31.05.2017

Deux ans de prison pour avoir tiré sur son voisin

Un homme était présenté en comparution immédiate devant le tribunal correctionnel de Saint-Martin ce mercredi 31 mai pour avoir tiré sur son voisin.

« Il n’est pas si méchant que vous le dites. Regardez, il a deux de tension ! » fait remarquer maître Brunet, l’air dépitée, à la fin de sa plaidoirie. Son client J.L.M, est présenté ce mercredi 31 mai en comparution immédiate au tribunal correctionnel de Saint-Martin pour violences avec arme (pistolet semi-automatique) ayant entraîné un ITT de quatre jours, ainsi que pour port et transport d’une arme de catégorie B sans y être autorisé.

Le 16 mai aux alentours de 20h A.W se rend pour la deuxième fois de suite dans une supérette située à proximité de la médiathèque. Une fois ressorti, il marche en direction de chez lui, et entend quelqu’un crier « Hey yo ! ». Alors qu’il est en train de se retourner, il reçoit une balle qui traverse son flanc droit. L’auteur des coups de feu est son voisin, J.L.M. Les relations entre les deux hommes sont tendues depuis plusieurs mois. A.W accuse J.LM d’avoir incendié sa voiture. Et J.L.M reproche à A.W de se garer systématiquement devant chez lui et de faire aboyer son chien.

Entendue par les gendarmes alors qu’elle se trouve encore à l’hôpital, la victime rechigne à donner l’identité de son agresseur. « Ce n’est pas comme ça que j’ai l’habitude de régler mes problèmes » explique apparemment A.W sur un ton arrogant. Une fois identifié, J.LM est convoqué à la gendarmerie. Il écourte alors son séjour à Saint-Barthélemy où il cherche du travail et vient coopérer. Selon lui, son tir est un acte de défense. Il aurait cru que A.W était en train d’attraper une arme dans sa ceinture. Mais la sienne étant déjà chargée il a tiré en premier. Des explications qui ne convainquent pas les enquêteurs. Et il n’y a aucun témoin pour confirmer ou infirmer ces faits.

Son avocate plaide la bêtise : « J.LM a des problèmes de compréhension. […] Il n’a pas l’intelligence pour avoir l’agressivité nécessaire pour faire un meurtrier ». J.LM, pourtant francophone, a beaucoup de mal à s’exprimer à la barre et ne semble pas comprendre les questions que lui pose le président du tribunal Gérard Egron-Reverseau. Il explique tant bien que mal posséder une arme pour se protéger. Son avocate renchérit « Ces deux messieurs habitent à Santa Monica où c’est la loi du far west ».

En plus de sanctionner un homme, le vice-procureur Michael Ohayon souhaite que le délibéré soit «une réponse à tous ces discours de banalisation du port d’arme ». « Prendre une arme à feu et tirer quasi à bout portant c’est très grave » déclare-t-il. Il estime que le prévenu a « frôlé la cour d’assises » parce que les choses auraient pu très mal se terminer : il n’était pas loin de toucher un organe vital. Il requiert donc cinq ans de prison dont un an avec sursis, ainsi que plusieurs interdictions et obligations.

Après en avoir délibéré, le tribunal est plus sévère que les réquisitions au regard de la gravité importante des faits et de leurs circonstances. Il condamne J.LM à quatre ans de prison dont deux avec sursis et mise à l'épreuve pendant deux ans comportant l'obligation de rechercher un emploi, l'interdiction d’entrer en contact avec la victime et de porter une arme pendant quinze ans. Il devra également indemniser la victime (qui s’est constituée partie civile suite aux conseils de l’association Trait d’union, présente à l’audience), lorsque son préjudice et ses conséquences seront expertisés.

J.LM, placé en garde à vue, puis en détention provisoire à Saint-Martin en attendant sa comparution, conformément à la décision du juge des libertés et de la détention de Basse Terre, est maintenu en détention. Il prend l'avion en fin d'après-midi afin d'être incarcéré dans la soirée à Baie Mahault. 

 

 

 

Fanny Fontan