18.10.2019

Entretien avec le DG de la Caisse des Dépôts : "Nous sommes à l’écoute des projets qui nous sont présentés à Saint-Martin"

Dans un entretien Eric Lombard, le directeur général de la Caisse des Dépôts, qui est en déplacement aux Antilles-Guyane, rappelle le rôle et l'implication de la CDC à Saint-Martin.

La Caisse des Dépôts est un partenaire privilégié des collectivités. Aujourd’hui, comment est-elle impliquée à Saint-Martin ?

Tout d’abord, je voudrais rappeler que la Caisse des Dépôts gère l’épargne des Français (le Livret A) et l’investit dans des projets d’intérêt général. Nous sommes au service des collectivités locales, du logement social et plus généralement, nous accompagnons les projets des élus. Ici, la Caisse des Dépôts, via la Banque des Territoires, est ainsi un partenaire de longue date de la collectivité et du territoire. Nous avons participé à des missions d’ingénierie auprès de la COM dans les premiers mois après le passage de l’ouragan Irma. Nous avons également financé la mise en place d’un fonds de prêt d’honneur porté par Initiative Saint-Martin pour reconstituer le fonds de roulement des petites entreprises durement touchées par les conséquences économiques d’Irma.

Comparativement aux opérations menées en Guadeloupe, Martinique et Guyane, la CDC reste très peu impliquée sur le territoire de Saint-Martin. Pour quelles raisons n’est-elle pas plus sollicitée ?

Elle est sollicitée, nous sommes d’ailleurs investisseurs en fonds propre sur le portage immobilier du magasin Grand-Maison qui a ouvert ses portes en début d’année. Ma venue est aussi l’occasion de mieux faire connaître nos possibilités d’accompagnement au développement de l’île.

A Saint-Martin, le retard accumulé en termes d’infrastructures est énorme, les besoins en financement sont tout aussi importants. L’AFD avait indiqué à la COM qu’elle était disposée à lui prêter de l’argent mais sa capacité d’endettement était telle qu’elle ne pouvait lui accorder plus de 20 millions d’euros. La CDC est-elle, elle, en mesure d’offrir un accompagnement plus grand ?

Nous nous positionnons en financement de projets auprès de la COM, avec des durées de financement longues, de 25 à 40 ans, en complémentarité de l’AFD ou des banques privées. Nous regardons donc projet par projet, et nous savons qu’ils sont nombreux à Saint-Martin, notamment sur la reconstruction des écoles et collèges par exemple.

Nous sommes un partenaire de long terme de la collectivité dans une approche pluriannuelle de leurs investissements.

En 2018, les dirigeants de la CDC Antilles-Guyane faisaient part de leur déception face au manque de projets en Martinique. Ils rappelaient que la CDC était «un investisseur» et qu’elle était capable d’investir «en fonds propres», bref qu’elle attendait qu’on lui présente des projets notamment dans le tourisme, l’innovation (fonds pour les entreprises). Quels types de projets aimeriez-vous voir émerger et soutenir à Saint-Martin ?

Après un premier projet immobilier (Grand-Maison), nous travaillons aujourd’hui sur la possibilité d’un projet d’enfouissement des fourreaux pour les infrastructures numériques. Nous sommes également très attentifs aux projets touristiques, moteur économique de Saint-Martin. Là encore, nous regardons projet par projet.

La CDC soutient également des projets privés. On se souvient qu’au début des années 2010, elle avait acté sa présence dans le projet de reprise de la Belle Créole via des prises de participation dans le capital. Selon vous, pour quelles raisons ce type de projet n’aboutit pas ? Etes-vous tout de même disposé à continuer à vouloir accompagner des reprises d’hôtels sur Saint-Martin ou autres projets privés ?

L’aboutissement des projets dépend d’abord des porteurs de projets et de leur capacité à proposer une offre en phase avec son marché, et leur capacité à mobiliser des partenaires. Nous sommes à l’écoute des projets qui nous sont présentés. C’est d’ailleurs dans ce cadre que nous signerons d’ici la fin de l’année avec la COM, Atout-France et l’Etat une convention dans le cadre du dispositif France Tourisme Ingénierie cofinancé par la Banque des Territoires, afin d’aider à la maturation de projets touristiques identifiés collectivement.

La CDC est aussi actionnaire de la Société d’économie mixte de Saint-Martin, la Semsamar. Fin 2018, au moment du changement de sa gouvernance, certains élus y ont vu un moyen détourné de la Caisse des dépôts via CDC Habitat de (re)prendre la main sur la Sem en citant les prises de participation majoritaires dans la SIG, Sikoa, etc. «La CDC menace de rupture de paiement, fait pression sur l’actionnaire principal, demande une évolution de gouvernance, etc. », ont-ils commenté à l’époque. Il y a quelques jours, CDC Habitat est devenu actionnaire principal de la Semader en augmentant son capital. Pouvez-vous préciser l’ambition de la CDC au sein de la Semsamar ?

CDC Habitat, filiale de la Banque des territoires, a repris les participations de l’Etat et de l’AFD dans les SIDOM (SIG, SIGUY et SIMAR) ; la Sikoa appartient quant à elle au groupe Action Logement. Pour la Semsamar, comme pour la Smag en Guadeloupe, c’est pour nous une participation minoritaire. En effet, la CDC a joué un rôle important dans l’essor des sociétés d’économie mixte, rôle que nous souhaitons conserver en appui des collectivités actionnaires. Nous veillons à ce que ces sociétés aient les moyens d’assurer leurs missions au service de l’intérêt général.

Dernière question, vous serez le 19 octobre à Saint-Martin. Quel sera l’objet de votre déplacement ?

Je viens à Saint-Martin pour écouter les besoins du territoire, rencontrer les élus de la collectivité et les représentants de l’Etat, évaluer la reconstruction du parc social sur lequel nous avons fléché spécifiquement des prêts pour les bailleurs sociaux. Ces prêts permettront de répondre au défi de la réhabilitation après le passage de l’ouragan Irma, et de redonner au plus vite des conditions décentes de vie aux habitants de Saint-Martin.

Estelle Gasnet
3 commentaires

Commentaires

La CDC est une institution financière sérieuse qui gère quelque 180 milliards d'euros ... Elle ne met pas les pieds n'importe où , et son DG actuel , ainsi que ses prédécesseurs connaissant très bien les besoins en financement de ST Martin mais ne s'y mouille pas trop , sachant très bien de quelle façon la SEMSAMAR notamment a "truandé" l'institution par l'intermédiaire des dirigeants verreux sui se sont succédés depuis l'origine.....

des actes

des actes pas du blabla.

vous avez des preuves donnez les donc. "Chevalier blanc" est toujours mieux que "languedepute"

Vous ne suivez pas les actualités judiciaires et le procès en cours contre les anciens dirigeants.....la justice est lente mais tenace, tenez vois informé Anonyme....