03.09.2016

Comment accueillir un million de touristes supplémentaires en un an ?

Telle est la question que chacun se pose au lendemain de l’annonce par le ministre des Finances de Sint Maarten du projet hôtelier à Belair, dit "Pearl of China". Richard Gibson a en effet dévoilé la construction d’un complexe gigantesque de 350 chambres et 450 appartements par une société chinoise. Mais il a surtout révélé l’engagement des Chinois : faire venir un million de touristes par an à Sint Maarten.

Il est évident que les deux pays ne semblent pas avoir pas la même notion des chiffres. Un million sur les cent millions de Chinois qui voyagent actuellement dans le monde entier, est assurément une bagatelle. À l’inverse, un million de touristes de séjour pour Sint Maarten est énorme. Cela doit inviter à une réflexion en termes d’aménagement du territoire.

Certes, Philipsburg accueille déjà deux millions de croisiéristes par an, mais tous ne descendent pas des paquebots, et quand ils le font ils se déplacent en bus. Puis surtout ils arrivent par la mer. Aussi la première question à se poser est-elle en effet de savoir comment faire venir ce million de Chinois. Avant même de réfléchir à leur logement. Si l’on suppose qu’ils vont passer une semaine sur notre île, cela signifie que quelque 19 230 passagers vont débarquer chaque semaine à Juliana. À imaginer qu’ils voyageront dans des avions d’une capacité moyenne de 350 sièges, cela représente 55 gros appareils supplémentaires à l’aéroport.

Toutefois, l’on peut penser que ces séjours sur la friendly island seront intégrés à un package multi-destinations dans la Caraïbe (comme c’est le cas en Europe : un jour à Paris, un jour à Chamonix pour se rendre à l’Aiguille du Midi, un jour en Espagne, etc.) et qu’ainsi, les arrivées seront différées. Tout comme les nuitées.

Car la deuxième interrogation soulevée est effectivement de savoir comment loger un million de personnes supplémentaires par an. Assurément un hôtel de 350 chambres n’est pas suffisant.

Enfin, la troisième question – et certainement la plus importante- est de voir comment les conséquences d’un projet sur le territoire, ont été appréciées. L’impact environnemental est à l’évidence aussi grand – si ce n’est plus- que l’impact économique. Sint Maarten va devoir construire de nouveaux équipements, de nouvelles routes, va devoir être en mesure d’augmenter sa production d’eau et d’électricité. Autant de défis qui paraissent relativement compliqués à relever.

Estelle Gasnet