25.10.2016

2012-2017 : quel bilan économique peut-on dresser

À cinq mois des prochaines élections territoriales, les premiers bilans se dressent. Nous nous intéressons dans un premier temps à celui de l'économie (hors tourisme).

En mars 2012, la majorité s’est installée avec un leader, Alain Richardson, mais aura agi avec une autre, Aline Hanson. Pour autant, ils ont été élus avec un programme commun, celui du RRR (Rassemblement, Responsabilité, Réussite), qui comportait un volet économique.

♦ Le programme de 2012
«Relancer et structurer l’économie afin de créer richesse et emplois», telle était l’ambition du RRR. Neuf principales actions avaient été priorisées :
-    Réfléchir à un développement concerté du territoire
-    Encourager l’industrie à forte valeur ajoutée (transformation, exportation)
-    Redynamiser le front de mer et réhabiliter le quai de Grand Case
-   Créer un fond de développement et de l’entrepreneuriat social en générant des solutions qui conjuguent utilisé sociale et efficacité économique
-    Renforcer des dispositifs de microcrédits en vue d’une croissance économique locale
-    Créer une free zone de commerce interrégional, de distribution, d’import-export et d'e-commerce
-    Réajuster la fiscalité
-    Créer un pôle tourisme et immobilier global
-    Instaurer un bail à réhabilitation destiné à mettre sur le marché de nouveaux logements privés mais aussi à relancer l’activité du BTP de proximité

♦ Les réalisations
De ces neuf actions listées, deux ont été en partie réalisées :
-    la réhabilitation du quai de Grand Case. En effet, la réception administrative de l’ouvrage a eu lieu le 4 octobre dernier par l’établissement portuaire. Il convient néanmoins de préciser que ce chantier a été financé et programmé par l’établissement portuaire (certes satellite de la COM) et non pas par la collectivité directement.
Pour ce qui est de la redynamisation du front de mer, la COM a choisi la procédure de la concession pour réaliser cet ambitieux projet. La date limite pour déposer les candidatures étant le 26 octobre.
-    Le RRR voulait également «réajuster la fiscalité». Dans ce domaine, peu de changements ont été opérés, à part la hausse de deux points de la TGCA pour la porter à 4 % ; une décision qui avait été prise au moment de la signature de la convention entre la COM et l’Etat-Agence française de développement le 12 décembre 2012. L’AFD accordait un prêt mais la COM devait prouver qu’elle était capable d’accroître ses recettes.
Dans cette même perspective, la COM a aussi augmenté la taxe passager (fixée initialement à 10 euros) pour les passagers partant de l’aéroport de Grand Case. Son produit devait servir à rembourser le prêt qui devait être octroyé pour acquérir les terrains en vue de l’extension de la piste.
Toujours pour accroître ses recettes, la COM a instauré la fameuse contribution de 100 euros ; une somme que les contribuables doivent payer pour obtenir leur avis d’imposition. Cette «contribution» devait aider la COM à payer les factures à l’État en matière de recouvrement.

♦ Les autres actions
Parmi les principales actions que la COM aura réalisées durant ces cinq années, on peut citer : la rénovation des carbets à la Baie Orientale (même si ce projet a été boosté par le cyclone Gonzalo en octobre 2014), la mise en place de la zone bleue en centre-ville de Marigot, la publication du guide pour les investisseurs «Doing business in Saint-Martin».
Au delà de l’aspect esthétique qui doit être apprécié par chacun selon ses goûts, les carbets de la Baie O. apportent une valeur ajoutée certaine au site reconnue par les touristes. Pourtant, l’opinion publique retient de ce chantier l’image d’un fiasco. La livraison qui avait été reportée de plusieurs mois, les couacs dans les aménagements, et surtout la hausse des loyers pour les exploitants ainsi que leur révision sous la pression, ont effacé toutes chances pour la COM de se mettre en valeur.
Il en est de même avec la mise en place de la zone bleue en centre-ville de Marigot. Après des années de plaintes des uns et des autres pour se garer une place en centre-ville, la COM décide de réglementer le stationnement et de le limiter à 1h30 en juin 2016. Elle met en place en parallèle une navette gratuite entre le parking de Galisbay et la ville. Mais celle-ci n’est pas utilisée. Et surtout, deux mois plus tard, l’établissement des eaux et de l’assainissement (satellite de la COM) lance un immense chantier : celui du renouvellement des canalisations d’eau dans les principales artères commerçantes. On ne retiendra qu’une chose : «la COM fait tout pour tuer le commerce».
Enfin, il conviendra de noter la réorganisation et la réhabilitation du marché touristique à Marigot ; les mesures prises (réfection des portes, menuiserie, peintures, réattribution des emplacements, etc.) étant citées dans le bilan du pôle économique des rapports des services en 2013 et 2014.

♦ Emploi : quasiment autant de personnes inscrites à Pôle Emploi en catégorie A
Pour apprécier le marché du travail, nous nous sommes basés sur les chiffres de Pôle Emploi même si nous savons qu’ils ne reflètent pas l’entière réalité. En septembre 2016, 4 326 personnes sont inscrites à Pôle Emploi en catégorie A, soit autant qu’en 2012 à quatre personnes près. Il convient de noter toutefois que «les chiffres à compter de janvier 2013 ne sont pas strictement comparables aux mois antérieurs en raison d’un changement des règles de radiations administratives et de l’introduction de l’âge en fin de mois».
Si les femmes sont moins nombreuses qu’en 2012 à la recherche d’un emploi (-4,45 %), les hommes sont, eux, plus nombreux ( + 7,3 %).
Si l’on considère toutes les catégories (de A à E) que compte la classification de Pôle Emploi, 399 personnes de plus qu’il y a quatre ans sont inscrites, soit un total de 5 139 personnes à fin septembre 2016 (+8,4 %).

♦ Aides aux entreprises
Les aides aux entreprises ont toujours été limitées. Le budget moyen alloué annuellement est de 240 000 euros dont une partie est destinée à Initiative Saint-Martin Active (70 000 € en 2013 et 95 000 € en 2014) et une autre allait à l’association des commerçants (60 000 euros en 2013).

 

Estelle Gasnet