22.01.2019

Le ministre de la Culture veut que des sujets sur les outre-mer soient diffusés aux JT de France 2

Le ministre de la Culture a été auditionné par la commission de la culture du Sénat et la délégation sénatoriale aux outre-mer le 17 janvier sur le thème de la «représentation et la visibilité des outre-mer dans l’audiovisuel public».

«Il n’est pas normal que les journaux télévisés n’évoquent Mayotte, la Nouvelle-Calédonie ou la Réunion par exemple, que quand ces territoires vont mal», estime Franck Riester. Le ministre de la Culture, considérant que les téléspectateurs ont besoin de s’identifier à un personnage en regardant une série télé, reconnaît que certains Français puissent se sentir «invisibles, délaissés» dans les programmes car ils sont oubliés «d’être représentés» ; les habitants des outre-mer étant «les premiers concernés». Aussi veut-il poursuivre la réforme de l’audiovisuel public pour offrir une meilleure visibilité des territoires ultramarins sur les chaînes.

«Pour que l’audiovisuel parle à tous, il faut que l’audiovisuel public parle de tous et qu’il parle de tous sur des chaînes regardées par tous», admet celui pour qui le groupe France Télévisions n’a fait, jusqu’alors, que «cantonner l’archipel de France à la périphérie au lieu de le placer au centre des programmes que les Français regardent ».

La chaîne France Ô qui doit cesser de diffuser en 2020, n’est «pas à la hauteur de l’enjeu». «Elle a servi d’alibi à l’absence de programmes dédiés aux outre-mer et à leurs habitants sur les autres chaînes du service public», affirme le ministre.

Ce dernier veut notamment un meilleur accès aux chaînes 1ère via notamment une plate-forme numérique ainsi qu’une augmentation de l’enveloppe de 10 millions d’euros allouée aux productions ultramarines. Il veut aussi que des sujets d’actualité concernant les outre-mer soient intégrés aux JT de France 2. Antoine Karam, sénateur guyanais le confirme : «lorsqu’à Paris, dans la région parisienne, on a écrasé un chien, on en parle. Mais lorsque quinze maisons brûlent à Saint-Laurent du Maroni, ville de 60 000 habitants à la frontière avec le Surinam, lorsque 100 personnes sont dans la rue, on en parle pas.»

Aux sénateurs Franck Riester assure que ces engagements soient inscrits dans le cahier des charges de France Télévisions. Ce à quoi Maurice Antiste, sénateur de la Martinique, a répondu que cette volonté de «renforcer les liens entre les rédactions de France 2, France 3 et RFO de façon à amplifier la diffusion en métropole d’images en provenance d’outre-mer» était déjà inscrite dans les précédents cahier des charges et contrats d’objectifs et de moyens de France Télévisions, notamment ceux de 2011. Mais force est de constater qu’elle n’a jamais été respectée. Et de s’interroger : «faut-il Irma pour que l’hexagone découvre que Saint-Martin et Saint-Barthélemy sont des îles françaises ? Faut-il qu’un célèbre chanteur décide de se faire inhumer dans les Antilles pour que nous décidons d’envoyer une carte dans un journal télévisé ? Faut-il que Mayotte subisse des troubles importants durant des semaines pour avoir 30 secondes au 20 heures ?»

Estelle Gasnet