Echanger les livres pour tourner la page

Apporter un livre, et repartir avec un autre. Tel est le principe du Point échange livres créé par Elise Terrasson, gérante de La boîte à Thé SXM à Marigot.

Une idée qui ne date pas vraiment d'hier puisque celle qu’on appelle « Lou » avait lancé en août 2016 le groupe sur Facebook intitulé « Les chasseurs de livres SXM » dont le concept était que chacun abandonne des livres et indique aux autres où les trouver. « Les gens étaient réceptifs sauf qu’ils me donnaient les livres pour que je les abandonne » se souvient-elle dans un mélange d’amusement et de déception.

Elle réfléchit à fabriquer une boîte à livres comme il en fleurit un peu partout dans l’Hexagone. Mais elle n’est pas sûre que les ouvrages déposés y soient respectés. Alors lorsqu’elle ouvre sa boutique de thés en mars 2007, qui comprend aussi un salon de dégustation, elle installe une petite étagère à l’intérieur avec des livres pour enfants à disposition. « Je souhaitais redonner le goût de la lecture aux enfants. Et ça a d’ailleurs très bien marché pour ma fille. Parce que ce ne sont jamais les mêmes livres comme le stock change tout le temps » souligne-t-elle.

Puis après Irma, et la réouverture de son magasin fin octobre, le point échange livres prend une autre dimension, et la bibliothèque pour adultes s’étoffe peu à peu. L’accès à internet devenu plus rare incite à la lecture et la médiathèque a été détruite par l'ouragan. « On me demandait souvent quand elle allait rouvrir » rapporte Elise Terrasson qui décide alors d’acheter quelques étagères en plus pour consacrer tout un coin de sa boutique aux livres. Suite à un encart publié dans le Fax Info en janvier dernier, et dans lequel elle fait un appel aux dons pour le point échange livres, beaucoup de personnes viennent lui en déposer. « Tout le monde donne, sans aucune différence de couleur ou de quartier. C’est un vrai melting pot, à l'image de l’île, et c’était le but » fait-elle remarquer. Et depuis ça n’arrête pas. Les livres commencent à envahir la boutique. Si bien qu’elle n’en accepte désormais que si les donateurs repartent avec d’autres livres. Il y en a pour tous les goûts : romans policiers, classiques, contemporains, albums, pour adultes en enfants, en français, en anglais, en espagnol, en hollandais… et même des dictionnaires et des classiques de l’école. Elle invite d’ailleurs les gens qui n’ont pas les moyens à venir en chercher.

Entre cinq et quinze personnes par jour entrent dans la boutique pour prendre et donner un livre. S’il n’y a aucune obligation de consommation, certains viennent se poser sur le canapé en dégustant un thé chaud ou glacé pour bouquiner le temps d’une pause goûter ou déjeuner. « Il y a aussi beaucoup de personnes qui vivent ou travaillent sur des bateaux parce que les points échange livres dans les marinas n’existent plus » précise celle qui se ravit d’avoir atteint son objectif : réunir les gens autour de la lecture. Youyou, vendeuse à quelques mètres de là, vient une fois par mois faire son stock de livres. « J’en prends trois ou quatre et j’en ramène un ou deux. Mais je n’ose plus en ramener parce qu’elle en a déjà trop » témoigne-t-elle. « C’est bien de pouvoir partager une belle histoire et ça me plaît qu’on ne jette pas les livres » ajoute cette grande amatrice de policiers et autres oeuvres à suspense.

« J’aimerais qu’il y ait des points d’échange dans tous les quartiers » avance Elise Terrasson qui se dit prête à donner des livres aux volontaires et à leur faire de la pub sur sa page Facebook.