01.08.2018

SOS Enfants des îles du Nord lance un appel aux dons

L'association qui s'occupe des enfants de Sandy Ground attend depuis six mois de pouvoir affréter depuis la métropole treize palettes de dons destinés à la population.

SOS Enfants des îles du Nord, lance un appel aux dons. L’association attend depuis près de six mois de pouvoir affréter treize palettes de dons à destination de la population. « Un peu après Irma, un homme annonce sur Facebook qu’il a de quoi financer le transport d’un container depuis la métropole vers Saint-Martin. Une femme nommée Aurore Blondel se charge alors d’organiser une collecte extraordinaire dans l'Hexagone de treize palettes avec des fournitures scolaires, un peu d’outillage…S’y greffent les enfants du docteur Pallas (ophtalmologue décédé), qui ont monté une association "Un toit un lit pour Saint-Martin", pour envoyer entre autres des matelas…» explique Yva Osmond, la présidente de SOS Enfants des îles du Nord.

Le container devait partir début décembre. Mais depuis, l’homme qui s’était engagé à le faire partir à titre gratuit a disparu. Résultat : « l’association doit payer 2867 euros pour le faire venir mais nos comptes sont à zéro. Et en attendant Aurore doit déménager mais ne peut pas parce qu’elle a toutes les palettes chez elle. » déplore Yva Osmond. Pas habituée à « demander l’aumône », elle précise qu’elle peut délivrer un reçu fiscal et que les dons sont défiscalisés à 80% jusqu’à 530 euros. Elle déclare qu’en dix ans, elle n’a obtenu que 13500 euros de subventions de la COM et de l’Etat dans le cadre du contrat de ville, et 10 000 euros de la fondation Semsamar pour les travaux d’aménagement du local. L’association fonctionne habituellement grâce à des dons de particuliers et d’entreprises. Elle fait avec les moyens du bord et doit sa survie à des personnes qui ont décidé de s'investir comme un couple de retraités (M et Mme Garon), entre autres. 

En temps normal, SOS Enfants des îles du Nord, créée en 2007 par Pierrette Turbé et basée à Sandy Ground depuis 2009, « se sert de la convention internationale des droits de l’enfant pour monter des actions et des activités en concomitance » selon la définition énoncée par la présidente. L’association vise à offrir un lieu aux enfants du quartier dans lequel ils puissent, parfois contre un goûter, faire leurs devoirs, regarder des films en français, emprunter un des 2500 livres de la bibliothèque, réparer leur vélo…ainsi qu’un tas d’activités artistiques et pédagogiques.

L’idée principale est de « casser la spirale de la rue en prenant les enfants le plus jeune possible pour éviter l’échec et qu’ils ne reproduisent le modèle de leurs aînés » avance Yva Osmond. C’est, en flux tendu, 28 enfants scolarisés pour la plupart en école primaire qui sont ainsi accueillis tous les jours par la présidente et les bénévoles de SOS Enfants des îles du Nord au 19 rue du morne rond (Eagle Ray) à Sandy Ground.

Depuis trois ans, Yva emmène sept jeunes de 13 à 15 ans pendant presque tout l’été en France et en Europe. Après leur avoir fait visiter plusieurs monuments et musées à Paris et assisté à des pièces de théâtre ou des courses hippiques auxquelles ils sont invités grâce à son réseau, elle loue un minibus et avec du matériel de camping, elle leur fait découvrir la région des Alpes, la côte d’azur, la Croatie dont elle est originaire, et même l’Allemagne, à la roots. Un périple extraordinaire pour des enfants qui ne sont pour la plupart jamais sortis de l’île, voire de leur quartier. « Jusqu’’il y a deux ou trois ans à Sandy Ground, les gens vivaient reclus chez eux. Souvent sans papiers, ils avaient peur de se faire attraper et n’osaient pas sortir à part pour aller à la messe. Quand je les emmenés en camping les enfants manquaient d’air tellement il en y en avait. Tout ce qu’on leur montre ils mettent six mois à l’absorber et le restituer » rapporte-t-elle.

Avec Irma, le local de près de 200 m2 situé au rez-de-chaussée de l’immeuble qu’a finalement acquis la présidente il y a quelques mois, a été inondé par un mètre d’eau et de boue. Des mois passés sans moyen de communication : « je viens de récupérer un nouveau téléphone et numéro et Dauphin Telecom nous a offert un routeur 4 G avec 20 giga de connexion ». A l’heure actuelle, le local est envahi d’affaires à trier que viennent déposer les gens pour les donner. L’association Solidarité Saint-Martin Moselle a fait parvenir des palettes de denrées alimentaires, vêtements, jouets, outillages… et autres biens, que l’association a stockés puis distribués aux habitants qu’elle estimait dans le besoin et aux autres associations comme Les Axes et Cibles pour Tous.

En plus de devoir réaménager son local où mobilier et électroménager ont péri, SOS Enfants des îles du Nord aide les sinistrés du quartier à se réinstaller chez eux en partenariat avec d’autres associations comme les compagnons bâtisseurs. « Nous sommes là pour les enfants, mais vu les circonstances nous sommes là pour aider les familles » souligne Yva Osmond. La semaine prochaine, sept scouts et guides de France viendront aider à nettoyer et aménager le local. Il qui comprend un coin lecture, un coin home cinéma, un coin informatique, un coin atelier... Yva Osmond a déjà récupéré plusieurs meubles dans une ancienne bijouterie et tout bricolé pour qu'ils puissent s'intégrer au lieu. Elle déclare : "l'objectif est de tout remettre en état pour la rentrée" . 

Fanny Fontan