07.11.2018

Les paquebots, manne économique mais à quel prix pour l'environnement et la santé

Des ONG ont mesuré la pollution de Harmony of the Seas qui fait régulièrement escale à Philipsburg.

Les retombées économiques pour l’île toute entière du tourisme de croisière sont très importantes. Selon une étude du cabinet américain BREA, l’activité aurait rapporté près de 500 millions de dollars américains à l’île en 2014-2015. Mais d’un point de vue environnemental, quel est l’impact ? France Nature Environnement et l'ONG allemande NABU se sont penchée sur la question à Marseille, port qui accueille de nombreux navires de croisière.

Il y a deux ans, elles se sont rendues dans la cité phocéenne pour y effectuer des relevés. Elles ont mesuré, grâce à des instruments de laboratoire, les concentrations de particules fines et ultra-fines (PUF) dans l'air. «Ces particules sont les plus dangereuses pour la santé car leur taille extrêmement petite (jusqu'à 1000 fois plus fines qu'un cheveu) leur permet de s'accumuler dans les poumons et de passer à la fois dans le sang et dans le système nerveux. Ainsi, le lien entre ces particules et l'augmentation des risques cardiovasculaires (crises cardiaques notamment), l'hypertension artérielle et la maladie de Parkinson a été démontré», expliquent-elles.

Leurs mesures ont été réalisées lorsque Harmony of the Seas, le plus gros paquebot à l’époque avec une capacité totale de 6 780 passagers, était en escale. «Les résultats sont particulièrement alarmants. En effet, plus on s’approche des navires, plus la pollution en PUF augmente. Nous avons ainsi réalisé un circuit dans la ville de Marseille et observé une pollution jusqu’à 20 fois supérieure près de l’Harmony of the Seas», rapportent-elles.

France Nature Environnement et NABU ont indiqué que Harmony of the Seas «consommerait, avec ses 16 cheminées, près de 150 tonnes de carburant». «Il émettrait 450 kg de particules fines par jour soit plus que les émissions de plusieurs grandes villes cumulées», ont-elles estimé.

L'insoutenable pollution de l'air du transport maritime

«Le pire nous a attendu à bord du navire, où une équipe de l'émission Thalassa, accompagnant notre expédition en 2016, a vu le compteur s'affoler : l'air respiré par les croisiéristes et le personnel de bord contient jusqu'à 380 000 particules ultra-fines par centimètre cube, soit 70 fois plus de pollution», précise France Nature Environnement pour qui la raison majeure de cette pollution est l’usage de fuel lourd de mauvaise qualité. «’Même au diesel marin dans les ports, [Harmony of the Seas] pollue encore autant que 87.000 voitures’, calculait en 2016 un représentant de Shell lors d'une conférence à Rotterdam», rapportait le site Lesechos.fr dans un article le 5 septembre, article dans lequel il indiquait également que la colère des riverains, «exaspérés par les panaches de fumées noires émis par les grands navires», montait à Marseille et à Nice.

«Après avoir longtemps tergiversé, l’Organisation maritime internationale (OMI), le gendarme des mers, a finalement décidé qu’à partir de 2020, aucun navire ne devrait utiliser un carburant contenant plus de 0,5 % de soufre, ce qui restera encore 500 fois plus élevé que les diesels automobiles. Mais les navires disposent de plusieurs réservoirs et embarquent différents types de carburants. Difficile donc de les contrôler. D’ailleurs, France Nature Environnement dénonce des contrôles bien trop rares et des sanctions souvent peu dissuasives, » rappelle Dorothée Moisan.

Harmony of the Seas comme beaucoup d'autres gros paquebots croisent en hiver dans la Caraïbe et font escale à Philipsburg. En 2014 et 2016, le port de Sint Maarten a accueilli 692 et 683 navires. Au vu des enjeux économiques localement et avec déjà d'autres priorités en termes environnementaux (décharge), il apparait peu plausible que le gouvernement hollandais installe des contrôles et des sanctions.

(Photo d'illustration).

Estelle Gasnet
2 commentaires

Commentaires

Dommage que cette étude ne porte que sur les paquebots de hautes croisières, car il serait intéressant de savoir à quels taux de pollution seront soumis les habitants de Marigot si le projet de la COM de Saint MArtin de créer un port d'accueil pour la moyenne croisière était réalisé

Entre les navires de croisière, et la fumée des ordures qui brulent a Phillipsburg, ils sont gâtés a Sint Maarten, mais peut être que les fumées avec leurs particules ne traversent pas la frontière (com meTchernobyl)