22.06.2022

Plus de 50 chiens ont pu être adoptés en métropole grâce au Collectif Animaux SXM

Brownie est le dernier chien à avoir été adopté. Il a quitté le refuge samedi dernier avec sa nouvelle famille qui possède des chevaux. Brownie a quelques jours pour s’adapter avec ses nouveaux compagnons de jeu. «Pour l’instant, il n’est pas revenu. Ses maîtres nous ont envoyé une photo de lui nez à nez avec un cheval, on dirait que ça se passe bien», confie, mardi, pleine d’espoir Colette, la présidente de la SPA de Canche-Authie à Saint-Aubin dans le Nord Pas de Calais en métropole.

Brownie est l’un de ces cocotiers abandonnés à Saint-Martin et qui a été pris en charge par le Collectif Animaux SXM et envoyé en métropole pour y trouver une famille pour la vie. Depuis le début de l’année, près d’une soixantaine de chiens ont ainsi voyagé et rejoint le refuge de Canche-Authie ou d’autres. Virsna, Tiny, Ruby, Nala, Yoshi, Moka, Stella (ex Choco), Max, Tsuki, Moka, Arou, Socks, Lola et bien d’autres ont eu le même parcours que Brownie. «Nous avons placé une cinquantaine de chiens originaires de Saint-Martin et en avons encore cinq», rapporte la présidente du refuge. «Nous avons que de très bons retours !», ajoute-t-elle. Encore récemment son refuge a reçu un message des nouveaux maîtres de Pirate, ex Rond-Point. «Ils sont enchantés de ce chien et le chien est super heureux !», déclare-t-elle.

«Les cocotiers sont des chiens agréables et très gentils», reconnaît Colette. «Ils sont aussi très sociables car ils ont déjà séjourné en famille d’accueil à Saint-Martin, cela aide beaucoup pour l’adoption», avoue-t-elle. Les familles d’accueil remplissent un carnet sur le comportement de l’animal, ses habitudes, etc., ce qui permet ainsi aux bénévoles du refuge de mieux le décrire et ainsi de déclencher un coup de cœur plus rapidement. Dans les cas plus délicats, cela permet de savoir les éventuelles difficultés à surmonter les premiers temps. Par exemple, pour Lola, ses nouveaux maîtres ont su qu’elle était très peureuse car elle avait été maltraitée, aussi ont-ils pu adapté leurs gestes pour la rassurer.

De par leur histoire, les cocotiers sont-ils plus facilement adoptés ? Colette ne le pense pas. Cependant, elle admet que les gens y sont sensibles. Tout comme ils s’interrogent sur la race. «Quand on dit que c’est un cocotier, les gens nous regardent et nous disent, cocotier ? On connaît pas ! », raconte-t-elle, amusée.

La SPA de Canche-Authie est l’un des derniers maillons de cette chaîne de solidarité qui s’est formée il y a quelques mois à Saint-Martin à l’initiative d’Elise et Camille. Suite à la vague d’empoisonnements de chiens dans le nord de l’île en septembre 2021, elles ont créé le Collectif Animaux SXM. Sa vocation première, «faire avancer la cause animale».

La principale action est de sauver de la rue les chiens abandonnés. Une mission éléphantesque dans la mesure où Saint-Martin n’est pas dotée de refuge. Le collectif a mis en place une organisation. «Nous avons divisé le territoire en deux et avons un référent par partie, à qui les signalements doivent être faits. Ensuite, nous récupérons le chien, l’emmenons chez le vétérinaire pour un bilan et le plaçons dans une famille d’accueil dans l’attente de le faire adopter. Si le chien est malade, un traitement lui est administré», détaille Elise.

L’île étant petite, les personnes en mesure d’adopter, sont peu nombreuses. C’est ainsi que faire partir les chiens est apparu comme la solution alternative. Un premier partenariat a été noué en début d’année pour une période limitée avec la SPA de Canche-Authie. «Comme nous avions de la place, nous avons accepté d’accueillir des chiens de Saint-Martin durant quelques mois», confie Colette, la présidente, qui, aujourd’hui, va devoir réduire sa capacité d’accueil au vu de la hausse des abandons dans sa région à l’aube de la saison estivale.

En parallèle, le collectif Animaux SXM a élargi son réseau. «Nous avons effectué un gros travail de recherches et travaillons ainsi avec les associations Truffes sans toit*, Chats, chiens et compagnie, Destin Animalz* et Les Loulous de Gwada», explique Elise. C’est ainsi que Randy, Moon, Yako, Loffy, Pato , Tafta sont à l’adoption dans ces structures ou que Tag a pu trouver sa famille pour la vie. Outre la capacité d’accueil de ces refuges, l’une des contraintes dans le partenariat est leur situation géographique. «Nous avons privilégié des associations proches de Paris puisque les chiens doivent être récupérés à l’aéroport », précise Elise.

Au fil des mois, cette chaîne de solidarité s’est agrandie. Les fondatrices du collectif y ont ajouté plusieurs maillons devenus essentiels. Tout d’abord, les particuliers qui accueillent pendant quelques jours chez eux un chien dans l’attente de son départ et ceux qui nourrissent les chiens dans la rue qui ne peuvent être accueillis faute de place. Puis entrent en jeu les «escortes», c’est-à-dire les personnes qui acceptent d’escorter l’animal lors du voyage en avion. De l’autre côté de l’Atlantique, la chaîne se poursuit avec les personnes qui récupèrent le chien à l’aéroport, le conduisent dans le refuge ou celles qui font office de nouvelles familles d’accueil provisoires. Sans compter celles qui se chargent de réexpédier les cages de transport vers Saint-Martin.

L’investissement sans limite en temps et en énergie de tous ces bénévoles est nul doute l’une des clés de réussite de ces sauvetages. Pour autant, ces histoires ne peuvent devenir belles sans un autre élément, et non des moindres, l’argent. Les dépenses sont en effet immenses. Il faut compter en moyenne 350 euros par chien envoyé en métropole. Le collectif Animaux SXM prend en charge tous les frais vétérinaires** (bilan, vaccins, stérilisation), l’identification de l’animal (pose de la puce), son passeport et le billet d’avion. Plus de 25 000 euros ont déjà été engagés depuis le début de l’année par le collectif qui ne fonctionne qu’avec des dons (collectes de fonds, cagnottes en ligne, etc.).

Conscientes de l’intérêt et de la nécessité de leur action, Elise et Camille ont mieux structuré le collectif en lui donnant un cadre juridique légal. Ainsi est-il devenu une association loi 1901 déclarée en préfecture ; un nouveau statut qui va notamment lui permettre d’être éligible à des subventions et autres moyens.

Aujourd’hui, la structure compte cinq bénévoles ; dans leur combat, Elise et Camille ont été rejointes par Ornella, Sarah et Alice. Elle s’appuie sur dix familles d’accueil à Saint-Martin et fait appel à tous les autres amoureux des bêtes pour aider les dizaines de chiens qui errent encore dans la nature à Saint-Martin.

* Qui fonctionnent aussi avec des associations de Guadeloupe.

** Le collectif bénéficie de tarifs privilégiés avec un cabinet vétérinaire partenaire.

 

Estelle Gasnet