26.03.2024

Tentative de vol à main armée dans une boulangerie : des victimes "traumatisées", un auteur interpellé

Le 8 novembre, la boulangerie du front de mer à Marigot a fait l’objet d’une tentative de vol à main armée. Quatre employés étaient présents au moment des faits. Vivre cette situation est une hantise pour bon nombre de commerçants et restaurateurs. Ces victimes ont vécu « l’un des moments les plus traumatisants de leur vie ». 

L’attaque s’est déroulée aux alentours de 5 heures du matin lorsque deux hommes au visage masqué et mains gantées pénètrent au sein de la boulangerie par la porte de service qui se trouve à l’arrière. Ils sont munis d’une arme de poing ainsi que d’une pioche. À ce moment-là, les salariés préparent l’ouverture de la boulangerie, les agresseurs font irruption et donnent l’ordre aux employés de se coucher par terre dans la partie commerciale.

Les victimes sont menacées par une arme et battues, « pendant un certain temps ». À l’une d'elles, un des auteurs adresse : « On ne vous fera pas de mal, sinon vous seriez déjà mort ». De plus, il a été demandé aux employés de fournir l’emplacement du coffre-fort et d'en remettre la clé. Les individus ont fouillé dans la caisse et la réserve mais n’ont trouvé aucun argent et numéraire et sont repartis. 

Vendredi dernier, l’un des auteurs A.M. qui avait été placé en détention provisoire le 21 mars, a été présenté en comparution immédiate devant le tribunal de proximité de Saint-Martin. Ce jeune homme, âgé de 24 ans, était seul, car son complice n’a pas été identifié pour l’heure. L’affaire n’a pas été jugée immédiatement puisque le prévenu a demandé un délai afin de préparer sa défense comme le lui accorde la loi. Le tribunal a touteofois dû statuer sur la situation de l’auteur des faits, notamment s’il reste en détention provisoire ou non.

A.M a été identifié grâce à une de ses empreintes relevées sur le tiroir-caisse de la boulangerie, ce dernier était déjà connu des fichiers judiciaires. Son casier porte la trace de deux condamnations pour refus d’obtempérer et en récidive légale. En outre, son téléphone a été localisé à Saint-Martin le jour des faits alors qu’il est censé vivre et travailler à Saint-Barthélemy.

Lors de sa garde à vue, l'individu s’est montré peu coopératif. « Vous avez eu un comportement qui a posé problème aux gendarmes qui ont été obligés de vous mettre au sol puisque vous n’arrêtiez pas de bouger, c’était compliqué », explique la juge. Ce qu’il conteste d’un hochement de la tête. De plus, il a nié les faits à plusieurs reprises affirmant : «je ne connais pas cette boulangerie », « je n’y suis jamais allé ». Concernant son empreinte sur les lieux, il est « incapable » d’expliquer pourquoi elle y est. Mais au cours de l’enquête, la mère du suspect a été entendue par les gendarmes. Après avoir visionné la caméra de surveillance de la boulangerie, elle a reconnu son fils.

Depuis l’agression, « les employés sont aujourd’hui très traumatisés, notamment l’une des victimes vue par un médecin. Ce dernier a établi un syndrome anxio-dépressif, avec une incapacité totale temporaire (ITT) de 23 jours et la nécessité de voir un psychologue », explique la juge. « Une des victimes a dit qu’elle ne voulait plus venir sur l’île puisqu’elle était encore traumatisée », poursuit-elle.  

Selon le ministère public, ces victimes en plus d’être entrées en contact direct avec des armes, ont eu « la sensation de mourir avec des traumatismes importants qui les ont conduites pour la plupart à quitter Saint-Martin ».Le vice-procureur a requis le maintien en détention d’A.M, afin de préserver les victimes, prévenir le risque de pression sur les témoins et victimes sachant que le prévenu conteste « fermement les faits », et le risque de réitération. 

D’après le parquet, les deux refus d’obtempérer au casier judiciaire d’A.M montrent une volonté de se soustraire à la justice et son attitude à ne pas se laisser faire en garde à vue témoigne « d'un comportement à se soustraire à la justice» s’il venait à être remis en liberté dans  l'attente de son procès.  

Enfin, la défense plaide un contrôle judiciaire au détriment de la détention provisoire. « Vous pouvez penser qu’il n’y a pas d’autre moyen que l’incarcération pour mon client, mais c’est quelqu’un d’inséré avec un travail en CDI à Saint-Barthélemy ce qui n’est pas simple à trouver. Il a des parents impliqués dans sa vie, comme sa mère qui a participé à l’enquête. Comme il vit à Saint-Barthélemy, on pourrait lui interdire la venue sur Saint-Martin le temps de son procès ou l’autre solution, celle, qu’il reste à Saint-Martin chez ses parents s’il trouve un travail étant donné que les victimes ne sont pas sur l’île pour l’instant. Il n’y a pas que la solution de la détentention provisoire », adresse-t-elle. 

Après délibération, le tribunal ordonne le maintien en détention d’A.M et renvoie l’affaire au 24 avril, date à laquelle il sera en jugé par visio-conférence depuis la prison de Basse-Terre. 

Siya TOURE