03.10.2017

Les questions des entreprises au sujet des salaires et des charges en partie sans réponse

Une réunion a eu lieu mardi matin entre les socioprofessionnels et les représentants de l'État au sujet de leur accompagnement financier.

Comment les entreprises vont-elles payer les salaires de septembre à leurs employés ? La question est posée depuis plusieurs semaines et à l’heure de faire les bulletins de paie la réponse n’est toujours pas trouvée. Irma étant passée le 6 septembre, aucune entreprise n’a été en mesure de générer des recettes (à part celles réquisitionnées par l’État) et toutes se retrouvent aujourd’hui avec des problèmes de trésorerie. Des problèmes que le préfet de région Guadeloupe, Eric Maire, en déplacement à Saint-Martin a notés ce matin lors d’une réunion avec les socioprofessionnels à la CCISM pour les faire remonter cet après-midi à Paris. Il a précisé que «les salaires de la COM et des fonctionnaires de l’État avaient été versés».

Vendredi dernier, le délégué interministériel chargé de la reconstruction de Saint-Martin avait déjà animé une réunion avec les sociopros au sujet de leur accompagnement lors de laquelle il leur avait été expliqué que les dispositifs de droit commun s’appliquaient. Quatre jours plus tard, une seconde réunion est organisée en présence du préfet de Guadeloupe. Les chefs d’entreprise sont trois fois plus nombreux. La grande salle de réunion de la CCISM est pleine à craquer. Et même discours. Même réaction.

Les représentants de l’État confirment que les entreprises peuvent procéder à des licenciements économiques ou avoir recours au chômage partiel/technique appelé activité partielle tout en précisant que des «allègements de procédure» ont été obtenus pour faire face à la situation. Mais ils n’ont pas le temps de les énumérer que les socioprofessionnels montent au créneau. Les entrepreneurs veulent des dispositifs dérogatoires, exceptionnels. Ils ne veulent pas des dispositifs de droit commun, c’est-à-dire des dispositifs qui s’appliquent en temps normal. Ils ne veulent pas licencier leur personnel et ne peuvent pas avoir recours à l’activité partielle car elle ne correspond à pas leurs besoins. Le président de la Collectivité, Daniel Gibbs, était la semaine dernière à Paris pour présenter des propositions, comme la prise en charge de l’ensemble des salaires nets des employés mis en activité partielle pendant quatre mois. «Mais c’est inopérant», a affirmé le délégué interministériel à la reconstruction.

Retour donc à la case départ. Et d’écouter l’allègement et la simplification des procédures mises en place par l’État.

Les démarches de mise en activité partielle devaient être effectuées jusqu’à aujourd’hui mais les demandes sollicitées après seront aussi prises en compte. «On a rien fait encore car les experts comptables nous avaient demandé d’attendre ! », lance un commerçant. 350 entreprises ont toutefois déjà engagé la procédure et devraient toucher rapidement les indemnisations. «Pour une mise en activité partielle, aucun justificatif ne sera demandé et nous n’analyserons pas la fiabilité économique de l’entreprise», assurent les représentants de l’État. De plus, «si une entreprise fait le choix de l’activité partielle aujourd’hui et que dans quelques semaines ou mois, elle n’arrive pas à s’en sortir, elle pourra avoir recours au licenciement économique», précisent-ils. Au niveau de l’allocation que touche l’entreprise en cas de mise en activité partielle, elle est versée par l’ASP (agence de services et de paiements) théoriquement le mois suivant. Un accord a été trouvé avec les banques afin que ces dernières fassent l’avance. Toutefois, l’allocation se calcule sur la base du SMIC, donc pour un salaire supérieur, la différence doit être prise en compte par l’employeur.

L’activité partielle peut être sollicitée jusqu’en juillet 2018. Ensuite des renouvellements peuvent être obtenus par dérogation. Mais il s’agit d’un processus long faisant appel à un décret. Aussi est-il conseillé aux entreprises d’en faire la demande dès le début du deuxième trimestre 2018.

Aux dizaines de chefs d’entreprise debout devant lui, le préfet de Guadeloupe lance : «ce sont les règles qui nous sont imposées». Il dit avoir compris qu’ils avaient un « problème de trésorerie» et qu’il allait en faire part à Paris. Il les a aussi invités à contacter leurs banques et voir ce que la Collectivité qui a la compétence économique, pouvait faire. Une proposition qui a généré un fou rire général. Y compris de la part des élus présents à la réunion.

À noter qu’une cellule va être ouverte et sera opérationnelle dès mercredi afin de trouver des solutions au cas par cas, a annoncé le délégué interministériel. «Chacun d’entre vous est un cas», a-t-il admis.

