14.12.2017

Pillages : les premières audiences correctionnelles ont démarré

Trois affaires de pillages commis après Irma ont été jugées ce jeudi 14 décembre par le tribunal correctionnel de Saint-Martin.

Le tribunal correctionnel de Saint-Martin accueillait ce jeudi 14 décembre au matin, les premiers procès des pilleurs qui avaient profité des dégâts causés par l’ouragan Irma pour commettre des actes de vol et de recel.

Après le renvoi de trois dossiers relatifs aux préjudices subis par le Club Orient, le tribunal a jugé trois affaires – dont une de recel et deux de vol en réunion. Elles marquent le début d’une série d’audiences (environ 60) qui vont s’étaler sur les prochaines semaines.

Dans un réquisitoire un peu plus long que d’habitude, le vice-procureur Michaël Ohayon a souhaité « planter le cadre général de cette action en justice et des services d’enquête suite au passage d’Irma». Il a ainsi rappelé que plusieurs personnes avaient déjà été jugées en Guadeloupe en comparution immédiate avec mandat de dépôt pour des faits similaires mais avec pour circonstances aggravantes la détention d’une arme et/ou de stupéfiants. Une soixantaine d’autres personnes, qui avaient commis de « petits vols » et ne possédaient pas d’antécédents judiciaires, ont quant à elles écopé, selon les cas, d’un rappel à la loi, ou fait l’objet de composition pénale telle que le stage de citoyenneté et l’obligation d’effectuer des travaux d’intérêt général (TIG).

« Toutes les personnes qui sont dans cette salle et ont vécu Irma se souviennent de cette journée du 6 septembre » a poursuivi le vice-procureur avant de mentionner un peu plus loin le rapport du préfet Philippe Gustin délégué interministériel à la reconstruction des îles du Nord : les actes de pillage à Saint-Martin ont durablement choqué la population de l’île et terni l’image de Saint-Martin auprès des investisseurs.

« Ce palais de justice s’est arrêté. Cette salle a souffert (portes et fenêtres envolées, intérieur trempé). Il a fallu que l’activité du parquet redémarre ailleurs » a rapporté le vice-procureur. A partir du 8 septembre, les deux vice-procureurs alors accueillis à la gendarmerie de Concordia, ont fait redémarrer la chaîne pénale. « Les dossiers présentés concernent des faits survenus dans les dix jours après l’ouragan. Alors oui, des imperfections, il y en a » commente-t-il pour expliquer pourquoi les dossiers renvoyés en début d’audience sont incomplets. Le travail des enquêteurs a en effet été compliqué, d’une part suite à la destruction, entre autres, de la brigade de Quartier d’Orléans et du tiers du parc automobile des gendarmes, mais également par l’absence de réseau téléphonique et les mauvaises conditions de circulation pour trouver les victimes et les entendre. « On a travaillé dans ces circonstances et essayé de développer des enquêtes pour interpeller les auteurs de ces vols commis dès la nuit de l’ouragan » a-t-il ajouté.

Il a ensuite expliqué les peines maximales encourues par les prévenus (3 ans de prison pour vol, 5 ans si une circonstance aggravante (vol en réunion, local commercial…) et 5 ans pour recel) mais rappelé le principe défendu par l’article 132-1 du code pénal sur l’individualisation des peines. L’objectif est de proposer une réponse pénale adaptée et proportionnelle aux faits commis.

Fanny Fontan