07.09.2021

Réunion collectif/Etat/Com : la DGS a été le premier sujet évoqué

La première partie de la réunion entre le collectif, le préfet et les élus a porté sur la directrice générale des services.

Les membres du collectif sont arrivés en préfecture à 9h20, ont pris place à la table autour de laquelle se trouvaient déjà le préfet, son directeur de cabinet, le président de la COM, la première vice présidente de la COM Valérie Damaseau et le deuxième vice président Yawo Nyuiadzy. Comme le collectif l’avait demandé hier, Daniel Gibbs est venu avec des élus et non des directeurs de services ; l’ont accompagné les deux membres de la majorité du conseil exécutif présents sur le territoire ce jour.

Le collectif a entamé les discussions en entrant dans le vif du sujet, celui de la directrice générale des services (DGS) de la COM avec l’exposition de «faits avérés». Il est notamment dénoncé le fait que la DGS ait «des pouvoirs permanents dans différents domaines». Et d’en citer quelques-uns : jeunesse, sport, économie, urbanisme, fiscalité, etc. «La liste est trop longue… De là vient le gros problème aujourd’hui : c’est une première dans l’histoire de Saint-Martin, elle a plus de pouvoir que les vice présidents», a commenté Lenny Mussington.

Le collectif assure que la DGS «a abusé de ses pouvoirs» et montre une «liste de 29 points» au préfet. Il accuse la DGS de «discrimination à l’embauche». «Elle a recruté que des Français de France… preuve à l’appui… Ce sont des faits ». «Elle prétend travailler pour nous… mais sans nous… Or notre vision est celle-ci : tout ce qui est fait sans nous est fait contre nous.» Pendant près d’une heure, le collectif a formulé de vives critiques à l’égard de la DGS. Voire des menaces : «s’il arrive quelque chose à la DGS demain, l’Etat sera responsable », a-t-il été dit.

«Dans une interview au St Martin Week, elle a reconnu des erreurs de casting… Des erreurs de casting ! Elle ne s’est même pas rendue compte de la gravité des faits... car elle ne connaît pas notre pays, notre histoire, notre culture. Cela en dit long sur sa mentalité, sa considération des gens de notre pays », a convenu Lenny Mussington. «Quand on voit ce monstre se présenter à nous, on ne peut pas rester indifférents», a-t-il été lâché après un bref rappel de l’histoire des ancêtres des Saint-Martinois, «des Africains réduits à l’esclavage».

Pour les membres du collectif, les valeurs et les agissements de la DGS sont «contraires aux valeurs de la France de Saint-Martin qui sont l’unité dans la diversité. Il n’y a pas de place pour la ségrégation», ont-ils affirmé.

Après avoir laissé les membres du collectif s’exprimer, le préfet a pris la parole. «Je vous ai laissé parler dans un lieu neutre. Vous avez personnalisé vos attaques alors que la personne mise en accusation n’était pas présente… Quelle curieuse façon de concevoir un tribunal… un tribunal du peuple ? Vous êtes le peuple ?... Je suis le peuple, nous sommes le peuple », a-t-il commenté. Et d’insister qu’il n’y avait pas de ségrégation. Il a confié par exemple qu’en préfecture les agents saint-martinois étaient plus nombreux que les métropolitains et s’est engagé à fournir la liste des agents de la préfecture pour le prouver.

Serge Gouteyron a estimé percevoir dans les propos des membres du collectif de «la haine». Une déclaration qui a fait éclater de rire Lenny Mussington. A tour de rôle, les représentants du collectif ont assuré qu’il n’y avait pas de «haine » dans leurs propos. «Nous sommes en train de parler de faits qui vous dérangent et comme ces faits vous dérangent, vous y voyez de la haine», a répondu Cédrik André. Et de mettre en garde le représentant de l’Etat : «faites attention à ce que vous dites. Nous sommes là pour trouver une solution, pas pour dicter».

Le collectif a également assuré que le problème n’était pas une question de «blanc ou de noir». «Nous n’avons pas de problème avec une personne de couleur blanche mais avec une personne qui ne ramène que des personnes blanches alors qu’il existe des ressources [humaines] localement», a précisé le collectif. «Y a-t-il une volonté de ne pas travailler avec les personnes locales ? » «Est-ce le fait du hasard que seuls des Français de France ont été embauchés », a demandé à plusieurs reprises Lenny Mussington au président de la COM à qui la parole a été donnée au bout d’une heure.

L’un des membres du collectif a demandé à ce que «la DGS soit enlevée» comme d'autres fonctionnaires dans le passé avaient été mutés.

Estelle Gasnet