10.02.2016

Zika, un virus très, voire trop, médiatique ?

Les nouvelles de l’épidémie de Zika se propagent sur la toile.

Si pour l’instant, un seul cas de personne atteinte a été confirmé à Saint-Martin, les professionnels du tourisme commencent à subir les conséquences du virus et s’inquiètent d’un potentiel emballement.

Hôtels, tours opérateurs, locations saisonnières... Les professionnels commencent à annoncer une légère baisse de régime. Une agence de voyages que nous avons contactée, a constaté quelques annulations de réservations depuis la mi-janvier. Plusieurs Nord-Américains et Européens, accompagnant une femme enceinte ou ayant un projet de grossesse, ont directement mis en cause le virus Zika en annulant leur voyage.

Il est difficile de connaître la raison exacte des autres rétractations. Toutefois les dates coïncident avec l’alerte émise par le CDC (Center for Disease Control) déconseillant aux femmes enceintes de séjourner dans plusieurs pays d’Amérique latine et îles des Caraïbes, dont Saint-Martin. Le 28 janvier, Marisol Touraine, la ministre de la Santé, a également recommandé aux femmes enceintes de différer leur voyage aux Antilles et en Guyane.

L’association des hôteliers de Saint-Martin (AHSM) est en train de rassembler les chiffres de ces annulations, tout en précisant que l’on ne peut pas mesurer les non-réservations. Philippe Thévenet affirme pour l’heure que la situation n’est pas catastrophique : « globalement les hôtels sont pleins, les clients sont satisfaits et loin de rester cloîtrés dans leur chambre ».

Les hôteliers seraient par ailleurs très bien préparés : pulvérisation des espaces verts, recherche et élimination des eaux stagnantes et autres gîtes larvaires, distribution de répulsifs aux clients… « Le moustique, on sait faire ! On n’a pas attendu le mois dernier pour s’en occuper», assure un hôtelier avant d’ajouter : « Nous avons les mesures les plus performantes de l’ensemble des Caraïbes».

Ce qui inquiète les professionnels, c’est le «risque d’emballement en l’occurrence non justifié» lié à une sur-communication. «La grippe fait des centaines de morts chaque année en Amérique du Nord et en Europe mais personne ne déconseille de voyager dans ces zones», commente Philippe Thévenet.

Comme lors de l’épidémie du chikungunya, la partie française de l’île est victime de la qualité et de la transparence de son service de santé ainsi que de l’efficacité de son système d’alerte publique. Contrairement à la partie hollandaise. On pourrait par ailleurs se demander pourquoi le ministère de la Santé déconseille les Antilles et la Guyane aux femmes métropolitaines qui souhaitent partir, mais pas les autres pays touchés par l’épidémie.

Fanny Fontan