grands projets », insiste-t-elle. Et, « lorsque nous avons bien travaillé ensemble en amont et tout au long du projet, à la fin, cela se passe bien lors du contrôle de légalité et ainsi nous pouvons mettre en œuvre le projet », explique-t-elle.

Tout au long de ses missions, la Collectivité sera son interlocuteur numéro un au quotidien. «Les élus définissent leurs principales priorités d’intervention, par la suite nous réfléchissons ensemble et je les aide à clarifier les conditions, les orientations stratégiques pour obtenir les éventuelles subventions par l’Etat ou de l’Union européenne, c’est-à-dire faire en sorte d’être dans les différentes lignes directrices des lois », complète-t-elle.

Parmi ces missions à remplir, l’une des principales retenues est l’aménagement des espaces publics, notamment à La Savane dans le cadre de la construction du futur collège 900 qui débutera en janvier prochain. Par espaces publics, il faut entendre les routes, les trottoirs, les réseaux deau, lassainissement, la façon dont ils sont (re)construits, requalifiés pour répondre aux normes ainsi que toute la partie de lhabitat. «Pour cela, il faut réfléchir à comment organiser le territoire pour que tout cela fonctionne correctement, cest-à-dire que ces espaces soient équipés au mieux », précise-t-elle.

A la Savane, «il y aura entre 1200 et 1300 élèves qui fréquenteront le secteur chaque jour. Il est impératif d’envisager la requalification de ces espaces publics », conçoit-elle. «Notamment au niveau de la gestion des eaux pluviales. Les eaux qui tombent de la montagne, stagnent et provoquent des inondations déjà en état naturel. L’implantation du collège 900 n’arrangera pas la situation car tout l’espace sera bétonné et cela facilitera le ruissellement et les inondations », complète-t-elle.

Selon Emilie Nahon, ce secteur est la « plus haute priorité », c’est un secteur à haut potentiel qui demande une vraie urgence d’organisation. «On sent qu’il va prendre de l’ampleur, de plus il reste de l’espace pour la développer. Ainsi, nous devons être en mesure d’anticiper et maitriser », conçoit-elle. « Pour tenir compte de tout cela, nous avons lancé en mars dernier une étude sur les espaces publics. », ajoute-t-elle.

Une réflexion similaire est en train d’être menée à Concordia, zone aussi en fort développement. « La reconstruction de la médiathèque, la construction de la clinique privée, la construction des nouvelles citées administratives de l’Etat et de la Collectivité, en plus du collège et lycée existants, vont générer davantage de passages et de monde. Nous avons lancé une étude pré-opérationnelle pour réfléchir à cela », déclare la directrice de projet.

Par ailleurs, Emilie Nahon aura aussi pour mission d’aborder la thématique des habitations à Marigot. « La Collectivité a également pour projet à prendre à bras le corps la question des ruines des habitats, des opérations de sécurisation et de revitalisation des quartiers vont être mises en place » annonce-t-elle.

« Nous réfléchissions aussi sur comment utiliser ces espaces en concertation avec les propriétaires afin de redonner à Marigot un centre-ville agréable et reconstruire des logements accessibles à tous », confie celle qui devra aussi travailler sur les quartiers prioritaires.

Pour remplir tous ces objectifs, il n’y a pas de contrainte sur le poste de directrice de projet car il n’est pas à durée limitée. Emilie Nahon pourra ainsi apprécier et comprendre le territoire. «Lorsque l’on réaménage, reconstruit un territoire, il n’y a pas de recette écrite qu’il faut suivre», convient-elle.

Siya TOURE