04.09.2018

Semsamar : point d’étape sur les travaux de réhabilitation améliorée

« A Saint-Martin, la Semsamar a sévèrement été secouée par Irma mais nous avons relevé la tête et le défi de la reconstruction. Les gros chantiers de réhabilitation lourde ont été engagés depuis la mi 2018 » a déclaré Marie-Paule Bélénus-Romana, la directrice générale de la Société d’économie mixte de Saint-Martin. Un après Irma, la Semsamar a tenu une conférence de presse lundi 3 septembre pour faire un point d’étape sur la réhabilitation de son parc, qui comprend, entre autres, 1085 logements sociaux.

La directrice générale a rappelé que la phase de reconstruction, dont le coût s’élève à près 50 millions d’euros, a débuté au lendemain d’Irma. Travaux d’urgence et appels d’offre ont été lancés en septembre-octobre 2017. Les deux derniers mois de l’année ont été consacrés aux études de faisabilité et à l’attribution des marchés. Entre janvier et mars ont été menés concertation des locataires, job dating pour l’embauche de jeunes saint-martinois sur les chantiers, attribution des marchés d’ingénierie, et lancement des consultations des entreprises retenues. Entre avril et juin ont été attribués les marchés de travaux. Les premiers chantiers ont démarré en juin.

La Semsamar assure qu’au 31 août, les travaux étaient engagés dans la quasi-totalité des résidences. Un an après Irma, nombreux sont encore les locataires de son parc social à manquer de portes, fenêtres et baies vitrées. Certains vivent encore sous des bâches. À Concordia, une trentaine de logements subissent toujours des infiltrations. Fin juillet, 10% des travaux de réhabilitation avaient été réalisés. Le rythme devrait s’accélérer à présent que les vacances sont terminées et que tout a été mis en place. « L’objectif est que cette première phase qui consiste en la sécurisation des logements (charpente/couverture, menuiseries extérieures, électricité, réseau d’eau potable, réseau d’évacuation des eaux usées, cloisons souples et menuiseries intérieures) soit achevée en décembre » avance Yannick Beaud, chargé d’opérations à la Semsamar. Pour cette première phase de réhabilitation la Semsamar a dégagé 32,4 millions d’euros et passé 675 marchés publics, attribués à une cinquantaine d’entreprises.

Outre les délais inhérents à l’attribution des marchés publics, plusieurs contraintes ont retardé la fin de cette première phase, initialement prévue en septembre 2018. Tout d’abord, les chantiers de réhabilitation sont effectués sur des sites occupés, c’est-à-dire en présence des locataires. « Une dizaine de mobil homes est installée (ou en voie de) sur trois sites (Belle Plaine, Les hirondelles, Concordia) afin d’assurer à partir de la semaine prochaine des rotations de locataires qui habitent les appartements les plus endommagés » annonce Yannick Beaud. Il est conscient que les locataires vivent depuis un an dans des conditions plus ou moins compliquées et que les travaux ajoutent à l’inconfort.

Parmi les autres difficultés qui ralentissent les plannings de réalisation, il évoque les effectifs insuffisants des entreprises qui ont dû mal à recruter des employés qualifiés localement et sont confrontées aux difficultés de logement des personnels venus de l’extérieur. Mais aussi, le problème de fourniture des matériaux et de leur approvisionnement. Ainsi que l’entretien et la maintenance du matériel, qui, très sollicité, commence à fatiguer.

Ce à quoi viennent s’ajouter les contraintes financières. Le montant estimé de l’opération de réhabilitation du patrimoine propre de la Semsamar à Saint-Martin s’élève à 49, 2 millions d’euros, dont 33,6 millions pour les logements sociaux.

Le conseil d’administration a décidé de privilégier une réhabilitation améliorée. La directrice générale précise que tous les bâtiments étaient déjà aux normes. Mais la Semsamar assure avoir tiré les leçons d’Irma. Ainsi, là où elle observe de très gros départs de toiture, elle va, tant que cela respecte les normes parasismiques, remplacer charpente et couverture par un toit terrasse. Mais aussi réduire les surfaces vitrées là où c’est nécessaire et renforcer les baies vitrées. Les résidences sociales ne sont pas équipées de volets anticycloniques car « la protection cyclonique n’est pas subventionnée au titre du logement social » indique Yannick Beaud. Toutefois, à la demande des résidents, sont installés des systèmes de boulonnage qui permettront de fixer une protection en cas d’alerte cyclonique.

Si cette première phase est financée par les indemnités d’assurance (24, 4 millions d’euros sur les 26, 2 millions reçus), 2, 9 millions sur 7 millions d’euros d’emprunt et 5 millions d’euros pré-ciblés sur le Fonds de secours, il manque encore 11 millions d’euros pour assurer la réhabilitation de l’ensemble du patrimoine de la Semsamar. « Le budget est loin d’être bouclé » précise Yannick Beaud. Parmi les pistes envisagées : la mise en place du fonds d’urgence logement, la défiscalisation et la recherche de financements internes par des cessions de programmes (Paradise Villas et La Barrière). Ce qui conditionne le lancement de nouveaux appels d’offre pour la réalisation de la deuxième phase qui concerne quant à elle les travaux intérieurs (peinture etc…).

En plus d’une réhabilitation améliorée, la Semsamar qualifie sa réhabilitation de concertée. L’association Sem Ta Route, dirigée par Karen Kelly Javois s’est consacrée à l’accompagnement des locataires qui ont été consultés sur les travaux depuis le mois de janvier. « Une équipe mobile composée de quatre bénévoles quadrille le territoire pour être au contact des résidents » rapporte-t-elle. Sem Ta Route a par ailleurs accompagné les entreprises qui ont répondu aux appels d’offre et sont ainsi engagées à respecter la clause d’insertion sociale. L’association a aidé au recrutement de jeunes et - moins jeunes – de l’île sur les chantiers, à leur formation préalable et au suivi de l’embauche. Cette clause sociale a généré 54 500 heures de formation (d’une valeur de 1,3 million d’euros) pour un potentiel à terme de 300 emplois.

Au-delà des deux phases de réhabilitation, la Semsamar va devoir engager des programmes de construction. A Quartier d’Orléans, 75 logements en rez-de-chaussée ont été impactés par la montée des eaux suite au passage d’Irma et ont fait l’objet d’un arrêté d’interdiction d’accès. 75 familles sont donc à reloger. Faute d’avoir trouvé un hébergement, une cinquantaine d’entre elles continuent à occuper ces logements illégalement. La Semsamar prévoit donc de construire 52 logements à La Savane, et 26 à Green Valley. Mais aussi 40 logements évolutifs sociaux à Belle Plaine, 36 logements destinés en priorité aux enseignants à Spring  et des hangars à Green Valley pour contribuer à la relance économique.

En plus d’avoir mis à la disposition des enseignants sur demande du rectorat après Irma, une vingtaine de logements de novembre 2017 à juillet 2018, la Semsamar a d’ores et déjà signé une vingtaine de baux pour cette nouvelle rentrée. Elle travaille également, à la demande du commandement de la gendarmerie, à l’implantation d’une nouvelle caserne qui serait installée à Green Valley, tandis qu’elle assure poursuivre les travaux de réhabilitation de celles de la Savane et de Concordia. Elle ajoute avoir engagé des travaux de rénovation des immeubles de la CGSS, de Pôle Emploi et de la Douane dont elle assure la gestion. Enfin, outre la construction de quatre hangars à Green Valley, elle prévoit la construction de locaux commerciaux à la marina Port La Royale pour permettre aux commerçants de poursuivre leurs activités.

Fanny Fontan