09.11.2018

La Caricom explique pourquoi l'usage de la marijuana dans la Caraïbe devrait être dépénalisé

Un rapport sur les enjeux a été rendu l'été dernier par une commission de la Communauté caribéenne.

En 2014, les membres de la Caricom ont validé la mise en place d’une commission dite marijuana. Son but a été d’examiner les tenants et aboutissants de la légalisation de ce produit stupéfiant dans la Caraïbe. Elle a récemment publié un rapport de 137 pages sur le sujet.

L’idée de cette réflexion est partie du constat suivant : plus de 1 000 personnes sont ou ont été incarcérées dans toute la Caraïbe pour avoir consommé du cannabis et à leur sortie de prison elles ont continué de consommer, malgré leur condamnation. En d’autres termes, la loi et la prison n’ont aucun impact.

«La majorité de la population caribéenne pense que les lois en la matière sont inefficaces, discriminatoires et profondément injustes», rapportent les membres de la commission. Ils mentionnent des sondages montrant qu’aujourd’hui il existe «un soutien écrasant  à une réforme du droit». A la Barbade, la population souhaitant une réforme est passée de moins de 30 % il y a trois ans à plus de 63 % en 2017. Idem à Grenade et à Antigua où presque deux-tiers de l’opinion sont favorables à une évolution de loi.

Dans cette région du monde, la consommation de marijuana représente «un mode de vie», une culture. La marijuana a été introduite durant la période qui a suivi l'émancipation dans les pays des Caraïbes (Guyana, la Jamaïque et Trinité-et-Tobago) par des travailleurs sous contrat de l'Inde de l'Est. «La désignation cannabis/marijuana en tant que substance illégale et drogue dangereuse est relativement récente. Pendant la majeure partie de notre histoire, le cannabis/marijuana était une substance libre, cultivée naturellement et facilement dans toute la région. En effet, de nombreux citoyens de la Caricom ont des souvenirs de leurs grands-parents et de leurs ancêtres qui consommaient du cannabis/marijuana de manière bénigne, comme le «bash tea», avant l’apparition de la prohibition ou, au moins, de son application stricte. En dépit de son importance sociale, la culture et l'importation de marijuana ont été officiellement criminalisées en 1913 en vertu de la loi sur l'opium en Jamaïque et la législation ultérieure a élargi la portée de la prohibition. La criminalisation ailleurs dans la région a été introduite dans les années 1930 conformément à l'ordonnance de 1937 sur les drogues dangereuses au Royaume-Uni», peut-on lire dans le rapport.

La commission de la Caricom souligne que de nombreuses personnes considèrent que l’interdiction de consommer et de cultiver «empêche la région de tirer parti des possibilités économiques offertes par l’industrie du cannabis et la recherche médicale» et fait obstacle à «l’accès à des médicaments pouvant soigner plus efficacement et à moindre coût que produits pharmaceutiques traditionnels».

L’exemple de la Jamaïque qui a dépénalisé l’usage et rendu légale la consommation de petites quantités en 2015, a été cité. Selon les éléments recueillis, la consommation générale n’a pas plus augmenté dans le pays et le nombre de crimes a sensiblement diminué. Le nombre de personnes approuvant la réforme est passé de 70 à 90 %.

La commission de la Caricom a en outre commandé une étude sur l’impact économique qu’aurait la dépénalisation de la marijuana dans la Caraïbe. Les résultats montrent que les bénéfices pour les économies locales seraient plus grands si la consommation et la culture étaient autorisées mais selon des règles bien précises (prix de vente fixe et taxes modérées).

«Les agriculteurs de marijuana qui étaient autrefois considérés comme des criminels seront désormais acceptés comme des agriculteurs respectés et entrepreneurs contribuant à l’économie locale licite », notent les membres de la commission.

Ces derniers espèrent que «ce rapport constituera un outil de développement important axé sur les droits de l'homme et les idéaux démocratiques, en accord avec les objectifs de développement durable que la CARICOM a adoptés et qu'il apportera un changement significatif pour les populations de la Caraïbe ».

Nota bene : la commission indique que les mineurs et les automobilistes ne doivent pas consommer de marijuana.

Estelle Gasnet
4 commentaires

Commentaires

Belle explication de la caricom qui s apparente à de l angelisme ou à une belle volonté de transformer les Caraïbes en un vaste champ de culture de cannabis avec les dérives envisageables ...,sauf que la france n est pas membre et que la loi de la république française doit être la même sur tout son territoire.
Quel intérêt de cet article ???

préparer l opinion publique tout simplement !!!!

C'est assez incroyable,
alors que les études les plus fiables montrent les effets dévastateurs du THC sur la santé mentale et physique et une augmentation du risque d'accidents (routiers, professionnels), comment une instance dite régionale peut-elle faire de telles propositions?
Je ne vois que la volonté d'annihiler une partie de la population pour mieux la maitriser...
Une nouvelle forme d'esclavage!

Bonjour!En effet c est assez incroyable de lire de tel absurdité. Déjà ce qui pourrait augmenter le nombre d accidents sur la route, c est peux t être l alcool, et l augmentation du nombre de voiture. Ensuite incroyable en 2018 que des gens qui ont accès à Internet, puissent ignorer que l on a tous dans notre corp un système endocannabinoide. Et que nombreuses études clinique sont accessibles au sujet des cannabinoides sur le net. Merci de vous renseigner sur un sujet avant de rabâcher, toujours le même discours alarmiste, qui est loin de la réalité du sujet.
Alors si vous êtes prêt à vous ouvrir un peu sur le monde, je vous laisse des mots clés,
CBD ,THC, Système endocannabinoides ,RAPHAËL MECHOULAM, stuart titus, Pierre-Yves desprez, cristina Sanchez, huile de chanvre, proteine de chanvre, isolation en chanvre, sativex , epidiolex.