12.02.2021

La DSP de l’aéroport est prolongée de 4 ans et 9 mois, soit jusqu'à fin 2040

Pour permettre à la société Edeis d’amortir les investissements liés au resurfaçage de la piste.

La société Edeis qui exploite et gère l’aéroport Espérance de Grand Case dans le cadre d’une délégation de service public (DSP), estime nécessaire d’engager au plus vite des travaux de resurfaçage de la piste pour des raisons de sécurité. Ce programme d’investissement est évalué à 9,81 millions d’euros dont 2 millions seront financés par des fonds européens (Feder) ; le solde le sera par des fonds propres et crédits bancaires de la société.

Cette dernière a ainsi demandé à la Collectivité de prolonger la durée de la DSP pour pouvoir amortir cet investissement qui n’était pas inscrit dans le contrat initial. Suite à une médiation organisée par le tribunal administratif, la durée de prolongation a été estimée à 4 mois et 9 mois, soit d’avril 2036 à décembre 2040.

Cette modification fait l’objet d’un avenant numéro 2 à la DSP et a été soumise conformément à la loi, au vote des membres du conseil territorial. Réunis en séance plénière jeudi matin, ils ont débattu pendant près de deux heures sur la question. Si la nécessité de refaire la piste ne posait aucune difficulté, les échanges ont porté sur les conditions, notamment financières.

Jules Charville, conseiller territorial de l’opposition, considère que ces travaux étaient prévus par le contrat initial. Et de citer que ledit contrat prévoyait des «travaux d’entretien». Aussi la SNC Lavalin qui a signé la DSP puis Edeis qui l’a reprise, savaient-elles que ces travaux devaient avoir lieu et auraient-elles dû les intégrer dans leur plan de développement et d’investissement.

Pour Louis Mussington, également conseiller territorial de l’opposition, «il s’agit d’accorder quatre années supplémentaires à cette boîte car pour équilibrer ses comptes, il lui faut encore quatre années». «Je n’y vois qu’une considération comptable. A l’époque, Lavalin avait signalé qu’ils étaient sensibles aux attentes de la population locale. (…) Mais aujourd’hui [les informations] ne permettent de comprendre qu’il y aura un plan de développement de ces structures… La manière dont cela nous est expliqué ici, c’est de faire en sorte qu’il n’y ait pas de déficit», a-t-il ajouté.

Pour le président de la COM, il s’est agi «d’un débat stérile du pourquoi du comment». En réponse, les responsables d’Edeis ont insisté sur l’urgence de refaire la piste pour des raisons de sécurité. «Si nous le faisons pas rapidement, nous serons obligés de fermer l’aéroport et on licencie 40 personnes. La DGAC (direction générale de l’aviation civile, Ndlr) nous le demande… Concernant les gros travaux d’entretien prévus par le contrat, il ne s’agit pas du resurfaçage de la piste mais du changement par exemple des clims, qui a coûté 600 000 euros. Le resurfaçage coûte environ 10 millions, c’est tout autre», ont-ils expliqué.

Ils ont également révélé qu’avec la Collectivité, ils étaient en train de travailler à un schéma territorial de développement de l’aéroport. «Une vision claire de ce que pourra être l’aéroport» sera divulguée d’ici l’été.

Sollicité pour avis, le CESC s’étonne que le resurfaçage qui doit avoir lieu tous les 15 ans, n’ait pas été inscrit dans le contrat. Et s’interroge sur la situation dans 15 ans, soit en 2036 : «est-ce qu’il faudra prolonger le contrat ?»

Après deux heures de débats qui ont aussi permis de rappeler les projets (balisages pour permettre les décollages et atterrissages de nuit, etc.), l’avenant a finalement été adopté avec 18 voix pour et 3 contre. Un article a été en outre ajouté à l’avenant : «il est demandé expressément au délégataire et aux compagnies aériennes de remettre à la Collectivité d’ici le mois de juin un plan de développement stratégique intégrant une réflexion sur l’allongement de la piste, qui devra être présenté en prospective en conseil territorial dans le cadre de la présentation du compte-rendu des activités», a précisé Daniel Gibbs.

Estelle Gasnet