27.02.2020

Comment préserver les ravines

Ils étaient déjà venus en septembre l’année dernière à la demande de la préfète pour relever des infractions au code de l’environnement. Sept agents de l’agence nationale pour la biodiversité devenue au 1er janvier l’office français de la biodiversité suite à sa fusion avec l’office national de la chasse et de la faune sauvage, sont revenus ce mois-ci à Saint-Martin, toujours à la demande de la préfète mais pour une mission complètement différente.

Lors de leur précédent séjour, les agents avaient remarqué que, contrairement aux idées reçues, il existe un certain nombre de cours d’eau ou ravines sur l’île mais que celles-ci ne sont pas mises en valeur, voire qu’elles sont mal traitées. Or elles présentent un intérêt écologique.

L’office français de la biodiversité a donc diligenté une mission pour dresser un état des lieux des ravines à Saint-Martin. Sur le terrain, les agents ont ainsi identifié une douzaine de cours d’eau en partie française qui vont être cartographiés, autrement dit recensés officiellement pour la première fois.

Les agents ont aussi pu observer que les ravines étaient mal entretenues. Soit elles ne l’étaient pas du tout, soit elles l’étaient trop.

Une ravine est un espace de vie pour la flore et la faune et chaque acteur a un rôle. Par exemple, il est nécessaire de laisser cailloux et autres pierres au fond du lit pour permettre au débit de se régulariser, il est aussi nécessaire de laisser certains végétaux sur les berges pour réduire l’évaporation, etc. Trop nettoyer les berges favorise la pousse de végétaux non désirables ce qui va perturber la vie de la ravine.

Mais ce qui a le plus étonné les agents de l’office de la biodiversité est le recours aux pelles mécaniques, des engins qui détruisent le milieu naturel. Ils ont cité sans surprise la ravine de Colombier dont les berges ont, en plus, été bétonnées. Contrairement à nouveau aux idées reçues, cela accentue la puissance du débit, favorise le développement de plantes qui peuvent créer des bouchons en cas d’inondations. Soit l’effet inverse de l’objectif recherché.

Malgré l’action négative de l’homme, ces milieux abritent des animaux, type grenouilles, poissons. «C’est surprenant, mais on a pu en observer beaucoup», confient-ils. Leur présence atteste également d’écoulements permanents et donc de sources.

Face à ces constats, les agents ont proposé à la préfète de conduire des actions de sensibilisation à ces milieux naturels. Prochainement ils vont animer un séminaire en Martinique sur ce sujet et suggèrent d’imaginer de le dupliquer à Saint-Martin.

Ils ont aussi proposé de sensibiliser les jeunes en leur apprenant des techniques de nettoyage et d’entretien des ravines. Par exemple, il s’agirait d’accompagner une association d’insertion dans ce domaine.

Estelle Gasnet