17.09.2018

Dix-huit nouvelles recrues chez les Compagnons bâtisseurs

Les nouveaux Compagnons bâtisseurs ont été formés à la réglementation du travail en hauteur.

Mercredi 12 septembre, le centre de formation LA FAC, situé à Hope Estate, accueillait neuf apprenants pour la journée. Fraîchement recrutés par les Compagnons bâtisseurs qui réparent les toits des sinistrés d’Irma les plus précaires, ils ont suivi une formation sur les travaux en hauteur et la réglementation R430-R431, dispensée par David Chinama, de la société AFC (Antilles formation contrôles) basée en Martinique.

« Il s’agit d’une formation de base, obligatoire pour travailler en hauteur, qui permet d’apprendre la réglementation et comment utiliser les équipements de protection individuelle (EPI) afin d’éviter la chute » explique le formateur. Il précise toutefois que sur un chantier, il faut toujours privilégier les équipements de protection collective comme les nacelles, échafaudages, garde-corps, filets de surface etc. Les Compagnons bâtisseurs assurent mettre un point d’honneur à respecter les normes de sécurité collective. Les EPI (casque avec jugulaire, harnais, gants, chaussures de sécurité, longes et double longes…) viennent après.

A la fin de la journée, ceux qui ont réussi le test écrit (un QCM de vingt questions) et les épreuves pratiques (lire les longes, comment régler et porter son harnais, faire des nœuds d’amarrage…), et qui auront été déclarés aptes à travailler par le formateur (absence de vertige notamment) recevront une habilitation.

Pour la plupart, il s’agit d’une formalité. C’est le cas de Sarah et Lucie, 22 et 28 ans, tout juste arrivées de métropole pour six mois de volontariat en tant qu’ouvrières ARA. L’une, titulaire d’un diplôme de menuiserie, a déjà été volontaire avec les compagnons bâtisseurs dans l’hexagone. Elle a été séduite par l’aspect à la fois social et manuel du projet d’auto-reconstruction accompagnée (ARA) de l’antenne de Saint-Martin. L’autre, architecte, a fui l’ambiance des bureaux pour « mettre plus de sens à ce qu’[elle] faisai[t] » et a déjà participé à d’autres missions de reconstruction, notamment au Népal.

Sur les neuf apprenants du jour, quatre ont été recrutés localement. Pour David, 49 ans, engagé comme ouvrier, il s’agit d’une reconversion. « Je suis marin professionnel mais avec Irma j’ai perdu mon bateau et l’entreprise pour laquelle je travaillais a également perdu les siens » confie-t-il. « J’ai déjà fait des chantiers mais au noir, et parfois je n’étais pas payé. Il y a aussi beaucoup d’entreprises qui demandaient d’avoir de l’expérience. Je préfère travailler pour une association et être déclaré. D’autant plus que là je vais être formé et apprendre un autre métier » confie-t-il.

Travailler, tout en se formant. Tel est l’objectif de ces recrutements, notamment pour les services civiques : « s’ils tiennent les six premiers mois, ils seront embauchés comme ouvriers pour les six suivants et auront l'opportunité, s’ils le désirent, d'entrer dans le cycle des Compagnons du devoir, avec lesquels nous avons des passerelles, afin de choisir la voie d’excellence » avait avancé Thierry Guenand, l’actuel coordinateur de la mission, avec lequel nous nous étions entretenu fin août.

C’est cette possibilité d’évolution qui a séduit Mathieu et Walters, 20 et 19 ans, qui entament leur service civique. « J’étais à la recherche d’un emploi et je trouve que c’est une action généreuse de réparer le toit des gens qui n’ont pas les moyens de le faire » considère Mathieu titulaire d’un bac SMG depuis deux ans, obtenu à la cité scolaire. Il a tenté une année d’études en métropole après l’obtention de son diplôme, mais ça ne s’est pas très bien passé et puis surtout il y a eu Irma à la fin des vacances d’été et il est resté pour aider à reconstruire.

Il espère pouvoir continuer au sein des compagnons pour avoir ensuite la possibilité de  poursuivre sa formation dans l’hexagone. « On est allé réparer des toits après l’ouragan, donc on a quelques connaissances. Mais rien d’officiel. Et là c’est une bonne expérience pour apprendre des choses et finir nos études » ajoute Walters, titulaire d’un bac pro maintenance auto des véhicules obtenu au LPO en juin 2017 et qui projetait d’entrer dans l’armée (CIRFA). « ÇA prend du temps alors je n’allais pas rester sans rien faire à attendre un coup de fil » poursuit-il. « Notre but c’est d’évoluer » concluent-ils. 

Le lendemain, neuf autres recrues des Compagnons bâtisseurs suivaient la même formation. Après une visite médicale, ils commenceront dans la semaine. Au total, dix-huit personnes viennent d’être recrutées par l’association, dont douze localement : deux animateurs techniques, quatre chefs d’équipe, trois services civiques et neuf ouvrier(e)s.

Fanny Fontan