22.10.2019

Les vols de voiture sont 1,5 fois supérieurs côté français que côté hollandais

Si les vols à main armée sont souvent médiatisés et donnent une image négative de l’île en tant que destination touristique, ils ne sont pourtant pas l’unique fléau préoccupant. En effet, les vols de voitures sont tout aussi inquiétants. Selon les enquêteurs des deux côtés de l’île, les véhicules volés ne quittent pas l’île, ils sont simplement maquillés et revendus. «Il existe une vraie filière», notaient les policiers, il y a trois ans, qui avaient constaté près de 400 faits entre 2012 et 2015. Ce que confirment encore aujourd’hui les gendarmes. La remise en circulation des voitures volées est trop simple sur l’île. Notamment en partie hollandaise.

En 2016, les autorités de Sint Maarten ont pris une mesure afin de rendre les règles de ré-immatriculation plus contraignantes. Si en France, il s’agit d’un document officiel type Cerfa délivré par la COM à Saint-Martin, de l’autre côté de la frontière, une personne qui vendait sa voiture pouvait établir elle-même son Bill of sale, son document de cession. Sous la pression des compagnies d’assurance, les autorités hollandaises ont rendu ce document officiel il y a trois ans : il doit être téléchargé sur le site du gouvernement et signé par le vendeur et l’acheter avant d’être présenté à l’assureur. L’objectif est de pouvoir mieux prouver l’origine du véhicule et de limiter les risques pour l’acheteur d’être accusé de recel de bien.

La mesure a permis de faire baisser le nombre de véhicules volés en partie hollandaise mais pas de manière très significative. Selon les statistiques de la police de Sint Maarten, 146 vols de voitures ont été enregistrés en 2016, soit seulement 37 de moins par rapport à 2012.

Mais ce qui interpelle le plus est l’écart du nombre de faits toujours observé entre les deux côtés de l’île : ils sont toujours nettement supérieurs en partie française où le système administratif de cession et d’immatriculation est plus strict.

En 2012, les gendarmes avaient enregistrés 281 vols sur Saint-Martin et Saint-Barthélemy, soit 100 de plus que les policiers hollandais ou 1,5 fois plus. En 2016, l’écart s’était réduit à 58 mais les vols étaient toujours 1,4 fois supérieurs en partie française. L’an passé près de 336 vols ont été constatés à Saint-Martin,  + 17 % par rapport à 2017 ; par contre les statistiques de la police n’ont pas été publiées pour ces deux dernières années.

Autre constat qui interroge, est le suivant : il n’est pas rare que des résidents français reconnaissent leur véhicule dérobé quelques semaines plus tôt et que celui-ci ait été immatriculé côté hollandais. Cela laisse supposer que les voitures sont volées côté français et remises en circulation côté hollandais après avoir été maquillées. Selon nos sources, des garages seraient spécialisés dans cette activité mais ne feraient l’objet d’aucun contrôle.

Malgré nos demandes auprès de la police et du parquet fin 2018 sur le nombre de voitures volées, aucune information n’a été communiquée. Exceptée celle de la part de la police affirmant que les faits en partie hollandaise n’ont pas augmenté de manière significative. Il y a un an, les gendarmes affirmaient que la coopération pour lutter contre le trafic de voitures volées était très difficile alors qu’elle est facile sur les vols à main armée. Un an plus tard, la situation ne semble pas avoir bougé. Et les voitures continuent d’être volées.

Estelle Gasnet
1 commentaire

Commentaires

Il faut surtout que nos charmants voisins se dotent d un outil informatique identique à celui des gendarmes , modifient la loi mais aussi que l importation et la vente de véhicules soient plus surveillées..... car acqui profite le crime au final ?