23.03.2018

Maître Chance-Duzant : «ce n’est pas un Trumpiste des Etats-Unis»

Son client comparaissait jeudi matin devant le tribunal pour avoir transporté illégalement une arme sur un barrage après Irma.

Quatre jours après Irma, avec les riverains de son quartier, il tient un barrage à Cul de Sac afin de se protéger. «On ne voulait pas d’individus en bande dans le quartier», explique-t-il. Et pour être dissuasif, il a pris l’une de ses armes, une carabine semi-automatique. Posée sur la table, elle devait intimider. «Elle était verrouillée», précise-t-il.

Lors d’un contrôle de gendarmerie, l’arme a été vue. Son propriétaire a fait valoir le fait qu’il était tireur sportif et qu’il détenait les autorisations nécessaires pour la détenir. Ce qui a été vérifié par les forces de l’ordre. Toutefois il l’a emmenée dans un endroit sans autorisation. Aussi est-il poursuivi pour transport illégal de catégorie B.

Il était convoqué jeudi matin devant le tribunal correctionnel de Saint-Martin. A la barre, il a plaidé la légitime défense et «le cas de force majeure». Il a insisté sur «le sentiment d’insécurité qui régnait après Irma» et sur le fait que le verrou était enclenché. Si des malfaiteurs s’étaient approchés du barrage, il aurait «tiré en l’air», a-t-il assuré au tribunal qui l’a interrogé sur son comportement dans cette éventuelle situation.

Son avocate, maître Chance-Duzant, qui a souligné «la sagesse de son client», a justifié son acte par le manque d’action des autorités en matière de protection. «La situation était dangereuse et quand on voit que la préfecture et la COM ne font rien, on se demande ce que nous, nous pouvons faire pour nous protéger», déclare-t-elle. «La personne coupable n’est pas uniquement mon client», estime-t-elle. «C’est aussi Daniel Gibbs et la première vice-présidente [dont elle ne souvient plus du nom]», assure-t-elle. Et de déplorer qu’ils n’ont jamais organisé de réunions comme elle l’avait demandé quatre mois avant le début de la saison cyclonique pour préparer celle-ci.

Dans sa plaidoirie, elle a aussi cité l’exemple du Pont de Grand Case. Jeudi matin, après les averses tombées durant la nuit précédente, maître Chance-Duzant était inquiète de la montée des eaux. «On sait que cela peut déborder mais rien n’est fait. Ils mettent nos vies en danger», considère-t-elle et ainsi trouve normal que les citoyens se protègent eux-mêmes.

«J’habite derrière l’aéroport où il y avait des militaires après Irma, mais j’avais peur quand même… J’ai essayé de protéger les gens avec mes capacités, mon client a essayé de protéger les gens avec ses capacités», note celle qui précise qu’elle est néanmoins contre les armes et que son client n’est pas «un Trumpiste des Etats-Unis».

Conformément aux réquisitions du procureur qui avait reconnu le contexte particulier post Irma, le tribunal a prononcé comme unique peine la confiscation de la carabine semi automatique et des cartouches retrouvées à côté et dans le coffre de la voiture.

Estelle Gasnet
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Vivement les prochaines élections territoriales, et qu'elle se présente, on verra bien la décision du peuple ...