28.11.2019

Sida : où en sommes-nous ?

Le 1er décembre est la journée mondiale de lutte contre le sida.

Ces dernières années, plusieurs innovations ont profondément transformé les stratégies de lutte contre l’épidémie VIH/sida :

- dans le domaine de la prévention des transmissions secondaires, grâce au traitement antirétroviral (TAR) recommandé chez toutes les personnes vivant avec le VIH (PVVIH) : une PVVIH sous TAR avec une charge virale (CV) indétectable ne peut pas transmettre le VIH, c’est ce qu’on appelle le TasP (traitement comme outil de prévention).

- dans celui de la prévention primaire avec le déploiement, en direction des personnes séronégatives les plus exposées, de la prophylaxie pré exposition (PrEP) : c’est le moyen démontré le plus efficace pour se prémunir du VIH (assure une protection de plus de 95% alors que celle apportée par les préservatifs est évaluée à 86% du fait des mésusages et accidents d’utilisation)

- dans celui du dépistage : TROD, Autotests, dépistages gratuits, dépistages combinés, offres de dépistage communautaires, etc.

Si toutes les PVVIH et les personnes exposées au risque VIH avaient accès à ces avancées thérapeutiques et outils innovants, nous pourrions mettre fin à l’épidémie VIH/sida en tant que problème majeur de santé publique au plan mondial d’ici 2030 et atteindre les principaux objectifs fixés par l’ONUSIDA pour 2020: qu’au moins 90% des personnes infectées par le VIH soient diagnostiquées, qu’au moins 90% des personnes diagnostiquées bénéficient d’un TAR et qu’au moins 90% des personnes traitées aient une CV indétectable.

Alors où en sommes-nous ?

Au plan mondial, si la part des PVVIH connaissant leur statut ainsi que celle des PVVIH ayant accès à un TAR ont progressé (79 et 78% respectivement en 2018), plus de 8 millions de personnes vivent encore avec le VIH sans le savoir et près de 15 millions des PVVIH n’ont toujours pas accès au TAR dont la moitié des enfants infectés par le VIH et 20% des femmes enceintes VIH+.

En France, près de 6 200 personnes ont découvert leur séropositivité VIH en 2018, dont 56% ont été contaminées par rapports hétérosexuels, 40% lors de rapports sexuels entre hommes, et 2% par usage de drogues injectables. Le nombre total de découvertes de séropositivité a diminué entre 2017 et 2018 (-7%) après plusieurs années de stabilité mais cette baisse reste à confirmer. Cependant, d’autres indicateurs sont moins favorables. Ainsi, malgré une forte augmentation du nombre de tests réalisés en 2018, près du tiers des homosexuels et la moitié des hétérosexuels diagnostiqués VIH+ n’avaient jamais été testés auparavant (situation inchangée depuis 2013). De plus la part des personnes diagnostiquées à un stade avancé de l’infection ne s’est pas améliorée depuis 2013 et est de 29%. Enfin, près de 15% des personnes infectées par le VIH (soit » 24 000 des 170 000 PVVIH en France) seraient en 2018 toujours dans l’ignorance de leur séropositivité.

Pour notre région Guadeloupe, la situation des PVVIH diagnostiquées et suivies (N : 1978 dont 462 à St-Martin) continuent de s’améliorer au plan médical puisque 95% d’entre elles bénéficient d’un TAR et 90% des personnes sous TAR ont une CV indétectable. Le nombre de personnes nouvellement diagnostiquées prises en charge a sensiblement augmenté passant de 67 en 2017 à 78 en 2018 (55H/23F, âge médian de 40 ans, transmission hétérosexuelle pour 65% des hommes). La part des diagnostics à un stade avancé a nettement diminué (23%). Néanmoins et en dépit d’un nombre annuel de tests VIH réalisés deux fois plus important que le taux moyen national (84,9/1000 habitants vs 38,7/1000), la Guadeloupe reste parmi les régions les plus impactées par l’épidémie VIH et près de 20 % des personnes infectées par le VIH seraient toujours dans l’ignorance de leur séropositivité (« épidémie cachée » à mieux évaluer).

De fait et alors que tous les outils permettant d’enrayer l’épidémie sont disponibles dans nos territoires comme en France hexagonale, les objectifs dits des « 3x95 »* que la France s’était fixés d’ici 2020 ne seront probablement pas atteints.

Face à ces constats, le Conseil National du Sida et des hépatites virales vient de publier une « note valant avis sur les orientations de la politique de dépistage du VIH en France ».

C’est aussi le constat du Pr François Dabis, directeur de l’Agence nationale de recherches sur le Sida et les hépatites virales (ANRS)  : «On est encore loin de la « fin du VIH/Sida». Pour cela, en France comme ailleurs dans le monde, il faudrait d’abord utiliser de manière quasi systématique les moyens dépistage et traitement universels, PrEP ; ils sont incroyablement efficaces et encore insuffisamment utilisés par tous ceux qui en ont besoin. »

(Source : le COREVIH Guadeloupe Saint-Martin Saint-Barthélémy)

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