«Je vous écoute depuis tout à l’heure, je ne suis pas chef d’entreprise mais salariée et la seule chose que vous avez à nous proposer c’est le chômage ! Vous nous proposez à nous qui sommes restés reconstruire Saint-Martin le chômage ! », lance, très émue, cette femme.

«Le 15 septembre il y a eu une réunion au sein de la cellule économique et depuis aucun pas n’a été fait. On nous parle de reconstruction mais elle ne dépend pas de nous. Vous nous demandez d’assumer des responsabilités que nous ne pouvons pas assumer. Nous sommes des entreprises sinistrées, faites quelque chose pour nous », a lâché une chef d’entreprise. «Je vais licencier mes salariés, mais comment je fais pour payer les indemnisations», demande une autre.

«Je suis artisan et je ne vais pas pouvoir travailler durant les quatre prochains mois. Comment je fais ? Ai-je droit à Pôle Emploi», a demandé cet homme à qui le directeur adjoint de Pôle Emploi lui a confirmé qu’il ne pouvait rien faire pour lui.

«En ayant une activité réduite, comment pouvons-nous payer nos loyers commerciaux », a demandé une autre commerçante.

Autant de questions qui sont restées sans réponse. Pour Marie-Dominique Ramphort, conseillère territoriale, «le gouvernement n’avait pas anticipé les questions. Pour preuve, le préfet Gustin se retrouve à participer à ces réunions avec les entreprises alors qu’il est délégué à la reconstruction».

Estelle Gasnet
4 commentaires

Commentaires

En lisant ceci, on a vraiment le sentiment que les entreprises sont abandonnées à leur triste sort. Comment employeurs, salariés et artisants peuvent-ils concevoir un avenir à Saint-Martin dans les prochains mois face à autant d’indifférence de la part de l’Etat ?

Pour une fois que cette salle est pleine à craquer ...

Dès le lendemain du cyclone on a dit aux entreprises "N'abandonnez pas ! on va reconstruire"
On voit tous passer des messages sur nos feed facebook de gens positifs qui veulent reconstruire. Le président de la république se déplace et veut venir en aide.

Ah oui, mais ça c'était quand on faisait la une des journaux, maintenant c'est passé ça, ça fait un mois, il y a eu des attentats depuis, une rentrée médiatique, on est plus l'ordre du jour, alors la Guadeloupe, l'Etat et les collectivités commencent à se demander pourquoi ils devraient payer pour Saint Martin après tout. Il y a eu d'autres cyclones. Après tout, c'est que des riches là-bas.

Ici, les salariés font du bénévolat, vont aider des amis, se vident la tête, persuadés que tout va bien se passer, jusqu'à ce que l'entrepreneur soit obligé d'expliquer que finalement, il va devoir licencier, parce que, ce n'est pas possible dans l'état actuel des choses. L'employé va s'énerver et s'en prendre au patron, on avait assuré de l'aide, on avait promis, on a voulu croire, mais la réalité est la même qu'avant : "Entrepreneurs : Demerdez-vous" "Salariés, vous inquiétez pas, vous aller toucher le chômage, pour un temps" Et comme nombreuses questions beuglées à la CCISM ce matin, sur le reste, l'Etat fait la sourde oreille.

On me dit qu'il y avait 8000 personnes qui ont quitté l'île, comptez peut être 50 à 100 entrepreneurs de plus qui vont dégager même si ce n'était pas leur but premier, parce qu'on leur promet monts et merveilles pour les coller une fois de plus dans la boue.
Et que je n'entende personne râler parce qu'ils "quittent l'île comme des lâches", peut être que quand vous vous serez fait piller votre stock, qu'on vous a éventré votre magasin, que vous avez eu la peur de votre vie, que vous avez angoissé pour la reprise puis gagné un peu de courage puis encore une fois vous êtes fait massacrer par le mur des illusions, peut être que LA vous pourrez juger ceux qui se barrent.
En attendant, moi je prends mon billet, parce que les promesses et les questions laissées lettre mortes, ça va fait des années qu'on a l'habitude ici, ça finira comme d'habitude, du pareil aux mêmes et les artisans, entrepreneurs, managers, vous avez qu'à casquer...

Comme d'habitude l'état n'a pas anticipé. Que les dossiers des entreprises qui sont à jour de la TGCA et qui sont sérieuses soient en priorité traitées. Pour le chômage que les indemnités soient calculées par rapport au fiche de paie. Tout ceci va peut être permettre d'assainir l'économie de l'île. Le personnel ne voudra plus de salaires non déclarés et les entreprises payerons ce qui est du à la COM ......
Courage