16.01.2019

Saint-Martin, future Cannes de la Caraïbe ?

Créé en 2018, le Saint-Martin Internationl Film Festival propose chaque année des formations aux métiers du cinéma avec des invités de renom.

Producteur et réalisateur d’origine camerounaise, Joel Ayuk est installé à Saint-Martin depuis seize ans où il a fondé en 2016 la chaîne locale Cani TV. Depuis l’année dernière, il est également le directeur du SIFF (Saint-Martin International Film Festival), un festival de cinéma international qu’il a créé. En ce moment, il travaille aussi pour une grosse production américaine : le film Black Coffee 2. Il sera prochainement tourné sur l’île mais aussi en Guadeloupe et à Atlanta.

La première édition du SIFF s’est déroulée les 26 et 27 mai dernier à Simpson Bay et a consisté en des ateliers de formation aux différents métiers du cinéma ( de l’écriture de scénario à la production en passant par la réalisation, le montage etc). Plus de 120 personnes venues des deux côtés de l’île mais aussi de celles environnantes ont assisté aux master class animées par le réalisateur américain Mark Harris, l’acteur Simeon Henderson et Joel Ayuk. Durant ce festival, la comédie romantique à succès Black Coffee, réalisée par Mark Harris a été projetée dans le restaurant Emilio’s (Dutch Cul de Sac).

L’idée de ce festival a mis quinze ans à germer. « Je travaillais dessus depuis longtemps » confie Joel Ayuk qui a étudié le cinéma et maîtrise toutes les étapes de la réalisation d’un film. « J’étais en contact avec Mark Harris depuis deux ans mais il attendait que nous ayons quelque chose sur l’île à lui montrer » poursuit-il. Après Irma, il tourne en quatre jours de décembre 2017 à Quartier d’Orléans un court-métrage humoristique pour montrer les avantages d’être préparé à un cyclone. Intitulé Irma, ce mini film sera projeté en avant-première en mars 2018 dans le village du carnaval de la partie hollandaise devant plus de trois cents personnes. « Lorsque Mark Harris a vu la bande-annonce, il a été ravi de constater que nous étions capables sur l’île de produire quelque chose de cette qualité. Et l’idée de créer des ateliers pour former la population locale aux métiers du cinéma est apparue une évidence » rapporte Joel Ayuk.

De cet atelier est née l’idée de tourner en partie le deuxième volet de Black Coffee dans la Caraïbe. Le casting est quasi terminé et devrait compter de grosses têtes d’affiche, tant parmi les Américains que les Africains pour un budget total compris entre 2 et 5 millions d’euros. Mais avant il va falloir former les équipes locales à travailler sur un plateau. Toute personne sur l’île ayant des compétences dans le cinéma est d’ailleurs invitée à postuler*.

Dans la mouvance de l’Urban Movie Channel et d’un mouvement sociétal beaucoup plus large de la communauté afro-américaine aux Etats-Unis, Mark Harris qui est le réalisateur, producteur et scénariste de Black Coffee 2 est soucieux de donner une autre image des noirs dans les films, trop souvent cantonnés à des rôles négatifs.

Joel Ayuk et son complice guadeloupéen Eric Alexis, soutenus par la commission du film de Guadeloupe, espèrent donner une place au cinéma caribéen et dans un esprit panafricaniste créer des liens entre les Etats-Unis, la Caraïbe et l'Afrique. Le tournage devrait démarrer en avril. « Une partie de l’histoire devrait se dérouler pendant le carnaval de Sint Maarten. Notre idée est aussi de vendre nos îles (Guadeloupe et Saint-Martin) » avance Joel Ayuk qui souhaite développer l’industrie cinématographique dans la Caraïbe et attend le soutien des gouvernements locaux des parties françaises et hollandaises pour faire profiter l’île de cette ressource économique.

« En 2020, mon objectif est de faire du festival de Saint-Martin le Cannes de la Caraïbe » se prend-il à rêver. D’ici là, la prochaine édition du SIFF en mai 2019 promet de nouveaux ateliers et invités de renom.

 

*contactsiff@gmail.com

(Crédits photos : SIFF)

Fanny Fontan
1 commentaire

Commentaires

BRAVO !!! C EST UNE EXCELLENTE INITIATIVE
PLUS DE COM PAR CONTRE SERAIT BIENVENUE