21.02.2017

Élections COM 2017 : entretien avec Jules Charville, leader de Hope Party

Les élections territoriales pour désigner les 23 nouveaux membres du Conseil territorial de Saint-Martin auront lieu les dimanches 19 et 26 mars 2017. SoualigaPost a posé aux candidats douze questions identiques. Chaque jour, un entretien sera publié. Retrouvez aujourd’hui Jules Charville, leader de Hope Party.

♦ Comment se décide-t-on à se (re)présenter aux élections territoriales ?

Dans mon cas précis, ma décision a été prise à cause de ma déception dans tous les leaders politiques, qui pendant les dix dernières années ont eu l’opportunité de s’unir pour travailler pour le développement économique de Saint-Martin, mais n’ont absolument rien fait dans ce sens.

♦ Aujourd’hui, on parle beaucoup d’identité saint-martinoise, le Saint-Martinois ayant en effet le sentiment de l’avoir perdue. En tant que Saint-Martinois(e), partagez-vous ce constat ? Pensez-vous avoir perdu votre identité ?

Je ne dirais pas que nous avons perdu notre identité, je dirais plutôt que nous risquons de la perdre, car certaines coutumes ne sont plus transmises même oralement, des danses que nous avons connues auparavant sont en train de disparaître à petit feu (le Ponum dance par exemple) car nos aînés ont omis de nous les transmettre à l’écrit.

Grâce à l’arrivée de la technologie moderne, nous sommes envahis par d’autres cultures qui ne nous appartiennent pas.

Néanmoins certains quartiers tels que Colombier et St Louis, luttent durement pour garder la mémoire de «l’Arrow Root», du «Guavaberry», de l’histoire de «Freetown» par le biais d’associations.

♦ Depuis plusieurs mois, certaines pensées peuvent être très nationalistes. Alors qu’en métropole, on dénonce ce genre d’idées en y voyant un danger pour la société, ici on aurait tendance à les entretenir. Selon vous, est-ce moins dangereux localement ?

Effectivement, localement ce genre d’idées est entretenu par une minorité de personnes. L’extrémisme n’est jamais quelque chose à encourager. Cependant, je dirais que cela est moins dangereux localement car en France métropolitaine, nombreux sont les régions qui ont su garder leurs coutumes intactes et vivantes alors qu’à Saint-Martin nous assistons à un génocide culturel à ne pas confondre avec le Nationalisme qui favorise plutôt une race, une population.

Une population sans culture propre est vouée à une destruction certaine.

On entend toujours que le développement économique doit être une priorité parce qu’il va permettre de créer des emplois, de la richesse, etc. Bien que la fiscalité soit attractive, rares sont les investisseurs intéressés à venir à Saint-Martin. Au regard des chiffres du chômage, toutes les actions menées jusqu’à aujourd’hui ont été un échec. Si vous êtes élu en mars, quels dispositifs allez-vous mettre en place pour créer des emplois ? Avec quel objectif ?

Si la fiscalité est attractive et que les investisseurs ne s’y intéressent pas, c’est simplement parce que la campagne de marketing de celle-ci est inexistante. Nous ferons en sorte de remédier à cela, de façon à encourager certaines sociétés multinationales à faire de Saint-Martin leur siège social.

Pour la protection de nos entreprises et pour la relance de leurs activités, nous négocierons avec l’État pour une baisse des charges sociales, voire une exonération pour une période de trois à quatre ans.

Nous ferons du dossier de La Belle Créole une priorité, afin que nous puissions voir apparaître un nouvel hôtel 5 étoiles dans un délai assez court.

Nous ferons revivre le projet de troisième phase de développement de notre port de commerce, ainsi que le projet d’allongement de la piste de notre aéroport.

Nous construirons au moins deux nouvelles routes du schéma routier qui existe depuis 2007.

En matière d’emploi plus précisément, nombreux sont ceux, dont vous, qui veulent donner la priorité aux Saint-Martinois. Ce qui peut sembler juste mais il faut être réaliste et admettre qu’il y a un manque de compétences localement, notamment pour les postes d’encadrement. Comment, selon vous, est-il possible d’y remédier ? Comment peut-on former les jeunes et moins jeunes (salariés durant leur carrière pour qu’ils puissent évoluer) sur le territoire ?

Pour commencer, la « notion de manque de compétence localement » est une notion qui n’est pas fondée ou du moins, elle ne l’est plus. Nous avons des jeunes qui reviennent de plus en plus diplômés master 1, 2 et bien d’autres diplômes. Il faut déjà porter remède à cette notion de «manque de compétence locale» qui est plus un mythe qu’une réalité.

Dans un premier temps, une des choses que notre administration territoriale proposera parmi d’autres sera déjà d’encourager nos jeunes qui sortent des études supérieures à faire des formations de spécialisation d’un à deux ans dans divers domaines où l’administration territoriale ou nationale sera susceptible d’embaucher à cours, moyen, long ou très long terme. Nous prévoyons aussi d’encourager et d’accompagner ceux et celles à la préparation et au passage de concours d’entrer dans la fonction publique dans tous les secteurs (administration, gardien de la paix, gardien pénitentiaire, etc.), bref la liste est exhaustive.

Dans un second temps, nous prévoyons des changements substantiels dans notre approche de la formation professionnelle (de la professionnalisation) de notre jeune population en très grande attente. Il faut savoir que nous sommes au XXIème et que le numérique propose des simplicités en matière de formation : formation en ligne ouverte à tous (FLOT), aussi appelée cours en ligne, CLOM - Cours en ligne ouverts et massifs et les MOOC (Massive Online Open Courses).

