29.07.2016

Loi travail : où en est-elle à Saint-Martin

Depuis le jeudi 21 juillet, la loi Travail portée par la ministre Myriam El Khomri a été adoptée. Une loi qui a marqué les esprits en métropole mais qu’en est- il à Saint-Martin ?

La loi El Khomri a été adoptée par l’Assemblée Nationale le jeudi 21 juillet. Durant plusieurs mois, la métropole a été secouée par des manifestations mais aussi des mouvements tels que Nuit Debout. À Saint-Martin, à l’annonce de cette loi, peu de personnes se sont révoltées et sont sorties dans la rue. Même si certains résidents de Saint-Martin estiment « que faire passer une loi par la force avec le 49.3, n’est pas un acte démocratique ».

Richard, retraité, ne reconnait pas le comportement du gouvernement et précise que « normalement la gauche fait des lois pour les ouvriers, là c’est tout le contraire ». Il y a eu de manière générale peu de réactions de la part des habitants de l’île. Beaucoup d’entre eux ont entendu parler de cette loi, mais ne connaissent pas les changements apportés par celle-ci. Saint-Martin est restée calme, une situation qui s’explique par plusieurs facteurs qui constituent la particularité de l’île.

Le travail illégal est très présent. Ce jeune homme de 30 ans est perplexe sur application de la loi sur l’île. « Parfois on se demande où est la loi et si elle existe vraiment ici » s’interroge-t-il. En effet, le travail non déclaré concerne un grand nombre de personnes à Saint-Martin. Le nombre d’heures, la sécurité de l’emploi, une assurance maladie sont des notions que ne connaissent pas ces employés illégaux. Cette activité complique la situation de l’île et ne favorise le respect de la réglementation.

Le code du travail est appliqué à Saint-Martin mais n’est pas systématiquement respecté. Généralement, les employés sur l’île dépassent la durée de travail réglementaire. En effet, pour eux, une semaine de 40 heures est une semaine classique. « Ça ne me gène pas de travailler plus d’heure » explique Joseph qui souhaite partir travailler dans l’hexagone. Contrairement aux métropolitains qui sont habitués à travailler 35 heures. Certains n’ont pas le choix de cumuler divers emplois pour vivre.

De plus, il est compliqué de pouvoir obtenir des contrats à durée indéterminée. Beaucoup enchaînent les missions d’intérim ou des CDD, ils sont à ce moment-là moins touchés par les modifications amenées par la loi travail. D’autres personnes travaillant du côté hollandais, sont donc soumis au droit du travail hollandais.

Des particularités ultramarines qui expliquent le peu d’implication des Saint-Martinois face à ce nouveau décret qui malgré tout apporte des changements plus ou moins visibles.

Kimberley Triviaud