30.05.2019

PPRN : la 3e réunion publique n'a pas pu se tenir

Comme la deuxième, la troisième réunion publique n'a pas pu non plus se tenir. Elle devait avoir lieu mercredi à la cité scolaire.

Tout est question de principe. Tel était le maître mot des Saint-Martinois venus en masse une nouvelle fois assister à la réunion publique sur le PPRN mercredi en fin d’après-midi. Et ils l’ont bien exprimé auprès des services de l’Etat, organisateurs de la réunion.

Convoqué à 17 heures, le public a commencé à arriver bien avant. A 17 heures, plus de 250 personnes étaient déjà présentes dans le réfectoire de la cité scolaire aménagé pour l’occasion ainsi qu’à l’extérieur de la salle, faute de places à l’intérieur. Ce lieu avait été choisi à la place de la salle de la CCISM qui s’était révélée trop petite le 23 avril lors d’une autre réunion publique sur le PPRN.

Il n’est pas encore 17h10 que la préfète entame son discours introductif. Tout le monde est attentif. Très attentif même. Elle précise que cette fois une interprète est à ses côtés pour traduire en anglais et entre dans le vif du sujet. Elle rappelle les grandes lignes d’un plan de prévention de risques naturels et les enjeux à réviser celui de Saint-Martin après Irma. «Trop de personnes ont tout perdu et se sont retrouvées dans de grandes difficultés financières. Il faut tout mettre en œuvre pour que les dégâts soient moins importants la prochaine fois. C’est la vocation du PPRN», déclare Sylvie Feucher. Elle insiste en outre sur le fait que «pour l’ensemble des zones, il n’a jamais été, il ne sera jamais question d’exproprier sur la base du PPRN». Elle le répète à deux reprises.

Une dizaine de minutes plus tard, elle laisse la parole au secrétaire général, Mikaël Doré, pour poursuivre la présentation.

Dans le public, Lenny Mussington – le frère de Louis Mussington conseiller territorial et leader du MJP – lève la main pour demander la parole depuis plusieurs minutes. On lui explique qu’il pourra s’exprimer lors des questions-réponses à l’issue de la présentation. Il insiste. A l’extérieur de la salle, des protestations commencent à se faire entendre. Puis une femme entre et se place devant la préfète. Et pose une question. La question qu’une grande partie des Saint-Martinois présents se posent : s’agit-il de la deuxième ou de la troisième réunion publique ? Du coup, le micro est tendu à Lenny Mussington qui repose la question à la préfète.

S’agit-il donc de la deuxième ou de la troisième réunion publique ? Pour celui qui n’a pas suivi les débats, la question semble sans intérêt. Mais pour les Saint-Martinois, elle est pleine de sens.

Pour rappel, la préfecture s’est engagée dans l’arrêté prescrivant la révision du PPRN à tenir trois réunions publiques : l’une pour lancer le projet de révision, une deuxième pour présenter la carte des aléas, une troisième pour présenter la carte des enjeux, le plan de zonage réglementaire et le règlement.

La première réunion a eu lieu le 9 avril sans avoir été annoncée par voix normale, soit par voix de presse. Aussi personne n’y a-t-il assisté. Annoncée cette fois dans les médias, la deuxième a eu lieu le 23 avril. Mais au vu du trop grand nombre de personnes et de l’absence d’interprète et face aux protestations du public, elle a été interrompue moins d’une demi-heure après avoir commencé. Le secrétaire général de la préfecture avait alors indiqué qu’elle serait reportée. Or elle ne l’a pas été.

Le 23 avril, le collectif «mobilisation unitaire» adresse à la préfète un courrier lui demandant de confirmer le report de ladite réunion et de lui communiquer la date.

Début mai, la préfecture annonce que la réunion prévue le 10 mai – soit la troisième et dernière réunion publique – est reportée en raison du droit de réserve imposé aux services de l’Etat en période électorale. Le 21 mai, elle communique de nouveau : «le mercredi 29 mai, une réunion publique d’information sur le PPRN se tiendra au lycée la Savanne cité scolaire. (…) Elle sera suivie dans le courant du mois de juin de 4 réunions publiques dans les quartiers». Aucune précision sur le contenu de la réunion n’est apportée. S’agit-il du report de la deuxième ou de la tenue de la troisième réunion publique ? La confirmation qu’il s’agit de la troisième est donnée aux médias qui ont posé la question afin de l’écrire.

Les Saint-Martinois veulent en être convaincus et l’entendre de vive voix. C’est la raison principale pour laquelle ils sont venus en masse. Ils veulent savoir si l’Etat a respecté son engagement de reporter la deuxième réunion. Mercredi, voyant que la préfète dans son discours introductif, n’aborde pas le sujet, ils se font insistants.

«Il s’agit de la troisième réunion», finit par concéder la préfète. Les réactions sont immédiates : le public se lève et proteste. «Vous ne nous respectez pas ! … Let’s go*» entend-on ici et là. Il est tout juste 17h20. La réunion a débuté il y a moins d’un quart d’heure. Des gens sortent de la salle. «Quatre autres réunions auront lieu dans les quartiers… Ce n’est pas trois réunions mais sept réunions qui vont se tenir ! », lance désespérément Mikaël Doré. «Mais la deuxième n’a pas eu lieu ! Vous aviez dit que vous la reporteriez ! Vous avez considéré qu’elle s’est tenue », répond le public.

Malgré le brouhaha, la préfète lance que la réunion se poursuit, que les personnes qui le souhaitent peuvent rester. Elle est huée. Les injures et reproches fusent. La préfète et son équipe accompagnées par les gendarmes quittent la salle par l’arrière du bâtiment.

Même si les chances étaient grandes pour que le public critique aussi vivement le nouveau règlement et les prescriptions du PPRN, il voulait déjà que «l’Etat respecte son engagement». La forme l’a emportée sur le fond.

Reste à voir désormais qu’elle sera la décision de la préfecture. Va-t-elle également acter la tenue de la troisième réunion publique ? Ou accepter de reprendre le processus à zéro.

Quoi qu’il en soit, elle devra faire un compte rendu de ces pseudos réunions et le soumettre au commissaire enquêteur qui sera chargé de l’enquête publique, étape de consultation obligatoire de la révision d’un PPRN.

*« Partons ! »

Estelle Gasnet
3 commentaires

Commentaires

Cette le est aux mains des voyous qui contestent tout sur fond de racisme. Par contre , pour toucher les allocs et le RSA , personne ne part .
Laissons les dans leur caca noir

On ne peut pas dire la même chose de ces fucking métros qui profitent de tout ça en jouant les ingénus et en méprisant les locaux...mais ça va leur arriver , on aime beaucoup la Corse ici...

Cpte-rendu instructif s/la fonction préfectorale. Incapacité évidente à dresser des liens constructifs avec les administrés. Encore une défaite, tandis que s/ le terrain les préposés de la DEAL persistent à faire chier ceux qui améliorent l'accueil touristique avec la présence de nos artistes peintres