09.11.2021

Pour Louis Mussington, «il est temps qu’on examine les vraies problématiques»

Le conseiller territorial Louis Mussington est le seul des élus à avoir «hésité» à accepter l’invitation du préfet à une réunion lundi après-midi pour évoquer la situation sociale actuelle. Il a confié également «ne pas comprendre pourquoi cette réunion avait lieu en préfecture et non pas à la collectivité ».

Le leader de l’opposition du Movement for Justice and Prosperity * a estimé qu’il était important de réfléchir aux causes profondes de la crise et selon lui l’une des principales est la non prise en compte par l’Etat des spécificités linguistiques et culturelles du territoire dans l’Education nationale. «Aujourd’hui les jeunes qui sont sur les barrages sont ceux qui ont été abandonnés, délaissés par le système scolaire. Aujourd’hui c’est l’expression d’une colère, d’un ras le bol d’une jeunesse non formée et qui cherche à s’exprimer par les moyens qu’elle juge utile», observe-t-il sans pour autant «cautionner le comportement déviant de quelques-uns». «Si l’Etat avait pris les choses en main il y a 30 ou 20 ans, on aurait eu une situation différente aujourd’hui», assure-t-il. «A l’époque ça n’intéressait personne de savoir combien de personnes réussissaient au baccalauréat et partaient faire des études», se souvient-il.

Après avoir rappelé qu’un quart de la population a moins de 25 ans, que 36 % de la population n’a aucun diplôme, Louis Mussington veut faire admettre qu’il «faut se mettre au travail pour sauver cette île, cette jeunesse qui aujourd’hui n’a pas d’avenir. Il est temps de prendre le taureau par les cornes». Il a dit avoir entendu les «quelques propositions» formulées par le préfet, mais «si on n’attaque pas la cause profonde de cette crise sociale, dans dix mois on sera encore autour de cette table en train de discuter». «Je suis venu pour vous dire qu’il est temps qu’on examine les vraies problématiques de ce territoire», a-t-il martelé. Cependant il n’a pas formulé de propositions concrètes et a demandé de connaître les moyens mis en œuvre pour favoriser le bilinguisme dans les écoles.

Il a enfin reproché au préfet une «certaine méconnaissance de la réalité sociolinguistique du territoire lorsqu’[il] dit que les jeunes doivent aller à Pôle Emploi ou ailleurs ». Louis Mussington pense que les jeunes se sentent dans une «insécurité linguistique» et ainsi éprouvent des difficultés à s’exprimer en français dans les institutions. Et d’insister : «L’heure a sonné. Il faut tenir compte des réalités culturelles… pour être mieux en mesure de répondre aux aspirations profondes de cette population dont une bonne partie est dans la misère sociale.»

* Il a lancé samedi soir un autre mouvement politique en vue des élections territoriales de 2022, le RSM pour rassemblement saint-martinois

Estelle Gasnet