16.10.2019

Trafic de cannabis et cocaïne : prison ferme pour deux jeunes de trente ans

Les peines prononcées sont supérieures à celles requises par le parquet : trois ans de prison dont un assorti du sursis et deux ans de prison ferme ont respectivement été prononcés à l’encontre de EF et MM, alors que le parquet avait demandé deux ans et quinze mois d’emprisonnement ainsi qu’une amende de 5 000 euros.

Ces deux jeunes de trente ans ont été présentés mercredi matin devant le tribunal correctionnel de Saint-Martin en comparution immédiate pour détention, transport et cession de produits stupéfiants, en l’occurrence du cannabis et de la cocaïne.

Ils avaient été interpellés à Grand Case dans la soirée de vendredi en flagrant délit par les gendarmes qui avaient assisté à treize transactions l’après-midi. Les deux mis en cause avaient fait l’objet de plusieurs surveillances depuis le mois d’avril ; des photos montrant principalement EF discuté et échangé avec des clients ont été fournies au dossier.

Une dizaine de consommateurs ont été interrogés par les gendarmes et ont tous identifié EF comme leur fournisseur, lequel s’approvisionne en partie hollandaise.

L’enquête a permis d’établir le mode opératoire suivant : sur le bord de la route nationale à Grand Case, EF rencontre des clients, puis s’en va et revient avec la marchandise. Celle-ci est dissimulée dans un bâtiment à proximité de la rue des Ecoles. EF a ensuite l’habitude de remettre l’argent en main propre à MM ou de le placer dans deux voitures, garées elles aussi près de la rue des Ecoles, appartenant à la compagne de MM.

Près de 82 sachets ont été retrouvés contenant un total de 161 grammes d’herbe de cannabis et 13 grammes de cocaïne.

En garde à vue et à la barre du tribunal, EF reconnaît les faits. Il réalise entre 400 et 500 euros de transactions par jour, soit «entre 12 000 et 50 000 euros par mois», fait remarquer le tribunal. «Mais il ne touche qu’entre 50 et 70 euros par jour», rectifie son avocat, le reste du produit du trafic revenant aux autres personnes impliquées.

Il y a tout juste un an, EF avait été condamné par le même tribunal pour des faits similaires. Il avait écopé d’une peine de trois mois de prison avec sursis et n’avait jamais répondu aux convocations du juge des libertés pour effectuer la peine sans être détenu. Aujourd’hui il demande aux juges de «lui laisser une autre chance» et «promet de chercher un emploi». Il n’a jamais connu son père, ne voit plus sa mère depuis deux ans, n’a plus de contact avec ses frères et sœurs. Il a quitté l’école en classe de seconde et n’a aucune formation.

Il a souhaité porter l’entière responsabilité des faits reprochés à MM. «Il n’a rien à voir là dedans, je ne le connais pas», a-t-il déclaré.

Devant les gendarmes puis devant les juges, MM nie son implication. Il explique avoir simplement prêté sa voiture à EF. Il justifie les 460 euros et 160 dollars trouvés sur lui le jour de l’interpellation, par la réalisation de jobs et le besoin d’argent de sa copine pour payer changer d’appartement. Il réfute l’accusation des enquêteurs disant qu’en fuyant lors de l’interpellation, il a jeté au sol un sachet de cannabis. «Il a fui non pas parce qu’il a eu peur en voyant le van noir aux vitres teintées arrivé mais pour une autre raison. En effet, les gendarmes n’ont pas débarqué dans une voiture avec écrit dessus gendarmerie mais dans un van noir. Mon client étant menacé par M., a eu peur que ce soit lui et a donc pris la fuite. Mais en voyant que c’était les gendarmes, il s’est arrêté», a expliqué son avocate. Celle-ci s’est efforcée en outre de démontrer que les pièces du dossier, notamment les photos, ne permettaient pas de mettre en cause «de manière objective» et affirmative son client qui n’apparaît que très peu sur les clichés. Elle a aussi remis en cause la véracité de la déclaration du fameux M auprès des gendarmes. «Il accuse mon client de trafic mais il n’a jamais vu les transactions ! Il suppose que le trafic est organisé par mon client ou TW», rapporte-t-elle.

Pour sa défense, MM confie au tribunal qu’il aimerait assister à la naissance de des ses enfants ; sa compagne est enceinte de jumelles et devrait accoucher à la fin de l’année. «Son père n’a jamais été là pour lui, il aimerait là pour les siens», a souligné son conseil.

En plus des peines de prison, le tribunal a ordonné leur maintien en détention ; ils seront donc transférés en Guadeloupe dans l’après-midi, les confiscations des scellés (argent, drogues et voitures) ainsi qu’une interdiction de séjourner à Grand Case rues des Ecoles et des Palourdes durant cinq ans. L’année de sursis de EF est assortie aussi d’une mise à l’épreuve de trois ans comprenant les obligations de soins (consommation de cannabis) et de trouver un emploi ou suivre une formation.

A noter les consommateurs interrogés font l’objet de procédures distinctes et sont poursuivis en justice pour usage de produits stupéfiants. Ils seront convoqués ultérieurement devant le tribunal correctionnel de Saint-Martin.

Estelle Gasnet