23.07.2018

Fête de Grand Case : hommage à Victor Schoelcher sur fond de reconstruction

En plus de rendre hommage au célèbre abolitionniste, samedi 21 juillet, les officiels ont, dans leur discours, insisté sur la reconstruction de la capitale gastronomique de la Caraïbe.

La traditionnelle fête de Grand Case, coïncide avec la Saint Victor et commémore Victor Schoelcher (né le 22 juillet 1804), homme politique qui a œuvré pour l'abolition de l'esclavage.

Après avoir assisté à une cérémonie oecuménique à l’église catholique Ste Marie Star of the Sea, samedi 21 juillet au matin, élus et officiels ont remonté le boulevard de Grand Case. Ils ont ensuite assisté à la parade des majorettes et des danseuses du groupe folklorique, suivies par les 90 scouts et guides de France.

Puis, sous une tente dressée pour l’occasion sur le terrain de sports, Patricia Chance Duzant, représentante du conseil de quartier, Jean-Raymond Benjamin, conseiller territorial, Daniel Gibbs, président de la COM, le sénateur Guillaume Arnell, la députée Claire Guion-Firmin, et la préfète Sylvie Feucher se sont succédé au pupitre pour rendre hommage à l’abolitionniste et célébrer Grand Case et ses traditions.

Patricia Chance Duzant a profité de sa prise de parole en public pour rappeler que l’année dernière, lors de la même cérémonie, elle avait alerté les autorités et déclaré que Saint-Martin était « en péril » car « rien n’avait été fait en préparation de la saison cyclonique » et que « personne ne [l]’avait écoutée ». Elle a par ailleurs marqué clairement son désaccord avec la fusion des quartiers 1 et 2 (de Chevrise à Friar’s Bay) dans la réorganisation des conseils de quartier et considéré, sans mâcher ses mots : « on n’a pas la liberté d’expression », « vous êtes en train de nous mettre dans un état d’esclavage ».

Puis est venu le tour de Jean-Raymond Benjamin qui a déclaré ne pas avoir préparé de discours pour être le plus honnête possible et simplement appelé à la patience de la population quant à la reconstruction parce que « it’ gonna take a while ».

Daniel Gibbs a brièvement rebondi sur l’intervention de Patricia Chance Duzant en ironisant : « on l’empêche soi-disant de parler mais nous l’autorisons à parler pour cette cérémonie ». Il a surtout voulu « dissiper les malentendus » concernant le boulevard de Grand Case creusé pour enfouir les câbles EDF, et annoncé que les schémas directeurs pour l’installation de la fibre ont été fournis par les opérateurs et que les travaux débuteront ce mois-ci. Il s’est engagé au revêtement temporaire de la voie pour la prochaine saison touristique qui sera ensuite recreusée pour rénover le réseau de distribution d’eau et d’assainissement au printemps 2019 « On ne peut enterrer le sec et le mouillé en même temps » a –t-il expliqué.

Le président de la Collectivité a rappelé l’un des objectifs de la journée : « c’est l’occasion de respecter notre devoir de mémoire envers l’esprit de Victor Schoelcher et celui d’Auguste-François Perrinon (député abolitionniste mort à Saint-Martin en 1861, ndlr) ». Et que « la fête de Grand Case est aussi celle du village et de ses traditions ».

Guillaume Arnell, a lui aussi rendu hommage aux abolitionnistes et axé son discours sur l’effort de reconstruction, et notamment de Grand Case, cette « capitale gastronomique qui faisait notre fierté » : « nous devons retrousser nos manches tous ensemble avec pour seul objectif la reconstruction. Nous serons accompagnés par l’Etat. La COM a un rôle majeur et devra assumer toutes ses compétences. L’Europe est notre partenaire. Mais nous citoyens aussi. La musique ne sera belle qu’à la condition que chacun joue à la lettre sa partition ». Et assuré : « le meilleur est encore à venir ».

Claire Guion-Firmin a félicité les efforts des restaurateurs et socio-professionnels de Grand Case pour redonner vie au village. Et ajouté : « la saison touristique 2018-2019 sera certainement compromise mais ne perdons pas espoir ».

Sylvie Feucher a constaté, malgré son arrivée récente, que « les Saint-Martinois aiment les traditions qu’ils associent à des moments festifs de convivialité et de partage ». Elle considère que ce sont « ces rencontres humaines associées à une nature préservée et respectée qui ramèneront les touristes ». Elle a par ailleurs célébré l’œuvre de Victor Schoelcher, « un homme qui a contribué à donner un sens à la devise de la République française : liberté, égalité, fraternité ». Et confié que si elle pouvait elle y ajouterait le terme de solidarité. « Saint-Martin a besoin de notre solidarité au quotidien » a-t-elle avancé et invité à « enlever sur chaque terrain public et privé les restes du cyclone ».

Les festivités et animations musicales se sont poursuivies tout au long de l’après-midi et de la soirée.

 

 

Fanny Fontan