04.10.2017

Nautisme : 800 bateaux endommagés, le problème pour les dégager

800 est le nombre estimé de bateaux privés ou professionnels endommagés lors du passage d’Irma des deux côtés de l’île. 300 seraient totalement détruits. Au vu de l’ampleur de la catastrophe, la fédération des industries nautiques (FIN) a décidé d’apporter son soutien à Saint-Martin. Un appel de fonds sera lancé lors du prochain salon nautique en décembre à Paris. La FIN a aussi envoyé l’un de ses représentants afin de faire un état des lieux et de recueillir avec précision la situation des professionnels en vue d’être leur porte-parole auprès du gouvernement pour demander des aides.

Guillaume Arnauld des Lions est ainsi sur le terrain aux côtés de Bülent Gülay, le président de Métimer. Ensemble ils ont animé une réunion mardi après-midi à la CCISM avec les professionnels de la mer. Et la principale urgence selon ces derniers est le dégagement des marinas et des chantiers pour permettre aux navires qui flottent de pouvoir se remettre à quai et aux autres de pouvoir être réparés. Mais ce n’est pas si simple.

Avant d’être bougé, un bateau doit faire l’objet d’une expertise. Une fois l’expert passé, celui-ci fait un rapport à l’assurance en indiquant le coût du remorquage et celle-ci doit valider l’opération. Si elle le valide, le bateau peut être enlevé à la condition qu’aucun autre ne gêne l’opération. En effet, si un autre navire bloque le passage, il ne peut être manipulé sans l’autorisation de son propriétaire. Et même cas de figure, l’assurance de ce dernier doit avoir donné son feu vert au remorquage. Autant de procédures qui ralentissent les interventions. Et c’est sans compter les bateaux qui ont été sous-estimés en termes d’assurance. Souvent, un propriétaire va sous-estimer la valeur de son bien pour réduire le coût de l’assurance. Ce qui pose problème dans une situation comme celle d’aujourd’hui. «Si l’enlèvement coûte 20 000 euros et que l’assurance ne prend en charge que 8 000 euros, le propriétaire doit payer de sa poche les 12 000 euros de différence», explique un expert.

Autre difficulté, les bateaux non assurés. Contrairement à une voiture dont l’assurance est obligatoire pour sa mise en circulation, un bateau peut naviguer sans être assuré. Et le jour où il est endommagé, le propriétaire doit payer les réparations lui-même. Aussi n’est-il pas rare que ces navires soient abandonnés. Et il revient alors à la collectivité de les enlever.

Lors de la réunion avec les professionnels, les experts ont conseillé de demander à la COM de prendre une injonction globale d’enlever les bateaux. Et c’est à ce moment que sont intervenus les représentants des chantiers navals pour évoquer une autre problématique.

Après Luis, les bateaux déclarés épaves ont été posés dans leur chantier et sont restés des mois et des mois, voire des années, avant d’être évacués, leur bloquant des places. Aussi veulent-ils être sûrs que les épaves seront enlevées rapidement et que leur enlèvement est déjà payé.

De leurs côtés, les marinas ne peuvent entreprendre aucun chantier tant que l’évaluation des dégâts n’est pas terminée.

Enfin, la Collectivité va devoir réfléchir à un site pour accueillir l’ensemble de ces épaves qu’il faudra traiter. Le représentant de la Fédération nationale des industries nautiques veut ainsi profiter de son séjour aux Antilles (il se rendre ensuite en Martinique) pour discuter des conditions de mise en place d’une filière de déconstruction et des déchets de bateaux.

Estelle Gasnet