28.01.2021

Face à la recrudescence des vols de voiture, la gendarmerie a créé un groupe de travail spécialisé

830 véhicules ont été volés sur l’île en 2019. Soit pratiquement 16 par semaine. 2,3 par jour. C’est en partie française que le nombre de déclarations est le plus important : 480 contre 350 en partie hollandaise*. Face à ce phénomène, la gendarmerie a créé un groupe de travail spécifique en mars 2020 : cinq militaires se consacrent depuis près d’un an essentiellement aux vols de voitures.

«L’objectif a d’abord été de comprendre l’organisation de ce trafic puis de voir s’il existait aussi entre les îles», explique le chef d’escadron Stephan Basso. Les investigations menées ont permis d’établir une certaine organisation : il y a les personnes qui volent le véhicule et qui le déposent à un endroit particulier, puis celles qui le récupèrent et l’emmènent à celui qui va maquiller la voiture et enfin celles qui remettent la voiture en circulation sous un faux numéro d’immatriculation, la plupart du temps hollandais. En revanche, il n’y a pas une tête de réseau ou de trafic. Il y a plusieurs équipes qui évoluent en parallèle. «Il s’agit d’une véritable économie souterraine», convient le commandant de gendarmerie dont les équipes n’ont pas établi de trafic entre les îles ; les voitures volées restent sur le territoire.

Les gendarmes ont débuté leur travail en effectuant des surveillances à des endroits stratégiques. «Cela nous a permis de réaliser dix arrestations en flagrant délit », explique le capitaine Arnaud Gérard. Les déclarations des individus ont pu enrichir les enquêtes. «En parallèle, ils ont cherché à comprendre la destination des véhicules. Une commission rogatoire a été spécialement ouverte et dans ce cadre, sept autres personnes ont été mises en examen notamment pour vols de voiture, associations de malfaiteurs», poursuit le capitaine. Les gendarmes ont par ailleurs recueilli d’autres informations dans le cadre d’enquêtes totalement indépendantes mais dans lesquelles des individus ont été arrêtés au volant de voiture volée, etc.

Cette semaine, une opération a encore été menée à Sandy Ground ; tôt mardi matin, deux personnes ont été interpellées et placées en garde à vue. «Cette opération a été menée avec la coopération de la police de Sint Maarten avec laquelle nous avons pu réaliser une perquisition, perquisition qui nous a permis de retrouver une voiture volée», explique le capitaine Gérard.

«Le groupe de travail a été monté en 2020 avec la KPSM qui a aussi créé sa propre unité (Task Force) dédiée à ce phénomène», précise le commandant Basso. Si l’échange d’informations fonctionne très bien, les deux parties sont encore freinées par les procédures administratives en matière de coopération judiciaire. «Nous travaillons aussi avec les compagnies d’assurance et les concessionnaires», ajoute le commandant.

A ce jour, les faiblesses qui facilitent le maquillage des voitures et leur ré-immatriculation, proviennent surtout du système administratif de Sint Maarten ; le contrôle technique n’y est pas assez poussé (il est surtout basé sur un aspect visuel du véhicule) et la démarche d’immatriculation jugée trop laxiste. Dans la plupart des cas, les voitures volées sont en effet ré-immatriculées en partie hollandaise avant d’être revendues des deux côtés.

Les gendarmes appellent ainsi à la vigilance des personnes qui achètent un véhicule d’occasion. Et le premier élément qui doit attirer l’attention est le prix. «Si le véhicule a moins de deux ans et que son prix est inférieur à 10 000 euros, qu’il est de 7 ou 8 000 dollars, le risque est grand pour qu’il ait été volé car ce n’est pas le prix du marché», prévient le commandant. Autre recommandation pour les propriétaires est de sécuriser leur voiture autant qu’ils le peuvent en bloquant le volant, posant une alarme par exemple. «Le but est de freiner les individus. On a pu observer qu’ils mettent en moyenne trois minutes pour repartir avec une voiture, alors plus ils seront freinés dans leur action, moins cela sera facile pour eux», convient le commandant.

A ce jour, près de 50 voitures volées ont été retrouvées et saisies par la gendarmerie. En 2020, le nombre de faits a baissé à 350 en partie française. «En fin d’année, nous avions une vingtaine de vols par mois contre 40 à 50 en début d’année», indique le chef d’escadron.

* En partie française, il est estimé à une cinquantaine le nombre de déclarations déposées des deux côtés de l’île.

Estelle Gasnet