27.10.2016

Affaire Bianca : 18 mois de prison avec sursis requis à l’encontre du pédiatre et 6 mois avec sursis à l’encontre du chirurgien.

Deux médecins du centre hospitalier Louis-Constant Fleming dont un n'exerce plus, sont poursuivis pour homicide involontaire. Ils ont comparu ce jeudi devant le tribunal correctionnel de Saint-Martin, qui doit apprécier leur responsabilité dans la mort d’une fillette survenue le 1er mars 2010.

Pour le vice-procureur, Yves Paillard, cette affaire mérite «le débat public». Bianca est une fillette de trois ans décédée à l’hôpital de Saint-Martin où elle avait été admise deux jours et demi plus tôt, soit le vendredi soir. Elle souffrait de maux de ventre et vomissait beaucoup. Dès qu’il a été informé de sa mort le lundi matin par la maman qui était à l’hôpital, le père est allé directement à la gendarmerie déposer plainte pour non assistance à personne en péril. Durant le séjour à l’hôpital, il a pu voir l’état de sa fille s’aggraver et il considère que les médecins n’ont pas agi comme ils auraient dû. Précisément le pédiatre, le docteur FC, et le chirurgien PL, qui l’ont suivie.

Une enquête a été conduite. Un juge d’instruction a été nommé. Trois expertises ont été réalisées. L’instruction a duré cinq ans. Et il en résulte que les médecins auraient fait de mauvais diagnostics et n’ont pas pris les bonnes décisions. Selon les experts, l’état de Bianca nécessitait une évacuation sanitaire en Guadeloupe dès le dimanche matin. Or, elle n’a été sollicitée que dans la nuit de dimanche à lundi. Au cours de cette nuit-là, son état s’est encore aggravé. Bianca était en état de choc. Elle fera un double arrêt cardiaque au petit matin.

«Dans la nuit, vers minuit, Bianca est devenue très agressive. Elle a arraché sa sonde gastrique. Les infirmières lui ont attaché la main pour pouvoir la lui remettre. Bianca criait très fort. Elle a vomi orange pâle alors qu’elle n’avait pas mangé depuis vendredi. Elle était gelée. Les médecins ont fait chauffé des serviettes au micro-onde. Je me suis rendue compte qu’elle partait… Les médecins m’ont demandé de sortir», a raconté la maman aux gendarmes auprès de qui elle a aussi porté plainte. Une réanimation a été tentée mais en vain.

Pour le vice-procureur, «une succession de négligences» a entraîné la mort de la fillette. «Elle n’est pas morte d’une occlusion en tant que tel, mais à cause d’une occlusion mal traitée», poursuit-il. [Nous détaillerons dans un article à paraître vendredi les négligences reprochées]. Ce qui frappe Yves Paillard est «le manque de remise en question» des médecins. Après avoir signé l’acte de décès, «le pédiatre ne se dit pas : je suis passé à côté de quelque chose…» Le vice-procureur lui reproche son «manque de conviction et d’assurance». «Il n’a pas cherché à connaître les causes du décès», répète-t-il.

Au chirurgien, il lui reproche de ne pas s’être intéressé au cas de la fillette dans la journée de dimanche alors qu’il l’avait suivie le samedi et que sont état n’était pas bon.

Le parquet a requis une peine de dix-mois de prison avec sursis à l’encontre du pédiatre et une peine de six mois de prison avec sursis à l’encontre du chirurgien.

De leur côté, les parents se sont constitués partie civile et réclament chacun 50 000 euros. Les deux grands-parents se sont aussi constitués partie civile et réclament 15 000 euros.

Le jugement a été mis en délibéré au 26 janvier 2017.

Estelle Gasnet