09.11.2021

Daniel Gibbs "se souvient du passé pour comprendre les conséquences d’un certain nombre de choses "

Après avoir annoncé aux élus les actions qu’il souhaitait mettre en place pour mieux répondre aux besoins de la population, précisément des jeunes de Sandy Ground et Quartier d’Orléans lors d’une réunion lundi après-midi, le préfet a laissé la parole aux élus présents. Le premier à s’exprimer a été le président de la Collectivité. Il considère que la crise actuelle a trois causes : «sociale, sécuritaire et identitaire». Aussi s’est-il attaché à «se souvenir de ce qui s’est fait dans le passé pour comprendre aujourd’hui les conséquences d’un certain nombre de choses» que de proposer des actions ou mesures pour inciter les manifestants à lever les barrages.

Il a rappeler qu’entre «1985 et 2005, l’activité touristique paraissait suffisante pour que le ruissellement économique soit une réalité tant sur la part officielle que souterraine ». Il estime qu’à l’époque «les politiques publiques et les accompagnements ont été maigres par manque de pression locale». Il souligne également l’absence de «définition d’une politique migratoire suffisante de la part de l’Etat», l’absence de réflexion sur une diversification des activités et plus généralement sur «une économie durable qui aurait profité à tous» quand, à partir de 2005, «un ralentissement de l’économie, une hausse du chômage étaient constatés». Il pense que «la décentralisation aurait pu être accentuée dans les domaines de la santé, de la culture, du patrimoine et de l’environnement ».

Il a en outre répété que si l’Etat avait fini par admettre ce «déficit» d’engagements après le passage de l’ouragan Irma, il y a remédié aussitôt en renforçant les contrôles sur le territoire. «L’Etat doit accompagner la collectivité et pas seulement réaliser des contrôles », a-t-il réitéré. Daniel Gibbs considère que «la reconstruction a servi de pansement aux souffrances de notre société».

A ceux qui pensent que «la COM ne fait rien», le président a cité les 150 millions d’investissements publics qu’il entend mettre en place d’ici les trois prochains années : construction d’un centre nautique, rénovation de la médiathèque, des restaurants scolaires, des routes, aménagement du front de mer à Marigot, etc. Il a insisté sur le fait que son équipe a «investi dans les stratégies à long terme» dans les domaines des déchets, de la fiscalité, développement culturel, etc.

Enfin, il préconise «un dialogue républicain, vigilant et respectueux» avec l’Etat et dit vouloir «regarder vers l’avenir ». Il a également déclaré qu’il «ne peut cautionner certains agissements perpétrés en marge des manifestations et les méthodes employées par certains». «Je pense que par le dialogue avec la population, les conseils de quartier et le collectif, nous pouvons encore travailler pour que certaines revendications légitimes puissent trouver un écho favorable et des réponses aux frustrations», a-t-il convenu. Sans pour autant proposer un calendrier de rencontres.

Daniel Gibbs devrait être présent mercredi matin à la réunion en préfecture avec le collectif.

Estelle Gasnet