08.06.2017

La recherche généalogique, "un voyage dans le temps"

Les archives territoriales de Saint-Martin, un lieu pour la recherche généalogique.

Depuis leur ouverture en décembre 2014, les archives territoriales de Saint-Martin ont accueilli 678 lecteurs pour 3200 documents d'archive communiqués. Si bien qu’aujourd’hui les recherches généalogiques représentent 80% des demandes. Ainsi, en 2016, 339 personnes se sont rendues dans la salle des archives pour y effectuer des recherches généalogiques. En tout, elles ont consulté 1350 documents. « La demande est de plus en plus croissante » assure Stéphanie Dargaud, la directrice des Archives territoriales et du patrimoine. En plus de celle des particuliers, la demande administrative (notaires, cabinets de généalogistes) a augmenté de 81 % l’an dernier.

Diversification des publics

Une recherche généalogique est une démarche qui permet de retrouver ses ancêtres. On va retrouver ses ascendants et tous les collatéraux. «C’est une science très ancienne. Aux XVIe et XVIIe siècles on la pratiquait essentiellement pour établir sa lignée et prouver son appartenance à la noblesse. Aujourd’hui son développement est spectaculaire et on assiste à un renouveau des publics depuis une vingtaine d’années » avance Stéphanie Dargaud. Jusqu’à la fin des années 90, la généalogie, alors chronophage, consistait surtout en un passe-temps pour retraités parce qu’il fallait se déplacer pour consulter les différentes sources. Elle attire désormais de plus en plus de jeunes. Les recherches sont facilitées depuis que les services publics d’archives ont engagé beaucoup de moyens et de temps dans la numérisation des registres d’état civil, et grâce au développement des nouvelles technologies qui permettent d'y accéder quand on le souhaite et de n'importe où. 

Les différentes sources

Il existe différents types de documents qui permettent de retrouver ses ancêtres. Les registres d’état civil constituent la principale source. On y trouve les dates et lieux de naissance, de mariage et de décès, l’adresse et parfois le lieu d’accouchement, ainsi que la profession non seulement du parent mais aussi du témoin. Figurent aussi parfois d’autres éléments compris dans les mentions marginales (écritures dans la marge) telles que la date de reconnaissance des enfants, les mentions d’un éventuel mariage antérieur… qui permettent de diriger les chercheurs vers d’autres sources. « La connaissance des lieux de naissance est primordiale. Si les personnes sont nées à Sint Maarten par exemple elles n’apparaîtront pas dans les registres d’état civil de Saint-Martin. Il faut également connaître le prénom de ses ancêtres et pas simplement leur surnom » assure Stéphanie Dargaud qui rappelle que la gestion des archives dépend de chaque état et de sa législation. Les registres de Saint-Martin sont très bien tenus, et on peut voir que l’écriture y est très appliquée.

La législation française impose toutefois un délai de 75 ans pour autoriser la consultation des registres de naissance et de mariage, aux particuliers – tandis que les décès sont communicables immédiatement. Les notaires sont habilités à demander ces actes, notamment dans le cadre de successions.

Les actes notariés constituent une autre source à la recherche généalogique. Ils permettent de comprendre la composition totale des foyers, leur niveau de vie…Si un ascendant a effectué une demande de naturalisation, on peut également trouver des informations dans les dossiers de demande de nationalité. Si les ancêtres ont exercé certaines professions (militaire, commerçant, ou fonction publique) il existe d’autres sources permettant d’obtenir plus d’informations.

Un voyage dans le temps

Il existe beaucoup de plateformes payantes sur internet qui proposent l’accès à des sources ou à des arbres généalogiques déjà réalisés, mais pour Stéphanie Dargaud, « rien ne vaut le fait d’effecter ses recherches soi-même ». Les services publics d’archives assurent une consultation gratuite de sources fiables et authentiques. L'accueil dans les services d'archives permet également de poser des questions et de bénéficier de conseils et orientations personnels pour leurs recherches. En plus de l’aspect affectif (l’accès aux documents originaux permet de voir la signature d’un aïeul par exemple), cela évite les erreurs de lecture et les fausses interprétations. «A Saint-Martin cet accompagnement en salle de lecture est très important. Le public est essentiellement anglophone et il faut expliquer le fonctionnement de l’administration française et les subtilités linguistiques afin de permettre aux personnes de devenir autonomes dans leurs recherches et d'en retirer les informations nécessaires et utiles » ajoute-t-elle. 

Toutefois, certains cercles ou association de généalogistes vérifiés et certifiés peuvent s’avérer utiles. Notamment lorsque l’on a des recherches complexes à effectuer. Certaines personnes s'improvisent "généalogiste" sans compétence réelle ni les accréditations nécessaires à la consultation des actes de moins de 75 ans, au risque pour le demandeur d'avoir un résultat parfois erroné. Outre les différentes migrations et le métissage, la difficulté principale dans la Caraïbe et donc à Saint-Martin, est de remonter avant l’affranchissement des esclaves. Il n’y a par exemple aucun registre de matricules des esclaves de Saint-Martin avant 1848. Il est donc très difficile de retrouver de quel pays ou tribu provenaient ses ancêtres. Il faut alors confronter différentes sources ou consulter le site Généalogie et histoire de la Caraïbe qui effectue depuis 1996 un travail de dépouillement d’ouvrages historiques et des registres d’état civil. De manière plus générale, il fallait pour apparaître dans les registres paroissiaux avant 1785 être catholique. Après cette date étaient également enregistrés les non-catholiques. C’est pourquoi la restitution des registres paroissiaux de Saint-Martin en novembre dernier est très importante.

Entamer une recherche généalogique, quelle que soit la nationalité et l’origine de la personne, correspond à un travail d’enquête. «Vous savez d’où vous partez mais vous ne savez pas où vous allez. Comme pour un voyage. Un voyage dans le temps. Il faut être prêt à se confronter à d'autres réalités, rester humble et sans jugement. » résume Stéphanie Dargaud.

Fanny Fontan
1 commentaire

Commentaires

Un article très bien documenté et pertinent ! Bravo pour la qualité ! J'encourage tous les habitants de St Martin ayant des ancêtres sur place à faire un tour aux archives territoriales !