23.09.2017

On se bat pour acheter du pain et obtenir de la nourriture

Près de trois semaines après le passage de l’ouragan le plus puissant, la vie reprend très progressivement à Saint-Martin. Les réserves de nourriture non abîmées, faites avant le cyclone, sont terminées et il est nécessaire d’aller s’approvisionner. Soit dans les épiceries chinoises toujours ouvertes, soit au supermarché Super U, soit aux points de distribution. Et souvent, la tension y est grande. Chacun est fatigué, stressé, a chaud, en a marre d’attendre. Ce qui provoque des scènes d’incivilité.

Il y a quelques jours devant la gare maritime à Marigot, Martine faisait la queue pour avoir de l’eau. «Des femmes tentaient de passer devant les autres ! Du coup, les autres se sont mis en colère et tout le monde s’est insulté ! », raconte-t-elle totalement désolée. «On est tous dans la même situation ! On doit prendre notre mal en patience, nous n’avons pas d’autre choix».

Sur la route de Mont Vernon, Sandrine est elle aussi stupéfaite. Elle attend devant une tente de la Croix Rouge dont les membres donnaient notamment des moustiquaires et des jerrycans. «J’étais dans la file quand une voiture s’arrête pour laisser descendre un enfant et rejoindre une personne qui était devant moi. Quelques minutes plus tard, une autre personne arrive et passe aussi devant tout le monde au prétexte qu’elle est avec quelqu’un qui est devant. Leur comportement a suscité l’énervement de tout le monde», raconte-t-elle. «Mais finalement l’enfant n’a rien pu avoir car la Croix Rouge distribuait un produit par famille», précise-t-elle.

Autre scène d’incivilité à Super U au rayon du pain. Quand un membre du personnel arrive livrer le pain, c’est la cohue. En moins d’une minute, tous les pains sont distribués. Depuis quelques jours, la direction organise la livraison dans la file réservée aux paiements par carte bancaire ; les clients le savent et attendent devant bloquant ainsi le passage aux autres clients. Et dès que le pain arrive, tous ceux qui étaient derrière tentent de passer devant. L’employé qui donne le pain somme les gens de faire la queue assurant qu’il y en aura pour tout le monde, mais il parle dans le vide. Les clients se bousculent, font passer les enfants pour attraper un pain. D’autres essayent d’avoir une deuxième baguette prétextant que c’est pour quelqu’un d’autre. C’est chacun pour soi. Pour un pain qui vaut 87 centimes d’euros.

Estelle Gasnet
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Témoin d'observer que l'aide aux vitimes du cyclone reste mal organisée, générant angoisse et frustration au sein de la population. L'Etat met-il en oeuvre suffisemment de moyens pour résorber la situation ?