Pour conclure sur ce sujet, nous (l’administration territoriale) devons pouvoir à tout moment savoir ce que fait notre population étudiante, c’est-à-dire le niveau de formation ou d’étude, sur le plan localité où elle se trouve. Sur le plan professionnel, le même dispositif. Un dispositif pour nous permettre de répondre aux questions de logistique, de qualification, d’expérience professionnelle est en cours d’étude. On peut d’ores et déjà vous donner le nom du dispositif « INSPIRE, Let’s us keep in touch».

En matière d’éducation, le constat dressé depuis plusieurs années est alarmant : le niveau est très bas. Pour plusieurs raisons : problème au niveau de la langue, manque d’implication des parents dans la scolarité de leurs enfants, etc. Selon vous, quel est le premier frein à la réussite de nos enfants ? Et comment peut-on le lever ?

Là-dessus, nous proposons qu’il y ait une réflexion autour d’un « Plan Mashall » pour sauver l’étude de nos jeunes et l’éducation à Saint-Martin, les détails seront dévoilés très prochainement.

Mais au-delà de cette réflexion, nous avons envisagé, de négocier avec l’État et le ministère de l’Éducation nationale afin de revoir la méthode de recrutement des enseignants, d’encourager un plus grand nombre de jeunes Saint-Martinois à poursuivre les études de professorat. Pour le moment 10% seulement des enseignants sont originaires de l’île. C’est bien trop peu.

Une autre solution ou en plus la rédaction d’un Guide spécifique à la Collectivité à remettre à chaque enseignant qui viendrait enseigner pour la première fois à saint martin.

Nous prévoyons aussi, une formation/école destinée aux parents et une vaste campagne de sensibilisation à destination des parents pour leur rappeler leur mission et leur rôle.

♦ Concernant l’aménagement de la baie de Marigot, le projet de la majorité actuelle semble ne pas avoir attiré de nombreux investisseurs. Certains en ont déjà tiré les leçons et veulent un projet à plus petite échelle. Quelle est votre position sur cet aménagement ?

Nous sommes contre tout projet de l’aménagement de la baie de Marigot qui consisterait à la remblayer. Le risque d’érosion du sable de nos plages est trop important.

Je pense que la construction d’un port de croisière est nécessaire, mais qu’il soit limité à un quai moderne, capable de recevoir quatre à cinq bateaux de la catégorie moyenne croisière.

En matière fiscale, il est difficile pour la Collectivité de recouvrer l’ensemble des impôts. Il est aussi difficile pour les contribuables de s’acquitter de l’impôt et autres taxes alors que durant des années, ils ne le faisaient pas. Les impayés ont rapporté plus de 20 millions d’euros l’an passé à la COM. Comment selon vous le système peut-il être plus performant ? Doit-on supprimer des taxes ? Baisser le taux de certaines pour inciter la population à les payer ?

Notre intention est de créer certaines nouvelles taxes qui n’affecteront pas les habitants de notre île. Nous pensons aussi créer de nouvelles taxes indirectes, en collaboration avec la partie hollandaise. Les recettes générées par ces taxes nous permettront de baisser le taux de l’impôt sur les revenus ainsi que celui sur les sociétés. 

Notre but est de passer graduellement du système de l’impôt direct au système de l’impôt indirect, et éventuellement éliminer l’impôt sur le revenu et celui sur les sociétés, à long terme, avec la collaboration de la partie hollandaise.

Depuis plusieurs années, l’écologie et d’une manière plus large l’environnement, prend une place de plus en plus importante dans le débat politique national et international. Il y a eu les Grenelles de l’Environnement, puis récemment les Cop 21 et 22. Ici, à Saint-Martin, c’est un sujet absent des débats. Ne pensez-vous pas pourtant que l’environnement devrait être le dénominateur commun à toutes les actions réfléchies et proposées ?

L’environnement joue un rôle majeur sur notre friendly Island. Néanmoins des années de négligence ou plutôt de méconnaissance des mécanismes de tri ou de QSHE (qualité-sécurité-hygiène-environnement, NDLR) par les politiques passées ont permis la dégradation de notre île en terme d’image et de propreté. Tout futur projet pour le développement économique de l’île doit être couplé avec un programme en matière d’écologie et de la préservation environnementale. Les autres pays sont à des années-lumière en termes de recyclage, de propreté, de protection de la nature. Il est temps que nous mettons des axes prioritaires pour préserver notre nature. 

Tout le monde s’accorde à dire qu’il faut un grand nettoyage de l’île. Ici, les ordures ménagères sont ramassées tous les jours, ce qui n’est pas le cas ailleurs, même en outre-mer, dans un territoire aussi petit. Que doit-on mettre en place pour que l’île soit plus propre ?

Bien sûr comme pour tout le monde, nous sommes nous aussi sensibles à l’écologie et l’environnement. Nous avons un projet ambitieux qui mettra en valeur notre écologie et valoriser notre environnement. Voici quelques mesures que nous comptons mettre en œuvre pour valoriser notre écologie et protéger notre environnement : meilleure gestion de l’eau, la maîtrise des énergies renouvelable (photovoltaïque, les normes de construction HQE, etc…), une meilleure collecte et traitement des ordures ménagères, une dynamique territoriale pour l’écologie et l’environnement et l’éducation et la Sensibilisation sur l’environnement et l’écosystème.

Tous ces points sont élaborés en concertation avec l’avis de spécialistes de l’environnement et tiennent compte des spécificités du territoire.

Qui aimeriez-vous affronter au second tour le 26 mars ?

Ma réponse reste confidentielle.

Enfin, quelle question auriez-vous aimé que vous l’on pose ?

Qu’avez vous l’intention de faire pour solutionner l’énorme problème des 50 pas géométriques à Saint-Martin ?

 

Entretien à télécharger

Estelle Gasnet
1 commentaire

Commentaires

Très bonnes questions !