26.07.2017

Que deviennent nos déchets ?

Depuis 2006 Verde SXM assure la gestion de l'ensemble des déchets de la partie française. Sur les 37 000 tonnes de déchets par an, 17 000 sont des ordures ménagères, 4000 des déchets végétaux et le reste est à trier.

En 2016, la COM a installé 107 bornes de tri sélectif, ce qui porte à 177 le nombre total de postes d'apport volontaire pour déchets recyclables sur le territoire – sans compter les 62 bacs mis à la disposition des établissements scolaires. Malgré ceci, nombreux sont encore les habitants de Saint-Martin qui ne se plient pas au geste citoyen que constitue le tri des déchets. Certains d’entre eux prétextent à tort que « cela ne sert à rien puisqu’ils sont tous enterrés sur l’île ».

Depuis 2006, l’entreprise Verde SXM exploite le site des Grandes Cayes et assure la gestion de l’ensemble des déchets de la partie française de l’île. « Comment c’était avant ? Je ne suis jamais allé en enfer mais ça doit y ressembler beaucoup. On roulait littéralement sur les braises ce qui nous obligeait à changer très régulièrement nos pneus » témoigne un transporteur qui a connu l’époque où la décharge consistait en un trou que l’on remplissait et où l’on brûlait le contenu des poubelles.

L’éco-site se divise aujourd’hui en deux parties principales. L’une, certainement la plus impressionnante, est consacrée à l'ISDND (Installation de Stockage des Déchets Non Dangereux). Elle appartient à la COM, et est exploitée par Verde SXM sur les vestiges de l’ancienne décharge. Elle a l’allure d’une montagne de terre de 37 mètres de hauteur que l’on a creusée puis reconstituée progressivement en y enfouissant les déchets dits « ultimes » contenus dans ce que l’on appelle communément la poubelle noire.

 

Si les bassins situés à ses pieds filtrent les eaux pluviales qui ruissellent à travers la décharge afin qu’elles ne polluent pas les sols et la mer, et que le protocole d’enfouissement est très réglementé (des couches d’argile spéciale, de plastique et textile assurent l’étanchéité), il n’empêche que ces déchets-là mettront des années à se dégrader et constituent en soi, une pollution. Le site n’est pas extensible, et lorsqu’il n’y aura plus de place pour enfouir d’autres déchets, il faudra en trouver un autre. Pour ralentir l’inévitable et gagner de la place, Verde SXM a entrepris de trier autant que possible les déchets enfouis avant son arrivée. « Cela s’appelle le landfill mining. On sort tout ce qui est recyclable, c’est-à-dire 60 à 70% de ce qui est enfoui. Ainsi lorsqu’on enlève 10m3, on peut remettre 7m3 de poubelle neuve » explique Jean-Pierre Tey, le directeur. Un travail fastidieux qui ne peut pas être systématique ni se substituer au tri préalable des déchets ménagers. En d’autres termes, la grande majorité du contenu des poubelles noires est enterré pour toujours, d’où l’intérêt d’éviter d’y ajouter les déchets qui peuvent être recyclés.

L’autre partie de l’éco-site, consacrée aux déchets recyclables, appartient à Verde SXM. Il s’agit notamment des déchets que l’on jette dans les poubelles jaunes (papier, carton, plastique, métal) et vertes (verre). Les briques alimentaires ne se recyclent pas, ainsi que les pots de yaourt, les sacs en plastique, les couches, les barquettes, les pots en terre ou la vaisselle. Les déchets recyclables arrivent en vrac à l’éco-site où ils sont triés.

Une fois compressé, le plastique des emballages ménagers est envoyé en Guadeloupe où la société Ecodec le transforme en billes qui sont vendues comme matière première pour refaire du plastique sur le marché mondial. Elle transforme également le plastique en dalles de sol.

Le verre est transformé directement sur l’éco-sites à l’aide d’une broyeuse en graviers et sables de verre, propres et non coupants commercialisés sous la marque Swaliglass. Ces nouvelles matières sont ensuite utilisées en interne sur le site pour la fabrication des ouvrages en béton ou pour la propreté des voies de déplacements. Elles servent aussi aux entreprises de l’île pour le remplissage des tranchées électriques ou comme élément décoratif dans les massifs floraux.

Les déchets métalliques sont compactés à l’aide d’une presse à ferraille puis stockés sur l’éco-site. Ils deviennent alors des matières premières secondaires pour l’industrie métallurgique. Après traitement dans des installations spécialisées en Europe, ils sont triés et expédiés vers les marchés internationaux de reprise de ferrailles.

C’est le cas également du carton qui, une fois passé sous la presse afin d’en diminuer le volume, comme pour le plastique, est stocké puis expédié sur le marché mondial pour être valorisé.

Les câbles sont collectés et expédiés chez un recycleur métropolitain où sont séparés les métaux (cuivre, aluminium) des gaines.

L’électroménager, ou D3E (Déchets d’équipement électrique et électronique) que les particuliers déposent à la déchetterie, sur le bord des routes ou directement à la décharge sont stockés avant de partir chez AER (centre de recyclage en Guadeloupe) dans la filière ECOLOGIC. C’est là que sont séparés les 55% de métaux précieux, 26% de plastique, 13% de déchets dangereux qui sont alors traités, et finalement 6% qui ne sont pas recyclés. Les autres D3E, plus ou moins détruits, sont valorisés avec les ferrailles et expédiés vers les marchés internationaux de reprise de ferrailles.

A l’instar du verre, les déchets végétaux (dont les sargasses) sont valorisés directement à l’éco-site. Ils sont broyés puis humidifiés dans la fosse contenant les déchets des stations d’épuration, des fosses septiques et des bacs dégraisseurs puis transformés en compost. Ce compost est ensuite commercialisé sous sa forme brute avec la marque Swaligumus, et mélangé à la terre sous la marque Swaligosol. Les palettes non traitées sont également broyées puis commercialisés sous la marque Swaligarden et utilisées comme paillage pour limiter l’évaporation et décorer au pied des plantes et des arbres.

Les huiles usagées sont collectées gratuitement chez les différents garagistes par JTS (José Trucking Service - 0690324177). Une fois ramenées sur l’éco-site elles sont stockées dans une grande citerne puis envoyées chaque mois dans un tanktener (cuve sur roues) près du Havre chez Osilub. Une fois traitées ces huiles redeviennent de l’huile, et lorsqu’elles sont trop sales, elles servent à fabriquer de l’énergie.

Piles et batteries, ampoules et néons sont stockés puis envoyés en France métropolitaine respectivement chez Screlec et Récyclum. L’éco-site est également point de collecte des meubles pour Valdelia.

Les VHU (Véhicules Hors d'Usage), plus couramment appelés « carcasses » sont pris en charge dans un atelier situé sur le site. Sont d’abord enlevés les airbags, puis les câbles, et enfin toutes les pièces de moteur qui sont encore en bon état. Ces pièces sont ensuite étiquetées puis stockées comme dans une casse afin d’être revendues aux particuliers et entreprises. Une fois démontés et dépollués, les véhicules dont il ne reste que la ferraille sont compressés jusqu’à avoir la taille d’une machine à laver puis envoyées avec le reste de la ferraille par containers sur le marché mondial.

 

Fanny Fontan
3 commentaires

Commentaires

Merci à tous ceux qui travaillent à rendre notre île plus propre. Sans eux, elle serait devenue un immense dépotoir

BRAVO verde sxm !!!!! pour le travail accompli et que les ronchoneurs lise l'article j'espere qu' apres l'avoir lu il critiqueront moins la com et l'eco site

Du beau travail fait avec courage par BFW !