06.07.2016

"Les challenges à venir"

Tribune d'Alain Richardson

"Les challenges, menaces et opportunités pour notre territoire pour les prochaines années sont majeurs et multiples mais surtout fondamentaux et cruciaux. Car en fonction des réponses apportées (absence de réponses et ou les fausses réponses), ce sont les fibres mêmes de notre société qui poursuivront leur délitement ; mais aussi, notre bien-être commun, notre niveau et qualité de vie qui seront irrémédiablement remis en cause.
L’une des particularités de notre territoire par rapport au territoire national (y compris les autres outres mers) est que nous sommes avec Mayotte et la Guyane les seuls territoires devant gérer prioritairement une population jeune et en croissance permanente (notre population est éminemment jeune). Ceci en « situation normale » est un atout formidable et signe de dynamisme, de potentiels de développement et de croissance et donc d’un territoire qui peut regarder son avenir avec une certaine sérénité. Pourtant, comme depuis des décennies nous ne sommes plus en « situation normale », les challenges, batailles et mêmes menaces et craintes prévalent à St-Martin.
Les enjeux des prochaines élections territoriales et donc de la prochaine gouvernance sont majeurs. Il faut et faudra donc se garder et se méfier des candidats caméléons (passe-partout), avec un discours tellement lisse et qui sonne peut-être bien car bien dans la lignée des politiques des partis nationaux mais qui sont loin de défendre « les intérêts propres de notre collectivité au sein de la république ». Il en est et sera de même, de ceux qui ne voient dans les prochaines élections territoriales qu’un tremplin à leur ambition de carrière politique nationale (et ce malgré leur affirmation la main sur le cœur du contraire).
La radioscopie de notre territoire est la suivante :
- Près de 40% de la population a moins de 20 ans.
- Taux annuel de croissance démographique +3,2 % (France +0.55%)
- Environ 11000 enfants scolarisés dans les écoles, collèges et lycées sur le territoire.
- Parmi les plus fort taux d’échec scolaire de la nation (plus fort taux de jeunes quittant l’école sans formation ni diplômes)
- Taux de chômage + 35% (pour les 15 – 24 ans : + 55%)
- Produit Intérieur Brut (PIB) par habitant 14 700 (France 38 575/hab. ; St-Barth 35 700/hab. ; Guadeloupe 19 950/hab.)
- Evolution du PIB/habitant entre 1999 et 2010 : + 200€ (14500 en 1999 et 14700 depuis 2010).
- Environ 25% de la population carcérale en Guadeloupe provient de St-Martin (alors que nous représentons moins de 9% de la population cumulée).
- Etc…
Forte population jeune, fort taux de croissance démographique, échec scolaire et taux de chômage records, produit intérieur brut par habitant inchangé depuis 1999 (soit depuis 18 ans) ; voilà un mélange détonant. Voilà le constat. Voilà la réalité. Voilà les principaux éléments d’une bombe à retardement.
Soyons très clairs, comme depuis plus de trois ans maintenant, n’espérons rien de significatif en terme de projets et de politiques de la part de ceux qui nous gouvernent actuellement pour résoudre et ou traiter ces menaces et challenges. Car même avec une feuille de route détaillée et des finances rétablies ils n’ont pas su se montrer fidèles à leurs engagements politiques.
L’enjeu des prochaines élections territoriales est donc de transformer les menaces, dangers et challenges actuels en opportunités et les craintes en confiance, envie et énergie capables de stimuler création de richesse et croissance économique.
Compte tenu du constat et des enjeux, nous n’avons pas le choix :
- Il nous faudra mettre en œuvre un projet de société holistique destiné à valoriser, responsabiliser, éduquer et former notre jeunesse afin qu’elle redevienne le meilleur atout pour l’avenir de notre territoire. Nous devrons redéfinir notre modèle de société avec ses valeurs fondatrices.
- Il nous faudra au cours des 10 prochaines années au minimum doubler le niveau du Produit Intérieur Brut de notre territoire : Créer de la richesse, créer de la richesse. Je rappelle que seul le secteur privé créé de la vraie richesse ! Le monde de l’entreprise doit être le partenaire privilégié et ce monde doit se montrer solidaire de la jeunesse et de la société dans son ensemble.
Voilà deux des priorités pour Saint-Martin. Ce sont les miennes ! Il y a de nombreuses autres mais celles-là constituent les socles pour un meilleur avenir.
Le travail de réflexion et de définition des moyens les plus adéquates pour atteindre ces objectifs est enclenché depuis des mois.
Pour mener à bien cette mission dans l’intérêt de tous, Saint-Martin aura besoin de ses hommes et femmes honnêtes et de bonne volonté capables de dépasser les vieux clivages et d’enterrer les haches de guerre. Je me suis inscris résolument dans cette logique et c’est pourquoi je ne suis pas pressé malgré les pressions pour déclarer comme d’autres ma candidature. Saint-Martin et notre intérêt collectif sont de loin plus importants et plus grand que mes éventuelles ambitions.
Mais soyons clairs la réussite d’un tel projet exigera un leadership fort, compétent, ferme et combatif ainsi qu’une équipe compétente et soudée pour :
- faire valoir les intérêts propres de notre territoire face à l’Etat et à l’Administration centrale,
- défendre becs et ongles nos droits financiers face à l’Etat (juste compensation des transferts de charges en conformité avec le droit et les principes Constitutionnels – plan de rattrapage des retards structurels du territoire – reversement des sommes perçues devant revenir à la COM. ),
- obtenir le droit d’adaptation de la législation dans les domaines nécessaires pour garantir la compétitivité et l’attractivité de notre territoire afin d’atteindre les priorités ci-dessus définies,
- obtenir l’implantation sur notre territoire des institutions et services d’Etat indispensables (Inspection Académique, Structures d’enseignement supérieur, RSMA, Ecole de la deuxième chance, etc..)
Malgré ma conviction que le Conseil Constitutionnel dans la cadre de la Question Prioritaire de Constitutionnalité (QPC) ne pourra pas faire autrement que de dire la constitution et donc donner raison à St-Martin, grandes sont mes craintes face l’Administration centrale si nous avons une gouvernance béni-oui-oui comme celle actuelle ou « la voix de son Maître » comme d’autres nous laisse entrevoir.
Je suis plus que jamais aguerri et vacciné pour défendre notre territoire encore plus et mieux que dans le passé (et ce compte tenu de l’expérience acquise et des vicissitudes qui m’ont frappées depuis avril 2013) mais aussi pour insuffler le volontarisme nécessaire pour rétablir confiance et croissance.
Vous pouvez compter sur moi car c’est « Pour l’Amour de Saint-Martin ».

Anonyme