22.07.2016

L'Europe liste les espèces invasives

La mangouste, la tortue de Floride et le raton-laveur font partie des 37 espèces invasives listées par la Commission européenne et présentes à Saint-Martin.

La Commission européenne a publié mercredi 13 juillet la liste des 37 espèces exotiques envahissantes (EEE). D’ici quinze jours, les Etats membres vont devoir appliquer le règlement européen officiellement entré en vigueur le 1er janvier 2015. Il sera donc interdit d’importer, de vendre, de reproduire, de cultiver ou d’élever ces animaux et végétaux qui menacent la biodiversité. Ces espèces privent les autres de nourriture, d’oxygène, de lumière ou leur transmettent des maladies. Elles constituent un réel danger lorsqu’elles sont dotées d’une forte capacité d’adaptation et de reproduction. 

Parmi les 37 espèces listées, certaines sont présentes à Saint-Martin, comme la mangouste, la tortue de Floride ou le raton laveur. «L’introduction de la mangouste est par exemple responsable de la raréfaction ou de la disparition d’un grand nombre d’espèces certaines n’ayant même pas été décrites avant de disparaître. Malheureusement, il existe bien d’autres espèces invasives présentes à Saint-Martin qui n’apparaissent pas dans cette liste comme le rat noir, la souris domestique, l’iguane commun, le poisson-lion ou la liane corail» souligne Julien Chalifour, responsable du pôle scientifique à la Réserve Naturelle Nationale de Saint-Martin.

LUTTER CONTRE LA PROLIFERATION DES RATS ET DES POISSONS-LIONS

La RNN participe depuis plusieurs années à la production de connaissances, à l’animation d’un réseau de gestion et à la mise en œuvre d’actions de gestion/régulation. Par exemple, pour lutter contre les petits rongeurs introduits sur les îlets (rats et souris), elle utilise des pièges non mortels afin de ne pas tuer les prises accessoires d’autres espèces natives. «Nous avons également signalé le premier poisson lion observé dans les Antilles françaises en Juillet 2010 au sec de Grand Case et réalisons régulièrement des campagnes de régulation des populations sur les sites de plongée en et en périphérie de la réserve, pour garantir la sécurité des plongeurs et limiter l’impact de cette menace sur les populations de nos récifs. On en a tué 28 depuis le début de l’année.» poursuit Julien Chalifour.

La Réserve a par ailleurs initié une dynamique d’échanges et de travail suite aux sollicitations de la partie hollandaise, sur la question des singes verts, dont les populations non-estimées et non-localisées semblent être à l’origine de plus en plus de plaintes, alors qu’elles représentent un risque sanitaire (réservoir à pathogènes : dengue, chikungunya, zika…), économique (prélèvement sur les cultures) et sécuritaire (agressivité de certains individus).

Elle participe aussi au réseau régional de mise en œuvre du Plan National de Restauration de l’iguane des Petites Antilles, espèce endémique et native de nos îles, menacées par l’introduction de l’iguane commun par l’Homme.

Les scientifiques de la Réserve ont récemment réalisé un premier inventaire de la flore au sein de la Réserve, afin de localiser les espèces natives menacées et les espèces introduites potentiellement invasives, afin de pouvoir planifier des actions de réhabilitation et de préservation des paysages locaux. Ils se sont lancés dans une collaboration avec le réseau Espèces Exotique Envahissantes piloté par l’UICN France et participent régulièrement aux échange de ce groupe de travail composé d’expert des différents territoires de l’Outre-Mer français. En mai 2014, la Réserve organisait avec le soutien du Car Spaw, un atelier technique sur la gestion des espèces envahissantes, pour lequel toutes les îles voisines étaient invitées. 

En effet, la Commission européenne légifère mais un grand nombre de textes nationaux et régionaux traitent déjà de ces problématiques et souvent à une échelle internationale, comme c’est le cas dans la Caraïbes, où les relations entre les îles impliquent souvent de l’international. La France travaille également depuis plusieurs années sur la question et l’INPN est un des outils développés.

«Les espèces invasives constituent un problème bien réel Saint Martin, où compte tenu de la taille de l'île, les répercussions prennent directement une ampleur importante sur le milieu et sur notre cadre de vie. La problématique iguane en est un très bon exemple.» avance Julien Chalifour avant de conclure : «Il est primordial que la population soit consciente des risques liés à l’introduction d’une espèce animale ou végétale non-native. Ce risque est réel et la lutte contre ses conséquences implique la mobilisation de moyens énormes.»

 

Crédits photos :

Poisson-lion, capture de poisson-lion, et rat : Réserve Naturelle Nationale & Julien Chalifour

Singe vert : Hersfold

Fanny Fontan