18.04.2016

Le marché des huiles usagées

Bien avant l'arrivée de Verde, José Duzanson savait déjà valoriser : il ramassait l'aluminium et le cuivre avec sa mère pour le revendre. Aujourd'hui chef d'équipe et conducteur d'engins sur le site de Grandes Cayes, il a monté son entreprise (JTS) pour récolter les huiles de moteur usagées.

Comment avez-vous eu l’idée de créer votre entreprise ?

L’idée est venue de mes patrons Patrick Villemin et Jean-Pierre Tey. Quand ils ont eu le marché de collecte des huiles usagées ils m'ont proposé de me lancer comme entrepreneur. J’ai réfléchi et j’ai ouvert ma boîte en juin 2015.

Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?

Je n’ai pas vraiment rencontré de difficultés. Je suis passé par Initiatives Saint-Martin Active, mais comme le financement a pris plus de temps que je ne le pensais, j’ai dû faire avec mes économies pour me procurer le camion, le système de pompage appartenant à Verde Sxm.

En quoi consiste concrètement votre métier ? Comment vous vous organisez ? Qui sont vos clients ?

Mon entreprise a deux activités : la collecte des huiles usagées et le lavage à haute pression (eau chaude ou froide). Je lave les engins de travaux, les murs, les façades. Et j’ai aussi l’opportunité de laver des cuisines en fin de saison. En général je fais le lavage le week-end et les jours fériés, quand les autres ne travaillent pas. J’ai par exemple nettoyé la cité scolaire (dernier nettoyage) entre le premier et le 3 janvier.

Pour les huiles usagées, la plupart de mes clients sont des garagistes (voitures ou bateaux). Certains nécessitent deux ou trois passages par mois, pour récupérer 1000 litres à chaque fois. Je m’organise pour faire une tournée chaque fin de mois. Quand de nouveaux clients m’appellent, je passe faire la collecte une première fois puis je les cale dans ma tournée. La collecte est gratuite pour les clients. Verde Sxm me paie à la tonne. Et l’ADEME paie Verde. Une fois que j’ai collecté l’huile, je délivre un bordereau « suivi des déchets » à présenter en cas de contrôle.

Comment décririez-vous l’évolution de votre activité ? Son potentiel de développement ?

Je commence à avoir de plus en plus de travail. Mon chiffre d’affaire a doublé. Je réfléchis aussi à m’occuper de la récupération des huiles de friture usagées. Je cherche un terrain pour pouvoir les stocker afin d’attendre d’en avoir assez pour les expédier. Le problème est qu'il faut payer pour les faire traiter en métropole. Et je ne sais pas si les clients ici sont prêts à payer. Je suis en train de me renseigner.

Quelles sont les difficultés de votre métier ?

Parfois certains garagistes qui ont leur cuve à l’extérieur l’ont laissée ouverte ce qui fait qu’il y a de l’eau dedans. L’eau dévalorise l’huile. Verde est facturé par l’Ademe donc il perd des sous et moi aussi. J’essaie de leur expliquer mais ils ne font toujours pas le geste. Certains aussi ne me laissent pas d’accès. J’ai un tuyau de 20 pieds, et y’a des endroits où il faut que je déplace la cuve alors que je suis pas censé le faire.

Les avantages ?

Ce qui est bien c’est qu’on a beaucoup de temps pour soi une fois qu’on s‘organise. En gros, il faut une semaine et demi par mois pour faire le tour de l’île si on va à fond. On va peut-être travailler plus de 7 heures par jour mais après on est tranquille.

Faut-il suivre une formation ?

J’ai dû effectuer une formation « Matières dangereuses ». L’auto-école d’Hope Estate n’avait pas assez de candidats alors j’ai dû aller en Guadeloupe. Elle dure deux semaines et coûte 18OO €. J’ai également un certificat de transporteur (la COM a mis en place une formation sur cinq jours pour 300 €) et un permis poids-lourds.

Conseilleriez-vous aux jeunes de se lancer dans l’économie verte ?

Bien sûr ! D’une part parce qu’il y a de l’argent à se faire et que Saint-Martin doit développer cette filière. Et d’autre part le recyclage est important pour garder l’île propre. Il y a du travail, il ne faut pas se décourager et rester motivé. J’ai toujours beaucoup travaillé. Ma devise ? Avoir un objectif par an et ne pas s'arrêter avant de l'avoir accompli. 

 

 

Crédits photos : Verde SXM  (de gauche à droite : José DUZANSON Chef d’équipe, Marc LAGUERRE Agent d’accueil, Jean-Pierre TEY Directeur d’exploitation)

 

 

Fanny Fontan