20.04.2018

Ils envoyaient de la cocaïne vers l'Australie par colis postal

Deux hommes ont été condamnés à 250 000 euros et des peines de prison pour avoir détenu et exporté de la cocaïne.

Lors d’un contrôle à La Poste de Concordia le 30 septembre 2013, les agents de la douanes découvrent neuf sachets de cocaïne pour un poids total de plus d’un kilo à l’intérieur d’un colis contenant un autocuiseur à destination de l’Australie.

Après avoir exploité les images de la vidéosurveillance, les gendarmes parviennent à identifier la personne qui a posté le colis quelques jours plus tôt.

L'individu est interpellé le 14 octobre 2013 à La Poste de Quartier d’Orléans alors qu’il s’apprête à envoyer un autre colis vers l’Australie, contenant cette fois 730 g de cocaïne.

Placé en garde à vue, R.G, né en 1972 à Sainte-Lucie, indique aux enquêteurs qu’un certain Joseph lui a demandé de poster le colis et l’a déposé en voiture devant La Poste. Il reconnaît avoir envoyé six colis, soit environ sept kilos, depuis les différents bureaux postaux de Saint-Martin, toujours sous les ordres de Joseph. Mais assure ne pas avoir participé à la confection desdits colis ni à la rédaction des bordereaux. Il dit aussi ignorer leur contenu et n’avoir pas reçu de contrepartie financière pour le service rendu. Devant le juge d’instruction R.G maintient sa version initiale. Il sera placé en détention provisoire pendant quatre mois puis sous contrôle judiciaire. 

L’enquête révélera que celui qui se fait appeler Joseph est en réalité N.K, né en 1974 au Nigéria. Il est interpellé le 24 octobre 2013 et placé en garde à vue. Il reconnaît avoir déposé R.G à La Poste le 14 octobre mais dit que c’est la seule fois. Et explique avoir vite quitté les lieux pour se rendre à un rendez-vous à l’hôpital. Quant aux différents effets trouvés chez lui (2300 dollars, deux billets d’avion, un ordinateur portable, deux téléphones portables, un carnet avec des numéros de téléphone et une carte Western Union), N.K déclare qu’ils appartiennent à son ami Augustin qu’il héberge depuis deux ans. Toutefois une expertise informatique permet de déceler une photo dans l’ordinateur de N.K correspondant à l’adresse figurant sur le colis que R.G s’apprêtait à poster avant d’être interpellé. Selon lui R.G voit régulièrement Augustin.

N.K nie d'abord être Joseph. Selon lui, R.G, qui l'a identifié lors de sa garde à vue, a confondu. Pourtant les enquêteurs trouvent des preuves que N.K se fait bien appeler Joseph. Pour expliquer les contradictions entre ses déclarations et les preuves recueillies par les enquêteurs, il dit au tribunal avoir paniqué. Mais il met tout le reste sur le dos d'Augustin. Cependant, excepté un passeport  (authentique) au nom d'Augustin retrouvé au domicile de N.K lors d'une perquisition, rien ne confirme qu'Augustin a séjourné à Saint-Martin, ni même qu’il existe. L'avocate de la défense reproche d'ailleurs aux enquêteurs de ne pas avoir vérifié l'existence d'Augustin en partie hollandaise. 

En revanche, après vérification, c’est bien l’écriture de N.K qui apparaît sur les bordereaux d’envoi des colis. L'enquête révèle en outre qu’il a envoyé plus de 8000 dollars vers le Nigeria en neuf fois, et a reçu au total 12 750 dollars en provenance de l’Australie.

R.G et N.K, placés sous contrôle judiciaire, étaient convoqués devant le tribunal correctionnel de Saint-Martin jeudi 19 avril. Seul N.K s’est présenté, malgré son état de santé : il est à moitié aveugle, attend une greffe de reins depuis dix ans et ne répond pas quand son avocate lui demande à la barre s’il est porteur du virus du SIDA. Il explique que sa mère vit dans la rue au Nigéria avec ses trois frères et sœurs depuis que son père a été assassiné « par les religieux », c’est pourquoi il lui envoie de l’argent. « Je vis en France depuis 2001 et n’ai jamais eu de problème avec la justice ni avec personne » avance-t-il à la barre.

Le représentant des douanes, qui se constituent partie civile, précise que la cocaïne saisie est particulièrement pure. Il estime le prix du kilogramme à 60 000 euros. Il demande au tribunal, au nom de l’administration douanière, de condamner R.G et N.K à une amende douanière solidaire de 250 000 euros.

Le vice-procureur veut bien croire que N.K et R.G sont seulement « des maillons de la chaîne » et non les commanditaires.  Après avoir précisé qu’ils ont tous deux des casiers vierges et que G.B a déjà effectué quatre mois de détention provisoire pour cette affaire, le parquet requiert, compte tenu des quantités saisies, 30 mois de prison dont la moitié avec sursis pour R.G et quatre ans de prison dont la moitié avec sursis pour N.K.

Le tribunal a finalement déclaré R.G et N.K coupables et les a condamnés respectivement à 30 mois de prison dont 15 avec sursis, et trois ans de prison dont deux avec sursis. Il a reçu la constitution de partie civile de la douane et condamne solidairement les deux prévenus à 250 000 euros d’amende.

 

(Photo d'illustration)

Fanny Fontan
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Commentaires

Ces personnes devraient être renvoyées dans leurs pays d origine et interdiction de revenir sur le territoire français

C'est clair