09.11.2018

Première guerre mondiale : les Antillais ont dû se battre pour avoir le droit d’être conscrits

A Saint-Martin, la cérémonie se déroulera le 10 novembre à 9 heures devant l'hôtel de la Collectivité.

Il y a tout juste cent ans, le 11 novembre 1918, l’armistice marquait la fin de la première guerre mondiale. A Saint-Martin, le 11 novembre on célèbre le Saint-Martin’s Day. La commémoration de l’armistice se déroule donc habituellement la veille. Cette année, pour le centenaire, la cérémonie se déroulera à 9 heures devant le monument aux morts de la collectivité. L’occasion de rendre hommage aux poilus, morts pour la France. 

Les Antillais ont participé à la première guerre mondiale. Il a même fallu qu’ils se battent pour avoir le droit d’être conscrits. « La conscription dans les « vieilles colonies » (Guadeloupe, Guyane, Martinique, Réunion) est l’objet de demandes réitérées des députés depuis 1878, mais il faut attendre 1912-1913 pour que le service militaire soit effectivement mis en place et rapidement transformé par la première guerre mondiale. Cette revendication de conscription s’inscrit dans une aspiration globale à l’égalité » explique Jacques Dumont dans son article Conscription antillaise et citoyenneté revendiquée au tournant de la première guerre mondiale.

Les Guadeloupéens et habitants des îles du Nord obtiennent leur conscription en 1913. Sur les 10 000 conscrits recensés (hommes à partir de 20 ans), 6345 partiront à la Grande guerre. 1168 d’entre eux ne reviendront pas, morts pour la France.

Le plus gros des troupes part en 1915. « Les soldats antillais ne sont pas regroupés dans les troupes coloniales mais répartis dans tous les régiments, comme les autres Français » précise Sarah Epiard, directrice du service départemental de l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre de la Guadeloupe et des îles du Nord. « Comme beaucoup de gens connaissent le chant Dawdanel on a tendance à penser que la plupart des soldats guadeloupéens sont allés sur le front oriental (Grèce, Serbie, Turquie…). En réalité, la majorité d’entre eux était sur le front occidental (la Somme, la Marne, l’Aisne…) » poursuit-elle. Afin de protéger les troupes antillaises, pas habituées au froid, des sessions d’hivernage étaient organisées pendant les mois d'hiver dans le sud de la France ou en Afrique du nord.

Si le dernier poilu Lazare Ponticelli, né en 1897 en Italie et mort le 12 mars 2008 au Kremlin-Bicêtre en France, était officiellement le dernier vétéran français de la Première Guerre mondiale depuis la mort de Louis de Cazenave le 20 janvier 2008, le dernier poilu d’outre-mer, Ramire Rosan, né en 1895 en Guadeloupe, est décédé en 2004.

 

Fanny Fontan