26.01.2017

Mise en place d’un réseau d’aide aux victimes de violences

Juriste, médecins, forces de l'ordre, assistantes sociales et associations unissent leurs forces pour aider les victimes de violences à Saint-Martin.

Menaces de mort, coups de couteau…certaines victimes de violences font parfois le choix de quitter l’île pour assurer leur sécurité et celle de leurs enfants. En 2016, la gendarmerie de Saint-Martin a reçu plus de 200 plaintes pour violences. Les différents acteurs locaux concernés essaient de mettre en place un réseau d’aide aux victimes afin de coordonner leurs actions. L’objectif étant non seulement de les protéger elles, mais surtout leurs enfants, notamment dans les cas de violences intrafamiliales. Depuis sa création, l’association Trait d’Union a traité 138 dossiers, dont 10% concernent des faits de violences conjugales.

Permanences à la PASS

Pascale Famy, seule médecin généraliste femme de l’hôpital, travaille depuis mi-novembre 2016 à la PASS. La PASS (Permanence Aux Soins de Santé) siège dans le préfabriqué situé entre l’entrée des consultations externes et celle des urgences de l’hôpital Louis Constant Fleming. Exigée par l’ARS, la permanence permet aux personnes qui ne possèdent pas de sécurité sociale, ou de papiers, de consulter un médecin. L’équipe reçoit une centaine de patients par mois et se compose en plus du médecin, d’une secrétaire et d’une assistante sociale.

Depuis le mois de décembre, cette équipe s’est enrichie des services de la juriste de l’association Trait d’Union, Hélène Bordas, qui y assure une permanence tous les lundis après-midi. « Lorsque pendant mes consultations je reçois des victimes de violences je ne peux qu’assurer le côté médical » avance Pascale Famy. Hélène Bordas est donc là pour faire le lien avec la justice et accompagner les victimes dans leurs démarches en les incitant notamment à porter plainte à la gendarmerie. Pour que la plainte soit recevable, il faut fournir un certificat de coups et blessures. Délivré par un médecin légiste, ce certificat sert à définir précisément le nombre de jours d’ITT (Incapacité totale de travail) afin de qualifier pénalement ces violences. Il faut également assurer un suivi psychologique des victimes. 

Permanences au Manteau

Le CHRS Le Manteau est également un maillon important de ce réseau en création depuis le mois d’octobre. Hélène Bordas y effectue des permanences tous les mercredis matins entre 8h30 et 12h30. La demande est telle que lorsqu’elle arrive, les rendez-vous s’enchaînent. Elle reçoit ainsi quatre à cinq personnes par semaine. « Lorsque j’arrive sous le porche il y a toujours quelqu’un qui a des questions à me poser, ce sont des victimes de la société en général, pas forcément d’infraction pénale » décrit la juriste.

Le Manteau est un centre d’hébergement d’urgence qui accueille les femmes victimes de violences depuis octobre 2014. L’association offre par ailleurs un accueil de jour à toutes les personnes en situation de précarité : repas, douches, vêtements, laverie, boîte postale ainsi que plusieurs ateliers. Les travailleurs sociaux formés : deux animateurs, un médiateur, une monitrice éducatrice et une assistante sociale reçoivent les usagers lors d'entretiens afin de faire un bilan de leur situation et voir comment les accompagner.  L’association assurait une permanence pour les femmes victimes de violences à Concordia mais a dû stopper faute de moyens. La création d’une permanence juridique répond donc à un besoin concret. « La présence de la jusriste permet de concentrer le nombre de professionnels au sein du centre », commente la directrice Audrey Gil qui précise qu’une infirmière de la Croix Rouge vient également assurer une permanence. Les permanences au sein du Manteau ont l’avantage de centraliser les informations et les rendez-vous. Pour cause, « on peut ainsi répondre aux personnes directement et sur place, selon leur besoins et certaines situations peuvent désormais se débloquer plus facilement » ajoute-t-elle.

Une permanence juridique pour les victimes de violences devrait bientôt voir le jour au sein de la gendarmerie. Dans quelques mois, le bureau d’aide aux victimes se situera dans la nouvelle chambre détachée du tribunal, actuellement en construction. En attendant, en plus des permanences à la PASS et au Manteau, les victimes peuvent prendre rendez-vous avec Hélène Bordas par téléphone, ou directement au siège de l’association Trait d’Union à Grand-Case. 

Photo : Pascale Famy et Hélène Bordas devant la PASS

Fanny Fontan